C'est l'une des plus grandes musiques du cinéma de science-fiction : 38 ans après, elle est toujours aussi percutante
Vincent Formica
Vincent Formica
-Journaliste cinéma
Bercé dès son plus jeune âge par le cinéma du Nouvel Hollywood, Vincent découvre très tôt les œuvres de Martin Scorsese, Coppola, De Palma ou Steven Spielberg. Grâce à ces parrains du cinéma, il va apprendre à aimer profondément le 7ème art, se forgeant une cinéphilie éclectique.

Cette musique est sans doute l'une des plus emblématiques du film d'action et science-fiction des années 80. Pourquoi la partition de "Predator" est-elle aussi marquante ?

En 1987, Alan Silvestri nous offrait l'une des plus grandes musiques de films de tous les temps avec sa formidable composition de Predator. Compositeur fétiche de Robert Zemeckis, l'artiste venait de triompher avec la bande-originale de Retour vers le Futur quand le réalisateur John McTiernan a fait appel à lui.

Une bande-originale culte !

38 ans plus tard, cette musique est toujours aussi marquante et indissociable de la saga Predator. Son thème principal, immédiatement reconnaissable, est construit sur des motifs rythmiques syncopés, des cuivres puissants, et des percussions tribales.

Predator
Predator
Sortie : 12 février 1987 | 1h 47min
De John McTiernan
Avec Arnold Schwarzenegger, Carl Weathers, Elpidia Carrillo
Spectateurs
3,8
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Dès le début du film, quand on voit les hélicoptères atterrir, laissant sortir Arnold Schwarzenegger et sa bande, la partition qui accompagne les images met le spectateur immédiatement dans l'ambiance. Ce style musical crée une véritable identité sonore, instaurant un climat de tension, de mystère et de menace, parfaitement adapté à la jungle et à la chasse extraterrestre.

Un défi particulier

"Predator a été un défi très particulier sur le plan musical", se souvient Alan Silvestri, interrogé en 2015 par le site Underscores.fr. "C'est devenu une sorte de ballet dans la jungle très intéressant : il y avait beaucoup de musique, un nombre incroyable de possibilités pour un compositeur, mais aussi une tâche intimidante par sa seule quantité", a indiqué le compositeur.

En effet, Alan Silvestri ne fait pas qu’appuyer les scènes d’action. L'artiste parvient aussi à suspendre la musique pour créer des silences oppressants, introduisant des éléments sonores presque invisibles pour instaurer une tension psychologique constante. Cela renforce l'idée d'un ennemi invisible et omniprésent.

Pour le compositeur, la principale difficulté était de maintenir cette tension pendant un long moment alors qu'on ne voit pas le monstre pendant la quasi totalité du film. "Bien sûr, John Williams nous a enseigné tout ce qu'il faut savoir pour que la musique nous rappelle qu'il y a quelque chose de mauvais dans les parages, avec Les Dents de la mer", a expliqué Alan Silvestri, avec malice.

Je me souviens que McTiernan a été très clair sur les moments où il voulait faire ressentir la tension et la maintenir dans la durée.

"Je me souviens que McTiernan a été très clair sur les moments où il voulait faire ressentir la tension et la maintenir dans la durée. De ce point de vue, c'était assez simple de savoir ce qu'il fallait faire... aidé par nombreuses tasses de café", a plaisanté le musicien.

Un opéra de percussions, cordes et cuivres

L'utilisation de l’orchestre par Silvestri est très habile : cuivres sombres, cordes dissonantes, percussions militaires... on ressent l’influence du thriller, du film de guerre, et du genre fantastique. Cependant, le compositeur a aussi ajouté des effets sonores étranges, presque "non musicaux", qui évoquent le monde alien du Predator.

On pense notamment au bruit que fait la vision du Predator, quand le récit passe en vue subjective et nous présente le monde vu à travers les yeux de l'alien. Il y a aussi le cri très caractéristique de la créature. Pendant une grande partie du film, le monstre est invisible et on ne remarque sa présence qu'à travers sa vision thermique et son bruit très identifiable. Sorte de râle guttural, il provoque des frissons de panique chez le spectateur. Mais comment a-t-il été créé ?

Le cri du Predator

Contre toute attente, ce son n'est pas le fruit de manipulations par ordinateur ! Il vient tout simplement d'un acteur en chair et en os : Peter Cullen. Lors de son passage au TFCon de Toronto en 2015, l'artiste est revenu sur sa participation au long-métrage de John McTiernan et sur l'inspiration qui lui a permis de créer le cri du Predator avec sa voix.

"Ils allaient tourner la fin du film, quand le Predator retire son casque et dévoile son visage. Et à ce moment, j'ai vu ce visage affreux et ces tentacules qui bougent", a confié Peter Cullen. "J'ai pensé à un crabe sur le dos en train de mourir au soleil sur le sable ; j'avais vu cette image enfant sur la plage et c'était vraiment dégueulasse. Ce crabe faisait des craquements, des bruits de bulles qui explosaient. Je m'en souvenais bien", a expliqué l'acteur.

Ces petites trouvailles inventives, associées à la musique, accompagnent le récit sans prendre le dessus sur lui. La musique colle parfaitement aux images de John McTiernan, renforçant la tension dramatique sans la surcharger. Elle accompagne les mouvements de caméra et les actions sans jamais phagocyter le visuel. C’est un exemple classique de musique de film immersive, au service du récit.

Le temps faisant on oeuvre, la musique de Predator est passée à la postérité, devenant indissociable du personnage et de la franchise. Elle a été réutilisée dans les suites et les reboots, contribuant à créer une continuité sonore iconique, tout comme les thèmes de Star Wars, Alien ou Terminator.

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