Après In Another Country et La Caméra de Claire, Isabelle Huppert retrouve le réalisateur sud-coréen Hong Sang-Soo en ce début d’année 2025 pour une 3e collaboration intitulée La Voyageuse. Récompensé de l’Ours d’Argent, soit le Grand Prix du Jury, lors de la Berlinale de 2024, ce film voit la célèbre actrice française très appréciée à l’internationale dans la peau d’Iris, qui vient récemment de débarquer à Séoul.

Pour faire face à ses difficultés financières, cette femme, qui semble venir de nulle part, enseigne le français à deux sud-coréennes avec une méthode bien à elle. En effet, avec elle, pas de manuel scolaire ou de leçon détaillée. À la place, Iris puise dans les émotions et les ressentis de ses élèves pour “préparer” ses cours, et les retranscrit ensuite sur de petites cartes, invitant les deux femmes à les relire le soir dans un état presque méditatif.

Une méthode très philosophique et poétique d’apprendre, qui, selon elle, permettrait ainsi de voir la langue avant tout comme un moyen d’exprimer des sentiments très profonds, de mettre des mots sur ce que l’on ressent. “C’est une méthode que j’ai inventée. Je ne sais pas si elle fonctionnerait dans la vraie vie,” explique le réalisateur.
“Je trouve que cela donne une tonalité délicate et poétique à ces échanges linguistiques. Surtout, cela permet d’aller loin dans les discussions, d’aborder des sujets profonds sans aucun conflit mais avec beaucoup de délicatesse,” souligne Isabelle Huppert.
Une méthode d’apprentissage à son image
Cette invention reflète d’ailleurs parfaitement la manière singulière dont Hong Sang-Soo travaille sur ses films, se concentrant en priorité sur le ressenti, celui de ses acteurs, le sien et celui qu’il souhaite partager avec les spectateurs, se laissant guider au fil des échanges et des rencontres avec beaucoup de liberté.
Isabelle Huppert revient sur leur collaboration : “Je suis toujours enchantée par la perspective de travailler avec Hong Sangsoo. Sa façon de faire des films est unique et c’est le seul, à ma connaissance, qui travaille de cette manière. C’est une expérience enthousiasmante tant il est difficile de se projeter dans l’histoire ou dans le rôle. Et pour cause, il n’y a ni histoire ni rôle, c’est bien plus que ça ! Il a une volonté de capturer l’instant présent et l’état d’esprit d’une personne dans un certain monde.”

Avec ses mots, le réalisateur explique lui aussi son processus créatif : “J’ai développé une méthode au fil des ans et je m’y tiens. A vrai dire je crois à la sérendipité et à ce qui peut survenir dans les rencontres entre Isabelle, les personnages et les lieux devant ma caméra et avec mon scénario. Ces rencontres s’enrichissent au fur et à mesure, j’essaie simplement de les capturer et de les arranger de la façon la plus naturelle possible.”
C’est donc avec cette méthode bien à lui, d’une poésie et d’un réalisme qui caractérisent ses oeuvres, que Hong Sang-Soo nous fait faire la rencontre de cette femme atypique et solitaire incarnée par Isabelle Huppert.
La Voyageuse, avec Isabelle Huppert, est à découvrir en salle dès aujourd’hui.