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    "Toriyama et moi, on est liés pour la vie" : la voix française de Goku réagit à la disparition du créateur de Dragon Ball
    Thomas Imbert
    Thomas Imbert
    -Chef de rubrique - Infotainment
    De la Terre du Milieu aux confins de la galaxie Star Wars en passant par les jungles de Jurassic Park, il ne refuse jamais un petit voyage vers les plus grandes sagas du cinéma. Enfant des années 90, créateur des émissions Give Me Five et Big Fan Theory, il écrit pour AlloCiné depuis 2010.

    La comédienne Brigitte Lecordier, qui prête sa voix exceptionnelle à Goku depuis 1988 dans "Dragon Ball", a réagi à notre micro à la disparition d'Akira Toriyama, décédé à l'âge de 68 ans.

    Elle est la voix française de Goku (mais aussi de Gohan, Goten ou encore Trunks) dans Dragon Ball depuis aujourd'hui plus de 35 ans.

    La comédienne Brigitte Lecordier, qui prête également sa voix inoubliable à des personnages tels que Oui-Oui, Nicolas dans Bonne nuit les petits, ou plus récemment Bojji dans Ranking of Kings, a accepté de revenir à notre micro sur son aventure Dragon Ball, suite à la disparition d'Akira Toriyama, créateur du célèbre manga, à l'âge de 68 ans.

    Dragon Ball
    Dragon Ball
    Sortie : 1986-02-26 | 25 min
    Série : Dragon Ball
    Avec Masako Nozawa, Toshio Furukawa, Torû Furuya
    Spectateurs
    3,6

    AlloCiné : Comment avez-vous appris la nouvelle de la disparition d'Akira Toriyama ?

    Brigitte Lecordier : C'est un journaliste de France Inter qui m'a appelée ce matin, pour m'annoncer la nouvelle et pour que je puisse faire un petit message dans leur émission. Parce qu'il va y avoir un Téléphone sonne ce soir sur Akira.

    Youtube / Brigitte Lecordier
    Capture d'écran tirée de la chaîne Youtube de Brigitte Lecordier

    "C'était un peu décoiffant."

    Quelle a été votre réaction la première fois que vous avez découvert le personnage de Goku ?

    Je me souviens très bien. J'ai passé des essais pour incarner ce petit personnage, et je me souviens que personne ne savait me dire si c'était un petit garçon, un petit singe ou un petit animal... (rires) Il n'était pas ordinaire. (...) J'avais fait quelques mangas avant, mais très peu. J'avais dû faire Cathy la petite fermière ou des choses comme ça, très réalistes. Et puis on est tombés sur ce Dragon Ball où d'un seul coup, les personnages avaient des cheveux pointus, San Goku est nu, il fait pipi, il touche les seins des femmes, il se permet des choses que jamais on ne s'était permises avant. Du coup, c'était un peu décoiffant. On ne savait pas dans quel univers on entrait. Il faut dire qu'à l'époque, il n'y avait pas du tout de mangas papier en France. Donc on n'avait aucune référence à cette culture-là.

    "Akira Toriyama était un maître pour tous les mangakas."

    Comment l'avez-vous découverte ?

    J'ai découvert cette culture en allant moi-même au Japon, en étant invitée par la Toei, pour rencontrer mon homologue japonaise, et là j'ai compris cette culture. J'ai compris que Dragon Ball était un monument, et qu'Akira Toriyama était un maître pour tous les mangakas, et aujourd'hui encore.

    Toei Animation

    Avez-vous eu l'occasion de le rencontrer ou de le croiser ?

    Malheureusement non, je n'ai pas pu. Et lorsqu'il est venu en France au festival d'Angoulême, le festival n'a pas pensé à m'inviter en même temps. A l'époque, les gens qui faisaient du doublage n'étaient pas forcément très en vue ou très respectés. Ça ne s'est jamais fait. J'ai pensé qu'un jour, j'y arriverais. Et malheureusement, il faudra que je continue de vivre en pensant que ça ne sera pas possible.

    "Toriyama et moi, on est liés pour la vie."

    Qu'est-ce que ce personnage de Goku vous a apporté ?

    Ça m'a apporté toute ma vie. Tout ma vie de comédienne, avec le pire et le meilleur. Il y a eu des années horribles, où on m'a taxée de "japoniaiserie". Je ne pouvais plus travailler dans le métier parce que j'avais fait "ces japoniaiseries-là, que ce n'était pas bien, pas beau, et que ça représentait une sous-culture". Moi, je trouvais ça magnifique. J'adorais ces dessins et cette façon de raconter les choses, avec beaucoup d'humour, de distance et de décalage. Parce qu'il ne faut pas oublier que Toriyama, ce n'est pas que Dragon Ball. Il est toujours un peu décalé, un peu coquin dans ce qu'il nous raconte. Et du coup, il m'a guidée dans la vie. Il m'a procuré une communauté incroyable. Quand vous voyez tous les messages que j'ai eus aujourd'hui de tous les gens qui ont grandi avec lui, avec moi, avec nous, en fait... Toriyama et moi, on est liés pour la vie.

    Toei Animation

    Ses personnages sont extrêmement inspirants. Goku nous donne la force, il nous apprend aussi la solidarité, le respect des autres, la différence. Toutes ces choses que l'on côtoie dans la vie. Moi, j'ai commencé jeune, et son oeuvre m'a accompagnée toute ma vie, et aujourd'hui encore. Je suis ravie d'avoir pu faire ce chemin avec lui.

    "Je suis ravie d'avoir pu faire ce chemin avec lui."

    Comment expliquez-vous l'amour que porte le public à ces personnages et la popularité de cette oeuvre ?

    Je pense que chaque personne, chaque enfant - parce qu'au départ, c'était destiné aux enfants - s'est reconnu dans ce personnage. Parce que Toriyama fait des personnages qui ne sont pas unilatéraux. On a beau être un héros, on a plein de défauts. On est un super-héros, mais on a peur. On est un super-héros, mais parfois on se conduit mal. On est un super-héros, mais on a du mal à travailler, et finalement on se met au boulot. Et du coup, on y arrive. C'est pleins d'exemples extraordinaires, et donc je pense que tous les enfants se sont identifiés à ces petits personnages. En plus, en ce qui me concerne, j'ai eu la chance d'incarner Goku, Gohan, Goten, Trunks, donc j'ai fait grandir des générations entières d'enfants avec tous ces petits personnages. Quel bonheur !

    Propos recueillis par Thomas Imbert

    (Re)découvrez notre émission dédiée à "Dragon Ball"...

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