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    Le Robot Sauvage : DreamWorks nous prouve qu'après Wall-E, les robots ont encore des choses à nous apprendre !
    Laëtitia Forhan
    Laëtitia Forhan
    -Chef de rubrique cinéma
    Fan de cinéma fantastique, de thrillers, et d’animation, elle rejoint la rédaction d’AlloCiné en 2007. Elle navigue depuis entre écriture d'articles, rencontres passionnantes et couvertures de festivals.
    Co-écrit avec :
    Manon Maroufi

    "Le Robot Sauvage", nouvelle production des studios DreamWorks Animation est à voir actuellement en salles. A l'occasion de la sortie du film nous nous sommes entretenus avec le réalisateur Chris Sanders - également à l'œuvre sur Dragons. Rencontre

    Chris Sanders, à qui l'on doit Lilo & Stitch, Dragons et Les Croods, revient avec un nouveau projet ambitieux : Le Robot Sauvage, un film d'animation au graphisme novateur adapté du best-seller de Peter Brown, "The Wild Robot". Publié en 2016, le roman illustré est le premier tome d'une trilogie et s'est classé à sa sortie n°1 de la liste des meilleures ventes du New York Times.

    L'histoire suit l'incroyable épopée d'un robot – l'unité ROZZUM 7134 alias “Roz” – qui, après avoir fait naufrage sur une île déserte, doit apprendre à s'adapter à un environnement hostile en nouant petit à petit des relations avec les animaux de l'île. Elle finit par adopter un oison orphelin.

    Le Robot Sauvage
    Le Robot Sauvage
    Sortie : 9 octobre 2024 | 1h 42min
    De Chris Sanders
    Avec Lupita Nyong'o, Pedro Pascal, Kit Connor
    Presse
    3,8
    Spectateurs
    4,4
    Séances (761)

    À l'occasion de la sortie en salles de cette œuvre magistrale, qui saura toucher aussi bien les petits que les grands, nous avons pu nous entretenir avec Chris Sanders qui s'est livré sur le processus de création du film et ses sources d'inspiration.

    Nommé à 3 reprises aux Oscars, Chris Sanders nous explique avoir découvert le roman de Peter Brown en aidant sa fille à faire ses devoirs. Des années plus tard, lors d'une réunion de travail chez DreamWorks, le cinéaste a vu que "Le Robot Sauvage" figurait sur la liste des films en développement. Il a alors fait part de son intérêt au studio et a pu s'entretenir avec le romancier Peter Brown avant de se lancer.

    Couverture du roman Folio
    Couverture du roman "Le Robot Sauvage"

    Rencontré lors du Festival du Film d'animation d'Annecy, où les premières images du long métrage ont été présentées, le producteur Jeff Hermann nous a confié, avoir en premier lieu été interpelé par la couverture du roman. : "J'ai trouvé cette image d'un robot seul dans la nature fascinante. Elle soulève instantanément beaucoup de questions et d'émotions. Il y a quelque chose de mystérieux là-dedans, de déroutant, de captivant aussi. Mais au fur et à mesure que l'on avance dans la lecture, on s'aperçoit que l'on peut s'y identifier à bien des niveaux, parce que le sujet principal de l'histoire c'est : que signifie être humain.

    Une histoire faite pour l'animation

    Sauf que tout est raconté par l'intermédiaire de robots et d'animaux. La façon dont le sujet est traité est fraîche et s'écarte quelque peu de ce que nous faisons habituellement. Il y a de longs moments où il n'y a pas beaucoup de dialogues. Tous ces aspects étaient donc vraiment intrigants, pour autant le film reste intrinsèquement animé. Encore une fois, parce qu'il s'agit de robots et d'animaux, c'est une histoire faite pour l'animation."

    Alors comment parvenir à expliquer ce qu'est être humain en ayant un robot comme eprsonnage principal. Comment parvenir à toucher le public avec une machine ? Chris Sanders a beaucoup travaillé sur le design de Roz - qui ne ressemble d'ailleurs pas à celui de la couverture du roman de Peter Brown.

    DreamWorks

    Trouver le bon design pour le robot

    Il nous explique s'être notamment inspiré de Buster Keaton et Charlie Chaplin : "Tout d'abord, il y a la voix, et puis il y a le design. Les animateurs ont donc eu beaucoup de travail à faire en ce qui concerne ses mouvements. Je ne voulais pas qu'elle ait une bouche. Je voulais que toute l'émotion vienne de sa voix et de ses mouvements. Les animateurs se sont donc inspirés de stars du cinéma muet comme Buster Keaton et Charlie Chaplin, non seulement pour créer des mouvements inventifs, mais aussi pour créer un personnage sympathique mais un peu accablé et un perdu dans sa situation.

    La Roz de Peter Brown est à la fois très spécifique et très graphique. Jinguang Huang, l'un des artistes spécialistes des effets visuels chez DreamWorks, a proposé une forme arrondie et symétrique. Je pense que c'est à lui que revient le mérite d'avoir déchiffré le code. Nous étions nombreux, moi y compris, à faire des tests avec les dessins. Encore une fois, nous voulions respecter les proportions du design de Peter, mais il fallait ajouter quelques détails. C'est Jinguang qui a vraiment réussi. Un jour, il est venu nous présenter sa version de Roz, et nous nous sommes tous dit : "D'accord, c'est ça. Tu as réussi. Nous adorons cette Roz." Je pense que la simplicité de la conception qu'il a trouvée est à la fois convaincante, attrayante et puissante."

    Lupita Nyong'o est l'architecte de Roz

    Mais au-delà du design visuel, la voix de Roz, interprétée par Lupita Nyong'o, a également joué un rôle clé dans la caractérisation du personnage. Le metteur en scène ajoute à notre micro : "Ensuite, je pense qu'il ne faut pas exagérer ce que Lupita Nyong'o a créé pour la voix. Elle est l'architecte de Roz, et j'étais fascinée par l'idée de travailler avec elle et de voir comment elle procédait.

    DreamWorks

    Avant d'enregistrer quoi que ce soit, nous nous asseyions et parlions de la scène, du personnage et de l'arc général qu'il suit dans l'histoire. Je n'ai jamais quitté une session d'enregistrement sans avoir beaucoup de notes que j'allais ensuite appliquer à la scène que nous avions déjà enregistrée, mais aussi aux autres scènes à venir dans le film. Quand Lupita et moi nous retrouvions la fois suivante, nous reprenions la même scène et appliquions tout ce que nous avions compris.

    Il s'agissait donc de s'assurer que Roz était un personnage à part entière, un personnage unique. Mais je pense qu'avant tout, tout le mérite revient à Lupita et à sa créativité, son génie et sa capacité à créer cette voix étonnante qui change du début à la fin. Elle évolue réellement. Elle a ce qu'elle appelle un optimisme artificiel au début qui se détend et devient plus proche de la voix normale de Lupita vers le milieu du film."

    Une adaptation fidèle du cœur du roman

    Dès le départ, Chris Sanders souhaitait que son film rende hommage à la beauté du récit et à la force des thématiques abordées. Il nous déclare : "Nous ressentons une grande responsabilité vis-à-vis de l'histoire et nous voulions être le plus fidèles possible à la façon dont elle a été écrite. Il y a toujours une adaptation quand on passe de la page d'un livre à l'écran. Il y a des choix que nous devons faire en tant que cinéastes. Un film est une chose très disciplinée : vous n'avez qu'un temps précis pour raconter votre histoire, et un public n'a qu'une attention limitée. Il y a des choses que nous devrons faire, inévitablement. Donc "responsabilité" me semble être le bon mot.

    DreamWorks

    Mais il était primordial que l'adaptation que nous avons créée soit la transposition à l'écran du cœur de l'histoire de Peter Brown. J'ai donc ouvert l'espace pour que les aspects émotionnels de l'histoire puissent prendre l'ampleur que j'estimais appropriée pour un long métrage."

    Un style visuel unique et novateur

    Un des plus gros défi du film a été le style visuel. Dès le début du projet, Chris Sanders et son équipe étaient déterminés à créer une identité visuelle unique et sophistiquée afin de mieux mettre l’histoire en valeur.

    Il précise ainsi : "Une grande partie du style vient de notre artiste de développement visuel, qui a été l'un des principaux créateurs à réaliser des études et des croquis en couleur dès le début. Son style, impressionniste et très libre, m'a immédiatement séduit. J'ai rapidement compris que c'était un style que je souhaitais explorer dans le film, en espérant que notre produit final puisse être indissociable de ses études de couleur, qui étaient très impressionnistes.

    DreamWorks

    L'effet qui en découle est difficile à expliquer. Quand on observe de près une peinture de ce type, elle semble n'être qu'un amas de couleurs. Mais en prenant du recul, tout s'assemble pour former une image magnifique. Dans ce film, nous avons donc ce que nous appelons une 'peinture dimensionnelle'.

    Plutôt que de construire des structures comme dans un film d'animation classique, nous avons créé de véritables peintures dimensionnelles. Bien qu'elles soient numériques, elles sont entièrement réalisées par des artistes, ce qui apporte cette chaleur analogique unique du toucher humain, ajoutant ainsi un poids émotionnel au film. On ne saurait trop insister sur l'importance de ce facteur pour que l'impact émotionnel du film soit retranscrit à l'écran."

    Imaginez une forêt de Miyazaki qui prendrait vie grâce au travail de Claude Monet

    Pour la création des personnages, l'équipe s'est notamment inspirée des représentations d’animaux dans les premiers classiques de Disney, comme Bambi de David D. Hand (1942), ainsi que des forêts atmosphériques des films de Hayao Miyazaki.

    Sanders précise : "En tirant parti des avancées technologiques, nous avons créé un film avec un style d’animation totalement unique. Je vous garantis que personne n'a jamais rien vu de tel auparavant. Il s'agit d'une peinture en mouvement." Dans le dossier de presse, le cinéaste fait une métaphore assez parlante : "Imaginez une forêt de Miyazaki qui prendrait vie grâce au travail de Claude Monet.'".

    Le Robot Sauvage marque une étape importante dans la carrière de Chris Sanders, qui s'éloigne ici du style visuel de ses précédentes réalisations, avec un film à la fois graphiquement révolutionnaire et profondément émouvant. Avec Le Robot Sauvage, DreamWorks nous prouve qu'après Wall-E, les robots ont encore des choses à nous apprendre. L'œuvre idéale pour fêter comme il se doit les 30 ans de Dreamworks Animation.

    Le Robot sauvage est à découvrir (en famille) au cinéma.

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