Cette fois, après Michael Mann et Jonathan Demme, c’est au tour du grand réalisateur Ridley Scott de s’attaquer à l’un des romans de Thomas Harris. En 2001 et juste après le monumental Gladiator, Ridley Scott nous offrait Hannibal, le quatrième roman de la tétralogie d’Harris qui est la suite du dérangeant Silence des Agneaux sorti en 1991. Alors, Hannibal est-il à la hauteur du dément Silence des Agneaux ? Et bien malheureusement, en plus d’être une suite décevante, Hannibal constitue l’un des films les moins réussit du maître Ridley Scott. Il y a dix ans, le docteur Hannibal Lecter s’échappait de sa cellule. Clarice Starling, agent du FBI sur la touche, n’a pas oublié sa rencontre avec lui, sa présence troublante et le son grave de sa voix hantent toujours ses nuits. Mason Verger, un ancien patient de Lecter, se souvient toujours de lui puisqu’il fut sa quatrième victime. Malgré le fait qu’il est été atrocement défiguré et mutilé, il a survécu et nourrit sa vengeance depuis plus de dix ans. Devenu extrêmement riche, il promet une récompense de trois millions de dollars pour quiconque le repérera. L’inspecteur Rinaldo Pazzi lui téléphone pour l’informer qu’Hannibal Lecter se trouve à Florence en Italie où il exerce la fonction de conservateur du musée de la ville. Et pour attirer ce dernier dans ses filets, Mason connaît un appât irrésistible pour Lecter : Clarice Starling. L’heure de la vengeance va peut-être sonner. En 2001, Ridley Scott venait de connaître le succès avec son chef-d’œuvre Gladiator, sorti durant l’été 2000, mais n’avait pas encore été récompensé lors des Oscars qui se sont tenus en mars 2001. Et donc, le réalisateur britannique avait eu le temps, après le tournage de Gladiator qui s’était terminé en mai 1999, de mettre en boîte un autre film qui était sans doute très attendu à l’époque : Hannibal, la suite du Silence des Agneaux, ce captivant et perturbant thriller dont on ne cesse de faire l’éloge encore aujourd’hui. C’est vrai qu’il y avait de quoi saliver devant cet ambitieux projet : Ridley Scott, réalisateur de Blade Runner, qui adapte Hannibal de Thomas Harris, la suite du Silence des Agneaux. Mais le problème c’est que cette suite du film culte de Jonathan Demme n’est pas la réussite attendue. Une certaine déception domine sur le film de Ridley Scott, et surtout qu’il n’arrive pas à se dresser aux côtés de l’ambiance et du style du Silence des Agneaux, jusqu’à présent inégalé dans le genre du thriller. Il y avait du potentiel sur ce film, mais même si la réalisation efficace de Ridley Scott en fait un thriller de bonne facture qui tient bien la route avec un très bon montage, le film reste très classique dans la forme. Il n’y a en effet plus une seule sensation de suspense et d’angoisse que nous avions dans Le Silence des Agneaux, cette ambiance poisseuse qui fait que vous avez les mains moites a totalement disparue. Nous avons avec Hannibal un thriller classique où le scénario n’est pas autant fascinant que dans le film de Demme qui possédait une vraie dimension psychologique. Ici nous avons une banale histoire de vengeance personnelle, qui est finalement bâclée lors d’une scène assez violente et crade, celle avec les cochons et c’est juste affreux. De plus, le scénario ne s’arrête pas là bien évidemment car il y a toute la partie où Clarice traque notre dangereux psychopathe cannibale et nous avons toujours la relation entre les deux personnages qui aurait été encore plus passionnante dans ce film mais qui est malheureusement moins saisissante que dans Le Silence des Agneaux encore une fois. On est donc, avec Hannibal, bien loin du thriller psychologique de Jonathan Demme qui vous retournait l’esprit tellement il était dérangeant. On peut aussi sentir que le film manque d’un certain rythme ou d’une tension omniprésente pour bien accrocher car cet Hannibal reste assez lent, je rappelle que le film met en scène la traque d’un redoutable tueur en série très intelligent et donc dans le scénario, il devrait y avoir des rebondissements inattendus, des scènes de surprises qui nous prennent aux tripes, excusez de la blague hein, ou même beaucoup plus de scènes de dialogues tendues comme la scène finale avec le « dîner » entre Hannibal, Clarice et Paul, une scène choc à ne pas mettre entre les mains de tout le monde, on est ici à la limite du vomissement tant c’est horrible et gore. Ensuite ce qui avait été un coup de cœur sur Le Silence des Agneaux, est ici un peu décevant. Il s’agit en fait de la bande-originale composée, non pas par Howard Shore cette fois, mais par le grand et génial Hans Zimmer, compositeur des BO de la saga Pirates des Caraïbes, de la trilogie Dark Knight, de Gladiator, d’Inception,… bref la liste est longue et on pouvait s’attendre à quelque chose d’énorme ici. Mais non, pas un seul morceau musical qui vous accroche ou qui vous emporte comme dans le film de 1991. Dommage, mais cela prouve le manque d’ambiance dans ce film qui en aurait mérité une vraie. Ensuite les acteurs ne sont pas aussi charismatiques que dans Le Silence des Agneaux, hormis Anthony Hopkins qui est toujours aussi effrayant dans son personnage d’Hannibal Lecter dont on ne sait plus si il est gentil ou méchant à cause de sa relation avec Clarice. On voit bien que dans Hannibal il y a un gros manque de Jodie Foster, ici remplacée par Julianne Moore qui se débrouille bien mais qui n’atteint malheureusement pas le jeu fascinant de l’actrice oscarisée pour ce même rôle. Ensuite il y a l’excellent acteur qu’est Gary Oldman dans le rôle de Mason Verger, la seule victime d’Hannibal encore en vie, et l’acteur est juste méconnaissable dans ce personnage au visage meurtri par l’ex-psychiatre. Et le problème c’est qu’on ne reconnaît pas l’acteur et durant le film on commence un peu à être dégouté de la tête de ce personnage car elle est assez difficile à regarder et on imagine pas les souffrances qui l’a dû ressentir quand il s’est défiguré lui-même. Après dans les autres seconds rôles il y a Ray Liotta, qui finit le cerveau à l’air libre à la fin du film, immonde, et il y a Giancarlo Giannini dans le rôle de l’inspecteur Pazzi qui, de son côté, finit pendu avec les tripes à l’air libre. Si je révèle le devenir de certains personnages dans le film c’est volontaire car le long-métrage de Ridley Scott va un peu trop loin dans le gore, mais du gore écœurant à faire vomir. C’est un peu trop morbide et on dirait que Ridley Scott a voulu faire du gore pour du gore, ça fait un peu de la surenchère afin de mettre en avant le côté horrifique de ce thriller. On est pas dans The Walking Dead quand même ! Peut-être que c’est exactement comme ça dans le roman mais dans le film, surtout qu’il est pas trop réussit, et bien cela passe moins bien. D’accord Le Silence des Agneaux avait aussi son aspect morbide et sanglant, mais c’était moins extrême qu’ici, car là on voit carrément un type qui a le cerveau à l’air libre et qui vie encore ! Enfin voilà, Hannibal fut une certaine déception, surtout quand on sait que c’est Ridley Scott qui l’a réalisé, un des mes cinéastes préférés, qui livre ici l’un des ses moins bons films. Hannibal reste un thriller moyen car il est bien mené, on veut aller jusqu’à la fin pour savoir comment ça va finir mais c’est tout. On lui préféra Le Silence des Agneaux en terme d’ambiance, de suspense et de scénario.