Katyn

Un film assez académique mais cependant réussi sur ce passage très sombre de la Pologne pendant la guerre et sur la mémoire déjoué sous l'emprise communiste.

Wadja signe dans ce film sa plus belle réussite autobiographique. Fidèle à son style, il traite ce sujet d'une extrême violence avec un recul parfois mêlé d'ironie... d'ironie du sort. Loin des blockbusters américains qui privilégient le pathos pour traiter des sujets de guerre, Katyn est un film dont la sobriété nous rapproche au plus près de la vérité historique. La mise en scène est impeccable: fidèle au néo-réalisme dont le réalisateur est l'héritier, ainsi qu'emprunte du symbolisme nécessaire pour nous faire prendre conscience de la portée ontologique de ce drame. Comment ne pas encenser un réalisateur capable de réconcilier la mémoire nationale sur des sujets si épineux? Le peu de diffusion en France est une honte: ce n'est pas parce que le politiquement correct est de mise dans notre pays qu'il faut dévaloriser les oeuvres de ceux qui n'ont pas peur d'aimer leur nation. Nous devrions plutôt nous aussi nous rapprocher de la vérité historique et nous réjouir de ne pas avoir autant souffert.

Plus interessant par le coté factuel de ce massacre qui eut lieu en 1940 dans des bois a quelques centaines de Kms de Moscou en Russie, que par la forme académique de la réalisation, Wajda s'attache aux familles des victimes de ce charnier pour s'attaquer à la grande histoire. Bien moins émouvant que le bouleversant "kORCZAK" qu'il signa en 1991, "KATYN" possède tout de m^me la qualité de nous faire découvrir un épisode terrible de la seconde guerre mondiale, où Russes et Allemands se rejetèrent à tour de rôle la responsabilité. Il faut savoir que ce n'est qu'en 1990 que Gorbatchev demanda pardon au peuple polonais, et qu'en avril 2006, une plainte a été déposée devant la Cour européenne des Droits de l’Homme contre la Russie en vue de faire reconnaître le crime de Katyń comme crime contre l’humanité.