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    Scorsese lui voue un véritable culte ! Découvrez l'oeuvre de cette "Wonder Woman du cinéma" injustement oubliée
    Vincent Formica
    Vincent Formica
    -Journaliste cinéma
    Bercé dès son plus jeune âge par le cinéma du Nouvel Hollywood, Vincent découvre très tôt les œuvres de Martin Scorsese, Coppola, De Palma ou Steven Spielberg. Grâce à ces parrains du cinéma, il va apprendre à aimer profondément le 7ème art, se forgeant une cinéphilie éclectique.

    Cette cinéaste a marqué l'industrie hollywoodienne de son empreinte. 4 oeuvres de la réalisatrice Ida Lupino ressortent en salles en version restaurée le 20 septembre.

    Le 20 septembre, Les Films du Camélia propose une rétrospective de 4 films réalisés par Ida Lupino, le tout en version restaurée ! Vous pourrez (re)découvrir Avant de t'aimer, Faire face, Le Voyage de la peur et Bigamie.

    Ce dernier est l'oeuvre préférée de sa cinéaste, d’une étonnante modernité, dans lequel elle joue aux côtés de Joan Fontaine. Le récit suit un couple sans enfant qui demande à adopter. Mais l’enquête préalable met à jour la vie secrète du mari.

    Pionnière du cinéma indépendant américain, Ida Lupino a notamment joué dans des longs-métrages de Raoul Walsh, Nicholas Ray, Robert Aldrich ou Fritz Lang, avant de devenir réalisatrice. Elle est parvenue à s'imposer en tant que cinéaste dans un milieu dirigé par des hommes à la fin des années 1940 et le début des années 1950.

    Bigamie
    Bigamie
    Sortie : 30 septembre 2020 | 1h 23min
    De Ida Lupino
    Avec Joan Fontaine, Ida Lupino, Edmund Gwenn
    Presse
    4,0
    Spectateurs
    3,8
    louer ou acheter

    Entre 1949 et 1953, Ida Lupino met en scène 7 longs-métrages, n'hésitant pas à explorer les pires tabous de l’époque : le viol, l’adultère ou la maladie. La réalisatrice signe d'émouvants portraits de femmes blessées et combatives, très loin des stéréotypes véhiculés à l'époque par Hollywood. Un documentaire lui avait d'ailleurs été consacré sur OCS : Ida Lupino : Gentlemen and Miss Lupino.

    ENGAGÉE ET FÉMINISTE

    "Une redécouverte en quatre films de la grande cinéaste indépendante, engagée et féministe, Ida Lupino, dont l'oeuvre majeure reste encore rare et méconnue, un hommage à l'un des plus beaux secrets cachés de l'histoire du cinéma américain", déclare le distributeur Les Films du Camélia.

    Pour le mythique cinéaste Martin Scorsese, "les films d'Ida Lupino sont essentiels." Le réalisateur de Taxi Driver et Les Infiltrés évoque des oeuvres "remarquables qui traitent de sujets difficiles d ’une façon très claire, presque documentaire. Un véritable accomplissement dans le cinéma américain", a-t-il affirmé.

    Grande figure hollywoodienne oubliée, elle est justement citée dans le documentaire de Martin Scorsese, Voyage à travers le cinéma américain. Dans ce film, le cinéaste nous plonge au coeur des films qui ont influencé son œuvre.

    Avec Bigamie par exemple, Ida Lupino ose sonder un couple en crise, déchiré par les dégâts causés par l’infidélité d’un mari incapable de choisir entre ses deux vies. En 1953, traiter d'un sujet pareil est absolument audacieux, presque iconoclaste.

    Les Films du Camelia
    Joan Fontaine dans Bigamie

    "Elle était belle et brune avec des yeux violets. Ida Lupino aurait pu être une énième star hollywoodienne mais elle fut bien plus que cela. En 1950, à 32 ans, elle devint ainsi la deuxième femme de l’histoire (après Dorothy Arzner) à intégrer la prestigieuse Directors Guild of America, le syndicat des réalisateurs américains, créée en 1936. Cette Anglaise piquante, née en 1918, fut aussi la seule actrice de la grande époque du cinéma américain à être devenue 'filmmaker'", explique la journaliste Marion Dupuis.

    UNE WONDER WOMAN DE L'INDUSTRIE CINÉ

    Selon cette dernière, Ida Lupino était une "héroïne des temps modernes, une wonder woman de l'industrie cinématographique." "C'était une grande actrice et une grande cinéaste, mais, effectivement, seuls les cinéphiles la connaissent", confie de son côté Maëlle Arnaud, responsable de la programmation du festival Lumière de Lyon.

    Quant à Antoine Sire, auteur du livre Hollywood, la cité des femmes, "Ida Lupino résume à elle seule une grande partie du combat des femmes dans l'industrie du cinéma américain pour maîtriser leur destin, exprimer leur talent et produire leur art dans un monde dirigé par des hommes, où la place dévolue au genre féminin était très stéréotypée", analyse-t-il.

    D'après l'auteur, il y avait beaucoup de femmes scénaristes à Hollywood. Cependant, devenir réalisatrice relevait de l'exploit. "Ida Lupino va y arriver progressivement. Elle est curieuse et, mine de rien, observe, entre deux prises, le travail des techniciens et surtout du réalisateur."

    DR
    Ida Lupino

    Cette cinéaste passionnée a abordé des sujets très féminins dans la plupart de ses films, mais "n'a jamais donné dans le sous-genre ou la réalisation expérimentale", nous explique Maëlle Arnaud. "Tous ses longs-métrages incarnent la force et la puissance du Hollywood de l'âge d'or et n'ont rien à envier aux films des réalisateurs de l'époque. Elle apporte autant de soin dans le découpage, l'écriture, la direction d'acteurs, l'éclairage… que ses acolytes masculins de Los Angeles."

    À noter qu'après la faillite de sa société, The Filmmakers, en 1954, Ida Lupino a continué sa carrière de réalisatrice du côté du petit écran. Elle a notamment dirigé jusqu'en 1968 des épisodes de séries mémorables comme Ma sorcière bien-aimée, La Quatrième Dimension, Alfred Hitchcock présente, Le Fugitif, Les Incorruptibles, entre autres. Elle est morte en 1995 à l'âge de 77 ans.

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