Un sublime portrait de femme, éloge de la liberté…
Mahin (Lili Farhadpour), 70 ans, vit seule à Téhéran. Bravant tous les interdits, elle décide de réveiller sa vie amoureuse et provoque une rencontre avec Faramarz (Esmaeel Mehrabi), chauffeur de taxi. Leur soirée sera inoubliable.

Quatre ans après Le Pardon, remarqué pour sa portée politique et présenté au festival international du film de Berlin, les réalisateurs Maryam Moqadam et Behtash Sanaeeha reviennent avec leur nouveau long-métrage, Mon Gâteau préféré.

Porté par la brillante Lily Farhadpour – actrice, écrivaine et journaliste célèbre en Iran pour son activisme en faveur de la liberté, des femmes notamment –, le long-métrage est en premier lieu une fable sublime et moderne sur un sujet peu traité : la possibilité, pour des personnes âgées, de développer une vie sentimentale. Un sujet d’autant plus tabou en Iran, où les lois de la République islamique au pouvoir interdisent à deux personnes de se côtoyer en dehors du mariage.
Pudique mais touchant, teinté d’humour, de tendresse et de nostalgie, Mon Gâteau préféré célèbre l’amour intemporel, l’amour au-dessus des lois humaines, sous une forme poétique qui touche presque au symbolisme : entre les personnages de Mahin et de Faramarz, tout n’est que regards discrets, délicatesse et sourires affectueux… Autant de marques subtiles et délicates de leur relation naissante qui créeront, même chez les spectateurs les plus jeunes, une nostalgie des amours passées et une terrible envie d’aimer.

… qui a pourtant entraîné la détention de ses deux réalisateurs
Malgré la douceur de son propos et ses valeurs d’apparence universelle, Mon Gâteau préféré a provoqué les foudres de la République islamique d’Iran : jugé “vulgaire” et indécent, accusé de faire la promotion d’un libertinisme pervers, le long-métrage a été durement condamné par les pouvoirs en place. Pire, ses deux réalisateurs, Maryam Moqadam et Behtash Sanaeeha, ont été arrêtés en septembre 2023 alors qu’ils s’apprêtaient à présenter leur film en Europe, notamment au festival international du film de Berlin.
Interdits d’exercer leur métier et de quitter le territoire iranien, Maryam Moqadam et Behtash Sanaeeha ont rédigé une longue lettre pour s’exprimer sur la situation et ont reçu le soutien de nombreux confrères. “Aujourd’hui, le film auquel nous avons consacré trois ans de notre vie va voir le jour à vos côtés, malheureusement en notre absence, écrivaient-ils après leur arrestation. Comme des parents à qui l’on interdit de poser les yeux sur leur nouveau-né, il nous a été interdit de savourer le plaisir de voir notre film avec vous [...]. Nous sommes tristes et fatigué.es, mais nous ne sommes pas seul.es. C’est la magie du cinéma. Le cinéma nous relie, nous rassemble. C’est une fenêtre ouverte sur un lieu où nous nous retrouvons. Il nous est aujourd’hui interdit de nous joindre à vous et de voir sur grand écran un film qui traite d’amour, de vie, et aussi de liberté, un trésor disparu dans notre pays.
[...] Nous sommes fier.es de dédier la première de notre film aux dignes et courageuses femmes de notre pays qui sont passées en première ligne de la lutte pour le changement social, qui tentent de faire tomber les murs de croyances dépassées et sclérosées, et qui sacrifient leur vie pour obtenir la liberté.”
Aujourd’hui, leur situation reste inchangée.
Mon Gâteau préféré, le dernier film de Maryam Moqadam et Behtash Sanaeeha, est à découvrir dès maintenant au cinéma.