De quoi ça parle ?
Sandra (Valeria Bruni Tedeschi), quinquagénaire farouchement indépendante, partage soudainement et malgré elle l’intimité de son voisin de palier (Pio Marmai) et de ses deux enfants. Contre toute attente, elle s’attache peu à peu à cette famille d’adoption.
Il y a quelque temps, le film Les Enfants des autres, réalisé par Rebecca Zlotowski, s'intéressait avec beaucoup de délicatesse aux liens que l'on peut tisser avec des enfants, sans en être le parent direct.
L'Attachement aborde à son tour ce sujet de façon différente, avec ici Valeria Bruni Tedeschi qui est une voisine de palier de deux enfants. Quels mots mettre sur le lien qu'elle va créer avec eux, et avec ce père, jeune veuf, joué par Pio Marmai, qui a va avoir besoin de son soutien ? Est-ce de l'affection ? De l'amour filial ? De la tendresse ?
A propos de la délicatesse qui émane du film, Pio Marmai confie à notre micro : "c'est quelque chose qui existait déjà très fort à l'écriture. C'était, pour moi, une direction de travail, en tout cas comme acteur, que j'ai rarement eu l'occasion d'exercer, où j'ai rarement eu l'occasion de me plonger. C'était quelque chose qui était peut-être plus en retenue, quelque chose de plus intime, de plus pudique.
C'est une des rares fois où j'avais l'impression de voir quelqu'un d'autre que moi-même à l'écran
Quand j'ai découvert le film, c'est une des rares fois où j'avais l'impression de voir quelqu'un d'autre que moi à l'écran. C'est assez troublant. C'est vrai que ça m'a demandé beaucoup de travail. Dans la direction, dans l'énergie, dans un endroit un peu émotionnel aussi, on ne va pas se mentir.
Je pense que tout le monde, évidemment, a traversé des moments de deuil assez intenses. Moi aussi. Donc j'essaie à la fois de retrouver cet état de fatigue, d'épuisement, et tout en étant disponible pour mes partenaires, en l'occurrence aussi de quelqu'un de très jeune, qui joue mon fils (César), qui avait cinq ans et demi à l'époque.
Quelque chose de vivant et solaire et en même temps, un fond quand même assez tumultueux. Après le montage final, j'ai vraiment été saisi par ce que j'ai vu. Ce qui m'arrive assez rarement."
Pio Marmai dans son plus beau rôle ?
Depuis 3 ans, Pio Marmai est très présent sur les écrans, avec pas moins de 10 films sortis, toujours dans des registres très différents. Ici c'est sa corde sensible qui ressort. C'est la première fois qu'on le voit aussi touchant. "Je ne sais pas depuis combien de temps je travaille. J'ai besoin de ça, de me sentir surpris. Aussi pour les gens qui vont voir les films dans lesquels je travaille. C'est important de proposer quelque chose de singulier."
Il ajoute : "Aujourd'hui, j'ai vraiment la possibilité de travailler dans des énergies qui sont très différentes à chaque fois. J'ai l'impression aussi que le fait de vieillir un peu, d'avoir 40 ans, avoir des enfants, la vie de père, peut-être que ça change aussi le fond de la personne et puis mes envies, mes intérêts, ce qui est normal. Ce n'est pas assez grave d'être dans une direction qui est un peu inconnue, nouvelle !"
Le film réserve dès le début des scènes à l'émotion très forte. Jouer une scène de deuil. Ces scènes ont nécessité une préparation assez particulière.
"J'ai plongé là-dedans à fond. Je me rappelais d'une chose par rapport à cet état de deuil : j'étais comme épuisé, ce n'était pas quelque chose, c'était un truc d'épuisement et de poids que je sentais en moi, comme si j'avais 70 kilos de plus."
La réalisatrice Carine Tardieu lui a donné un conseil très précis : "Ce serait peut-être bien que tu te réveilles à heure régulière la nuit pendant cette période de tournage, et je l'ai fait. Alors, ne le faites pas ! Mais il est vrai que j'ai retrouvé cette espèce, non pas d'épuisement, mais surtout de poids, de me sentir comme si je portais une espèce de baraque sur moi. Je le ferai pas tout le temps, mais là, ça m'a beaucoup aidé."
L'Attachement est au cinéma depuis ce mercredi 19 février 2025.
