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    Final Fantasy XVI : un nouvel opus sous l'influence de Game of Thrones
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Sept ans après un Final Fantasy XV qui finira par bien se vendre mais qui a aussi pas mal divisé, le 16e chapitre de la licence phare de Square Enix entame une nouvelle mue avec un univers résolument sombre et adulte. Pour le meilleur ?

    Square Enix

    En 1987, l'éditeur Square Enix est au bord de la banqueroute. Jouant son va-tout, il s'offre un dernier tour de piste, un baroud d'honneur, une fantaisie finale qui donnera même son nom à ce jeu. Immense succès qui non seulement le sauvera, mais pérennisera aussi pour les nombreuses années futures une des plus plus puissantes licences vidéoludiques qui soit, largement entrée depuis au panthéon de la Pop Culture. Et ce ne sont pas les plus de 170 millions d'exemplaires vendus, tous jeux confondus -spin off compris- qui feront mentir cet immense succès.

    Sorti en 2016 et développé sous les auspices de Hajime Tabata, Final Fantasy XV fut marqué par un développement chaotique et dans la douleur. Vendu à 5 millions d'exemplaires dans le monde dans les 24h suivant son lancement, il atteindra même les 8,9 millions en octobre 2019. Après l'univers steampunk du sensationnel remake de Final Fantasy VII sorti en 2020 et celui plus "réaliste" de FF XV, place désormais à la High Fantasy avec un 16e opus qui a déboulé dans les linéaires le 22 juin.

    En voici la bande-annonce...

    Sous l'influence de Game of Thrones

    Son développement fut confié aux bons soins du Game Director Hiroshi Takai. Ce n'est pas n'importe qui : c'est lui qui a littéralement sauvé le MMORPG Final Fantasy XIV du désastre, en reprenant de fond en comble tout le développement le jeu, permettant au titre, in fine, de devenir un franc succès.

    L'équipe de développement a décidé de placer son récit dans un univers Medieval Fantasy adulte, puisant largement son inspiration dans Game of Thrones. "Au moment où nous avons commencé le développement du jeu, la saison 4 de Game of Thrones commençait à être diffusée" racontait le producteur Naoki Yoshida au site Game Informer.

    "Nous avons vu à quel point la série fonctionnait et était suivie par de plus en plus de monde, non seulement par les générations plus âgées, mais aussi par la jeune génération. Nous avons donc acheté le coffret Blu-Ray des saisons 1, 2, 3 et 4, et avons fait en sorte que tous les membres de l'équipe regarde la série, pour faire comprendre aux développeurs que c'est ce qui est à la mode dans le monde, c'est ce que les gens apprécient, et que c'est le genre de fantasy que les gens aiment".

    Square Enix

    Ce FF XVI se démarque effectivement des volets précédents par sa violence. Meurtres, trahisons et chantages seront au menu. De même que le sexe; encore que la chose soit traitée de manière très pudique; Japon oblige. On est très éloigné du traitement appliqué par CD Projekt Red à The Witcher. Ici, on lorgne plutôt vers le manga Seinen, à l'image d'un Berserk, si l'on doit prendre une comparaison d'univers proche.

    Le récit, qui déploie ses atours sur plus d'une quarantaine d'heures, se déroule sur un continent du nom de Valisthéa. Divisé en six royaumes, chacun d'eux possède un "cristal-mère", fournissant le peuple de Valisthéa en Ether, permettant de manipuler différentes formes de magie. Parmi celles-ci, on trouve des invocations nommées Primordiaux; des créatures colossales hébergées dans des corps de simples mortels baptisés "Emissaires".

    Square Enix

    Dévorés par l'ambition, le pouvoir et la soif de conquête, ces royaumes sont ravagés par des guerres sans fin qui se succèdent pour le contrôle de cette puissante ressource. Et, pour mieux ajouter au malheur du monde, un étrange mal, le fléau noir, se répand sur tout le continent, tuant toute forme de vie et stérilisant à jamais la terre.

    C'est sur cette toile de fond assurément apocalyptique que le joueur contrôle la destinée de Clive Rosfield, gardien de l'archiduché de Rosalia, durant trois périodes de sa vie : son adolescence, la vingtaine, et la trentaine.

    Des choix qui ne feront pas l'unanimité

    S'il y a bien une constante dans la licence que l'on ne peut pas lui retirer, c'est cette volonté, à chaque épisode, d'injecter du sang neuf et de prendre des risques, quitte à ne pas faire l'unanimité et même défriser les puristes. Exit les tentatives de monde ouvert de FF XV : le 16e revient sur des zones nettement plus resserrées.

    Pour être honnête, on a eu très peur durant les dix premières heures de jeu, avec cette tenace impression d'évoluer dans des zones tenant davantage de corridor. Pas ou très peu d'exploration aussi. Ca s'arrange par la suite lorsque le personnage possède une monture, avec laquelle il peut sillonner les étendues de Valisthéa.

    Ce FF XVI est aussi devenu un Action RPG; la dimension rôlistique étant réduite à sa plus simple expression dans la gestion de son inventaire : trois objets pouvant être portés en même temps et au choix, une ceinture, un bracelet et évidemment l'épée du personnage. Ces éléments seront bien entendu amenés à changer au fil de l'aventure, pouvant être fabriqués et devenir de plus en plus puissants. Mais on est très loin de la (relative) complexité passée.

    Square Enix

    Plus de pause tactique dans les combats, et cette bonne vieille barre ATB. Sous la direction de Ryota Suzuki, qui fut responsable des combats complètement fous du formidable Devil May Cry 5 chez Capcom, les affrontements dans Final Fantasy XVI sont en temps réel, ultra nerveux, même si la caméra fait parfois des siennes et que l'on a du mal à s'y retrouver dans la mêlée lorsque des grappes d'ennemis bien fournies déboulent. C'est clairement un des points forts du jeu.

    Cela dit, si Clive est régulièrement accompagné d'un ou deux personnages -chien compris, l'adorable Talgor- dans son périple, le joueur ne contrôlera jamais les autres personnages, qui se contenteront de lui prêter main forte dans les combats, de manière autonome. Il reste possible de contrôler le comportement du chien, mais, honnêtement, vu la frénésie des combats, on a tôt fait de le laisser s'énerver tout seul comme un grand sur les ennemis.

    Square Enix

    Mais il y a plus. En surcouche, les affrontements over the top entre Primordiaux qui arriveront à des moments clés de l'histoire, dans un croisement apocalyptique entre L'Attaque des Titans, Dragon Ball Z et Asura's Wrath, un jeu sorti en 2012 qui mettait en scène des affrontements dantesques menés par une divinité déchue et obsédée par la vengeance.

    Souvent spectaculairement mis en scènes, gratifiant par le sentiment de toute-puissance qu'ils procurent, ils restent toutefois parfois un peu trop long, à l'image de l'affrontement que vous aurez contre l'Emissaire de Titan, qui est cela dit clairement un des meilleurs personnages du jeu, très charismatique.

    Une écriture en dents de scie

    Qu'en est-il de l'histoire proprement dite ? Elle souffle le chaud et le froid, ou plutôt le tiède. L'aspect très Game of Thrones dans les rivalités entre les royaumes se révèle vraiment intéressant, au point d'ailleurs d'avoir eu la lumineuse idée de créer dans le jeu une chronographie.

    Sur simple pression du pavé tactile, toutes les informations sur les notions clés dans le jeu, les rivalités entre les grandes maisons et leur historique, les biographies des personnages, les conflits passés et en cours, etc... sont visibles d'un coup d'oeil. Une volonté d'être didactique fort bienvenue et très appréciée. On regrette toutefois que cette dimension soit évacuée au deux tiers du jeu, qui prend alors un virage narratif nettement plus orienté vers la magie.

    Square Enix

    Le récit souffre parfois d'une écriture naïve et maladroite. Il est très bavard aussi, au gré de ses nombreuses Cut Scenes. De quêtes secondaires parfois sans aucun intérêt, alors que d'autres donnent très clairement davantage d'épaisseur aux motivations et aspirations de ses personnages.

    Mais il parvient néanmoins à tisser une toile qui se révèle au bout du compte assez haletante, d'une vraie noirceur, pour s'achever dans un acte final aussi épique que très émouvant. Paradoxalement, malgré ses défauts, on s'est toujours surpris à ne pas vouloir lâcher la manette avant de connaître le dénouement de la destinée malade de Clive Rosfield. Final Fantasy XVI, un jeu certes perfectible, mais, in fine, très attachant.

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