Depuis 1988, la poupée Chucky hante les cauchemars de tous les ados qui ont croisé sa route sur grand écran. Créé par Don Mancini, ce petit être aux cheveux roux et à la salopette bleue n'est pas une poupée ordinaire, oh non ! Puisqu'il s'agit de l’âme d’un tueur en série : Charles Lee Ray.
Avec ses répliques culte, son rire sadique et sa soif de sang intarissable, la poupée possédée a marqué des générations de spectateurs. De Jeu d’enfant au Retour de Chucky, la saga a évolué d’un simple slasher à une franchise délirante, où l’horreur est agrémentée d'une bonne louche de grotesque et d’humour noir.

En lançant la série Chucky, Don Mancini voulait aller encore plus loin en changeant de mode de narration. "L’un des avantages – ou des inconvénients – d’avoir une franchise, c’est que j’ai passé une quantité insensée de temps à penser à Chucky", confie-t-il en riant à SyFy lors du lancement de la série en 2021 aux US.
Ce temps de réflexion lui a permis d’approfondir l’histoire de Charles Lee Ray, notamment son enfance qu'on découvre via des flashbacks, mais aussi d’explorer des thèmes plus contemporains. "Je voulais parler du harcèlement, de la manière dont la cruauté peut contaminer les autres", explique-t-il.

Horreur pure et satire mordante
Si la série reprend les codes du slasher, elle y injecte une bonne dose de satire et d’humour noir. Dès le premier épisode, Chucky débarque dans la vie de Jake Webber (Zackary Arthur), un adolescent solitaire.
Après avoir perdu sa mère, il vit seul avec son père. Il vit un peu à l'écart du monde en se consacrant à passion : la création de sculptures cauchemardesques construites à partir de vieilles poupées désossées. Au lycée, Jake est harcelé par ses camarades. Et à la maison, il est maltraité par son père parce qu'il est gay.
Chucky devient alors son "ami jusqu’à la fin"… mais avec une idée bien précise de l’entraide... En trucidant tous ceux qui lui causent du tort, à commencer par son papa. Derrière son humour un peu gras, la série interroge plus finement qu'elle en a l'air la notion de bien et de mal, l'influence des adolescents les uns sur les autres ou encore l'entraide.
Contre toute attente, au-delà du côté slasher, Chucky offre une réflexion sociale et un regard neuf sur les ados d'aujourd'hui. "Je voulais montrer un adolescent gay et son parcours de manière authentique", explique Don Mancini. À travers Jake, le créateur montre ce qu’il aurait aimé voir à l’écran lorsqu’il était plus jeune. Ce qui fait de Chucky une œuvre résolument moderne, tout en restant fidèle à son héritage, avec une petite touche vintage dans sa facture.

Un série horrifique pour tous
Pourquoi cette série plaira-t-elle à ceux qui ont grandi avec les premiers films ? Parce qu’elle joue avec notre nostalgie tout en la déconstruisant. Les références aux anciens volets abondent, des flashbacks sur Charles Lee Ray aux répliques cinglantes. Et bien sûr, Brad Dourif, la voix emblématique de Chucky, est toujours là, tout comme Jennifer Tilly, inoubliable Tiffany, qui revient aussi pour l'occasion.
Mais qu'on se rassure, il n'est pas indispensable d'avoir vu la saga cinématographique pour apprécier et comprendre ce qui se trame dans la série. Le spectateur "neuf", qui n'aurait vu aucun des films, y trouvera facilement ses repères.
Car cette série, déconseillée aux moins de 16 ans (et certains épisodes aux moins de 18 ans !), n’est pas qu’un simple revival. Elle propose une nouvelle vision qui s’inscrit parfaitement dans son époque. Avec son lot de scènes gores, sa critique sociale bien sentie et son humour noir ravageur, la série Chucky est une sorte de renaissance réussie là où beaucoup d'œuvres qui surfent sur la nostalgie ont eu tendance à faire chou blanc...
La première saison de Chucky est disponible sur Netflix