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    Un film jugé "fasciste" à sa sortie ? Tarantino le recommande chaudement !
    Corentin Palanchini
    Du noir & blanc au Technicolor, du format 1:33 au 2:35, il a été initié au cinéma par Robert Mitchum, Bette Davis, Elizabeth Taylor, Henry Fonda, James Stewart, Katharine Hepburn... il se délecte de ces visages inoubliables, qu’il retrouve toujours avec bonheur.

    Très controversé à sa sortie au début des années 1970, ce classique du cinéma est complètement validé par Quentin Tarantino !

    Jugé "fasciste" par une partie de la critique à sa sortie en 1971 (aux USA) et 1972 (en France), le film L'Inspecteur Harry avec Clint Eastwood ne mérite pas ce qualificatif selon Quentin Tarantino. Le réalisateur cinéphile recommande même le film !

    L'Inspecteur Harry
    L'Inspecteur Harry
    Sortie : 16 février 1972 | 1h 42min
    De Don Siegel
    Avec Clint Eastwood, Andrew Robinson, Harry Guardino
    Spectateurs
    3,8
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    En guide d'introduction, Tarantino ne nie pas que le personnage de Harry Callahan est un policier brutal, qui dégaine son arme à la première infraction, et qui préfère parfois abattre le criminel plutôt que de le livrer à la justice :

    Warner Bros.

    "Le personnage de Harry Callahan est à la fois troublé et troublant", confie-t-il dans les pages de son livre Cinéma Spéculations. "(...) Le réalisateur a toujours placé ses spectateurs face à des personnages principaux qui nous attirent malgré leur nature et leurs actes troublants. Des protagonistes qu'il est difficile de soutenir, mais que l'on finit quand même, en derniers recours, par encourager."

    Tarantino remet ensuite le film dans son contexte, 1971, une époque où les tueurs en série sont traqués par des policiers qui ne possèdent alors aucune technique d'investigation appropriée à ce type de crimes, qui commencent à être mis en lumière depuis la fin des années 60 et notamment sur la glaçante affaire Charles Manson :

    Warner Bros.
    Quand on regarde le film aujourd'hui, on ne peut s'empêcher de se demander : 'où est la taskforce ? Où est le FBI ? (...) Où sont les profilers ?' Sans ces dispositifs que nous employons à présent face à ce type de crime, rien de ce que fait Harry ne semble injustifié.

    Quant aux accusations des critiques de cinéma de l'époque, percevant le film comme véhiculant une idéologie "fasciste", le réalisateur de Reservoir Dogs leur répond :

    "Y a-t-il quoi que ce soit dans ce que fait Harry dans le film qui coïncide de manière catégorique avec le fascisme ? Non. Quand il tire sur des braqueurs de banque noirs dans la scène du hot-dog, ils sont effectivement en train de s'échapper d'une banque (...) avec le magot et armés de fusils à pompe."

    Si L'Inspecteur Harry n'est pas un film raciste, ni tout à fait le film fasciste que les critiques de l'époque y ont vu, c'est un film réactionnaire. Agressivement réactionnaire (...), parfois implicitement, parfois explicitement. Parce que le public que le film cherchait à conquérir redoutait le choc du futur dans une société dont les changements rapides lui échappaient.

    "L'Inspecteur Harry a donné une voix à leurs peurs, leur a dit qu'ils avaient raison de ressentir ce qu'ils ressentaient, et leur a offert un héros muni d'un calibre .44 prêt à se battre pour eux."

    Warner Bros.

    Ce rôle impitoyable et réactionnaire de l'inspecteur Harry permettra à Clint Eastwood de devenir une véritable star que l'on reconnaît enfin capable de jouer autre chose que les pistoleros, et au réalisateur Don Siegel de mettre en scène deux très bons films : Tuez Charley Varrick!! et Le Dernier des géants.

    Quant à Harry, il vivre quatre nouvelles aventures tournées entre 1973 et 1988, toutes avec Clint Eastwood, avec devant la caméra Ted Post, James Fargo, Buddy Van Horn et l'acteur lui-même, pour Sudden Impact - Le retour de l'inspecteur Harry (1983).

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