Ce jeudi 27 février, Arte diffuse les premiers épisodes de Nismet, une série aussi poignante que bouleversante réalisée par Philippe Faucon.
Primée au Festival de la fiction de La Rochelle en septembre 2024, la série suit l’histoire de Nismet (Emma Boulanouar), une jeune adolescente de 16 ans qui vit avec une mère dépressive et un beau-père tyrannique et violent. Lorsque ce dernier tente de la violer, Nismet se trouve contrainte de fuguer.
De foyer en foyer, et face à la tragédie qui va bientôt toucher sa famille, Nismet trouve malgré tout la force d’avancer et de prendre en main son destin.
Inspirée de la véritable histoire de Nismet Hrehorchuk, cette série dépeint avec puissance un parcours de vie exceptionnel. Rencontre avec Nismet Hrehorchuk !

Allociné : Comment est venue l'idée de faire de votre histoire personnelle une série pour la télévision ?
Nismet Hrehorchuk : Depuis que je suis toute jeune, je rêve d'écrire un livre pour raconter ce que beaucoup ignorent. Il était inadmissible pour moi que les gens me réduisent à l'étiquette de "la fille de la meurtrière". Il fallait que je puisse dire que je n'étais pas uniquement cette fille-là.
Je connaissais Philippe Faucon de nom, j'avais vu ses films avant. Quand je suis arrivée sur le tournage d'Amin, je me suis tout de suite dit qu'il n'y avait pas mieux que lui pour retranscrire mon histoire et ce que j'avais besoin de raconter. Il était hors de question que je reparte de ce tournage sans lui en avoir touché deux mots.
Vous avez traversé des épreuves très difficiles mais toujours avec cette soif de vivre intensément et cette envie de croquer la vie à pleine dents. Cette série était-elle une forme de thérapie ?
Absolument ! J'ai fait beaucoup de psychothérapie mais écrire et voir cette histoire prendre vie à l'écran, c'était une autre façon de tourner la page.
C’était aussi un moyen pour vous de redonner une voix à votre mère...
Je voulais rendre justice à ma mère qui a été condamnée à 18 ans de prison pour avoir tué son conjoint qui la battait et qui avait essayé de violer sa fille. C’était aussi important de dire aux jeunes filles qu’on peut s’en sortir.
Vous avez un rôle dans cette série puisque vous jouez Brigitte, la directrice du foyer, une personne qui a beaucoup compté dans votre vie...
Brigitte, c'est ma mère de cœur. C'était très important pour moi de jouer le rôle d'une de mes deux mères. J'ai passé les essais pour jouer le rôle de ma mère mais Loubna est tellement parfaite dans ce rôle-là que j'ai préféré prendre celui de ma deuxième maman.
Est-ce que ça a été difficile de voir Emma Boulanouar jouer votre histoire ?
Non. Dès la première seconde, dès le premier regard, je savais que c'était elle. J'avais l'impression de me voir. C'est incroyable à quel point elle incarne bien ce personnage.
Revoir votre propre histoire à l'écran, surtout les moments les plus durs, cela n'a-t-il pas été trop douloureux ?
Les épisodes 3 et 4 ont été assez traumatisants à revivre. Effectivement, c'était très dur. Les premiers épisodes beaucoup moins.
Quel message souhaitez-vous transmettre à travers votre histoire ?
Il faut parler. Il ne faut pas rester à terre. Il ne faut pas se cacher ni s'isoler. Il faut demander de l'aide. Il faut attraper les mains tendues et ne jamais se dire qu'on est seul sinon on est foutu.
A la fin de la série, on a envie de connaître la suite de votre histoire. Projetez-vous d'écrire une suite un jour ?
J'ai le projet d'écrire un livre mais pourquoi pas raconter la suite à la télévision, carrément !
Où en êtes-vous aujourd'hui ?
Je suis mariée, je suis maman. J'ai eu beaucoup de travails différents. Je suis un peu actrice, un peu scénariste, je fais du BTP, je suis aide soignante. Je croque la vie à pleine dents !