Ce film sorti il y a déjà 71 ans, considéré comme un classique du cinéma, a eu besoin de siphonner le budget d'un autre pour survivre. Autant dire que le second film, lui, l'avait plutôt mauvaise ! Bienvenue dans les coulisses de l'un des coups bas les plus terribles de l'Histoire d'Hollywood.
Deux comédies musicales en concurrence

Nous sommes au début de l'année 1954. Le réalisateur Vincente Minnelli tourne pour la MGM Brigadoon, comédie musicale onirique racontant la découverte par deux Américains d'un village écossais bien étrange et unique en son genre.
En parallèle, le studio a aussi en production Les Sept femmes de Barberousse, réalisé par Stanley Donen, un western musical se déroulant en 1850 en Oregon, l'histoire d'un pionnier conduisant sa jeune épouse dans sa ferme natale où se trouvent ses six frères célibataires.
Les films se tournent en même temps, sauf qu'en cours de production, Minnelli a sous-évalué le coût de la recréation d'un village écossais et ses environs dans les studios de Californie - le réalisateur ayant renoncé à tourner en Ecosse à cause du mauvais temps local. La MGM, elle, cherche plutôt à faire des économies, renonçant d'ailleurs à tourner le film en Technicolor et se rabattant sur un procédé moins cher et de moins bonne qualité (Metrocolor).
Sauf que cela ne suffit pas. La MGM doit trouver plus d'argent et va le trouver... sur une autre de ses productions !

Dans son autobiographie, Jane Powell, premier rôle féminin des "Sept femmes de Barberousses" se souvient :
Les pontes de la MGM allaient abandonner

"Le studio mettait tout son argent dans Brigadoon et sentait qu'il ne pouvait pas se payer deux extravagances musicales en même temps, donc les pontes de la MGM allaient abandonner [Les Sept femmes de Barberousse]. Heureusement, notre producteur Jack Cummings les a convaincu de le maintenir. Il a offert de couper notre budget, d'économiser par tous les moyens possibles (...)."

Les deux films voient finalement le jour, sauf que Brigadoon, au budget dépassant les 3 millions de dollars de l'époque, n'en rapporte que 2,25 et devient instantanément un formidable échec, tandis que le "petit" Sept femmes de Barberousse au budget de 2,54 millions, rapporte 9,4 millions, est donc un brillant succès qui génère des bénéfices.
Comme quoi il arrive parfois, même à Hollywood, de miser sur le mauvais cheval.