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    Andrew Adamson, parole de fan...

    En adaptant sur grand écran l'oeuvre de C.S. Lewis avec "Le Monde de Narnia", le Néo-Zélandais Andrew Adamson réalise un rêve de gosse. Il revient sur ce film épique et magique, en salles ce 21 décembre...

    En octobre dernier, le site www.elbakin.net, quartier général des fans d'heroïc-fantasy francophones, posait les questions des fans des Chroniques de Narnia à Andrew Adamson. L'occasion de constater que le réalisateur est assurément l'un des plus grands admirateurs de l'oeuvre de C.S. Lewis, et donc l'homme providentiel pour adapter son oeuvre avec Le Monde de Narnia : chapitre 1 - le lion, la sorcière blanche et l'armoire magique. Morceaux choisis...

    Que représente pour vous le monde de Narnia ?

    Andrew Adamson : Je ne sais pas trop comment répondre à cette question... Lorsque, enfant, j'ai lu ces livres, j'ai cru que Narnia était un monde réel, pas un monde imaginaire comme par exemple Oz l'est pour Dorothy. Pour moi, il représente la possibilité qu'il existe des endroits au-delà du monde connu. Je désire vraiment que des endroits comme Narnia existent...

    Quel a été l'élément le plus important des livres que vous ayez eu envie de faire passer à l'écran ?

    Il était très important pour moi de rester fidèle à l'histoire et de créer un monde crédible, à Londres d'abord, avant que les héros ne découvrent Narnia, puis à Narnia même. Je voulais vraiment faire naître à l'écran le monde de Narnia tel que je l'ai imaginé quand j'étais enfant. En relisant les livres une fois devenu adulte, j'ai découvert qu'ils étaient bien plus simples que ce que j'avais imaginé, et j'ai trouvé cette idée intéressante. J'ai pris conscience que pour l'enfant que j'étais, Narnia avait été un monde aussi réel que le nôtre. Je l'avais vu comme un univers qui existait pour de bon et abritait d'étranges créatures aussi vivantes que vous et moi.

    Etiez-vous intimidé à l'idée que votre premier film en prise de vues réelles soit un projet aussi colossal ?

    Bien sûr. Je pensais que mon premier film en prise de vues réelles serait un film "ordinaire", peut-être une étude de personnages, un petit film indépendant... Certainement pas ça ! Mais quand l'occasion s'est présentée, je n'ai pas pu laisser passer cette chance. J'aimais trop ces livres, depuis trop longtemps ! Une fois que vous avez commencé, vous essayez simplement de régler les problèmes qui vous arrivent dessus un à un, vous fractionnez les grandes étapes en toutes petites pour ne pas vous faire déborder.

    Quelle est pour vous la plus grande différence entre la réalisation d'un film d'animation et celle d'un film en prise de vues réelles ?

    Ce qui compte, c'est la narration. Sous certains angles, ce sont deux disciplines très similaires. Vous cherchez le meilleur moyen de raconter l'histoire, puis vous essayez d'obtenir les meilleures interprétations possibles. Et toujours, vous travaillez à créer l'univers visuel au sein duquel les personnages peuvent exister. J'ai trouvé beaucoup de similitudes dans des environnements différents. La plus grande différence, c'est qu'en prise de vues réelles, nous n'avez pas à dire à vos personnages quand cligner des yeux, et qu'en animation en images de synthèse, vous n'avez pas à vous soucier de la météo... Il suffit d'étendre cette métaphore et elle couvre presque tout !

    Quelle était votre première interrogation au moment de choisir les acteurs pour les quatre rôles principaux ?

    Je cherchais principalement des enfants qui étaient "comme" les personnages plutôt que simplement des acteurs qui les incarneraient. En général, je passais du temps avec les enfants pour apprendre à les connaître un peu mieux et savoir s'ils étaient comme les personnages tel que je les imaginais.

    Quelles qualités recherchiez-vous ?

    Honnêtement, je cherchais des enfants qui seraient fondalement les personnages, alors ils n'auraient pas à se soucier du fait de jouer, ils pourraient simplement être eux-mêmes. Avec Lucy, nous avons trouvé une enfant adorable, compatissante et imaginative. Avec Edmund, nous avons trouvé un garçon dont la curiosité naturelle et la tendance à la malice étaient une part importante de sa personnalité (Skandar Keynes serait d'accord), avec Susan nous avons trouvé une belle jeune fille qui est très intelligente et avec Peter nous avons trouvé un garçon sur le point de devenir un homme, qui était également doué pour être un grand frère généreux et attentionné, ce qu'est William Moseley.

    Qu'est-ce qui a eu l'impact le plus fort sur vous durant le tournage ou la post-production ?

    Je crois que la chose qui a eu le plus d'impact sur moi fut ma relation avec les enfants. Peu à peu, je ressentais pour eux la même chose que pour ma propre famille. C'était une expérience tellement intense que celle que nous avons vécu tous ensemble, nous la partagerons toujours. J'espère rester en contact avec chacun d'eux quand ils grandiront pour accomplir toutes ces choses merveilleuses dont je les sais capables.

    Les créatures sont-elles de pures images de synthèse comme dans "Star Wars" ou sont-elles basées sur l'interprétation humaine comme Gollum ? Comment avez-vous choisi leurs voix ?

    Nous avons utilisé en fait toutes les techniques disponibles, ou presque. Dans certains cas les personnages sont faits à base de capture de mouvements réalisée en plateau, dans d'autres elles sont de pures animations, et parfois aussi elles sont un mélange des deux. Nous avons des personnages qui sont faits uniquement en images de synthèse et d'autres qui sont un mélange d'humains et d'images de synthèse.

    Pour les centaures, nous avons parfois un corps de cheval avec une partie supérieure humaine en images de synthèse, et à d'autres moments c'est le contraire, ou ce peut aussi être uniquement de l'image de synthèse. Il fallait décider plan par plan. Pour le casting, cela se passe comme pour le casting de n'importe quel personnage. On choisit en fonction de plusieurs éléments, la personnalité de l'acteur, son style de jeu, etc. Dans notre cas bien sûr, la voix est un élément vital parce que toute l'animation en découle.

    Que représente à vos yeux le personnage d'Aslan le lion ?

    J'ai toujours aimé les fauves à cause d'Aslan ! J'aime la peur et l'admiration qu'ils suscitent, la fascination qu'ils exercent sur nous tout en nous terrifiant. Je crois que c'est la raison pour laquelle C.S. Lewis a choisi un lion pour ce personnage puissant et omnipotent.

    Narnia est un monde complet. Quelle a été la partie la plus difficile à représenter ?

    Les paysages d'hiver. Il fallait les représenter à la fois en studio et sur les lieux de tournage. En raison des saisons, il a fallu tourner sur le décor en studio avant de tourner en extérieurs, ce qui signifiait que nous prenions un gros risque en pariant que la neige serait au rendez-vous quand nous tournerions en Europe Centrale. Je rends hommage à Donald McAlpine et Roger Ford qui ont réussi à créer un monde en parfaite continuité avec de telles contraintes !

    Quelle a été la plus grande difficulté de ce film ?

    Sans doute son ampleur. Le film débute comme un petit film dramatique familial à Londres durant la Seconde Guerre mondiale et se révèle ensuite une épopée et un film de guerre avec une immense bataille ! La gamme des décors extérieurs, des personnages et des saisons l'a rendu techniquement très difficile et physiquement éprouvant pour toute l'équipe.

    Quelle a été votre scène favorite à tourner ?

    Différentes scènes pour différentes raisons. J'ai vraiment aimé la difficulté de la bataille parce que c'était aussi en plein air et un challenge physique. J'ai aimé les scènes entre Lucy et Tumnus, parce que Georgie Henley et James McAvoy étaient si amusants ensemble. Il y a eu beaucoup de moments où je savais que nous étions en train de faire quelque chose de spécial : Susan et Lucy pleurant sur la dépouille d'Aslan était tristement beau ; la Sorcière Blanche se reportant à Edmund est une scène formidable entre Tilda Swinton, Skandar Keynes et Kiran Shah ; voir William Moseley chevaucher dans la bataille revêtu de l'armure de Peter. Il y en a trop pour les mentionner tous.

    Quelle a été la scène du livre la plus difficile à porter à l'écran ?

    La bataille a été la plus ardue au plan technique. Il y avait un grand nombre d'éléments, des créatures en images de synthèse, des créatures prosthétiques, des animaux... et nous tournions dans un lieu éloigné qui nous obligeait à transporter tout le monde de la vallée au sommet des montagnes en hélicoptères ! Et en plus, il neigeait !

    Même pour des adultes, certaines scènes du livre sont très sombres. Comment avez-vous géré ça avec les enfants ?

    C.S. Lewis pouvait écrire quelque chose comme "Je ne peux pas vous dire à quel point c'était dur ou vos parents ne vous laisseraient pas lire ce passage". Dans le film, nous devons faire avec la visualisation de ces moments. Ce sont des moments sombres, ce sont des passages effrayants, des moments d'émotion, des moments tragiques. Je voulais les éveiller à la vie d'une façon qui traite la réalité de vie et mort de ces situations mais d'une façon qui n'empêcheraient pas les jeunes enfants d'apprécier le film. Les enfants aiment avoir peur tant qu'il y a du soulagement quelque part, il n'y a pas besoin d'être traumatisant ou trop visuel pour obtenir l'impact émotionnel recherché par le roman.

    A quel public principal ce film est-il destiné ? Les adultes y trouveront-ils leur compte ?

    Le public principal, c'est moi ! Je veux dire par là que vous ne pouvez faire qu'un film qui convienne à votre propre sensibilité et qui vous plaise à vous-même. Si vous commencez à essayer de deviner ce qui va plaire au public, alors vous cessez d'être sincère. Ceci dit, je crois que c'est une histoire universelle qui s'adresse aussi bien aux enfants qu'aux adultes, aux filles qu'aux garçons. C'est une histoire qui parle de rivalité et de mésentente entre frères et soeurs et les porte à un niveau épique de trahison, de sacrifice et de pardon, et elle le fait avec coeur et ampleur. En plus, c'est un spectacle époustouflant. J'ai eu de la chance jusqu'ici parce que mes films ont plu à un large public, et j'espère que celui-ci fera de même !

    Redoutez-vous les réactions des fans de Narnia envers votre interprétation du livre ?

    C'est très intimidant de faire un film à partir d'un livre quand vous savez combien les gens sont attachés à l'oeuvre écrite. Vous ne faites pas simplement une adaptation du livre, vous touchez à leurs souvenirs personnels. Mon objectif a toujours été de rester fidèle au monde créé par C.S. Lewis. Je touche à la fin de trois années consacrées à la création de ce film, et je ne crains plus les réactions des fans, parce que je pense que nous avons fait un film qui sera plus que satisfaisant à leurs yeux...

    Quelle a été votre approche envers le propos chrétien en filigrane très discuté que l'on trouve dans les livres ?

    Mon approche a été simple : faire un film fidèle au livre de C.S. Lewis. C'est un livre qui a été lu par des générations et interprété différemment par un grand nombre de gens au fil des ans. Je crois que le film lui est fidèle de la même manière : si vous trouvez une signification spirituelle dans le livre, vous la trouverez dans le film. Si vous avez aimé l'aventure de l'oeuvre écrite, vous aimerez celle du film...

    Comment pensez-vous affronter les inévitables comparaisons entre votre film et la trilogie du "Seigneur des Anneaux" ? Qu'est-ce que votre film a d'unique ?

    Vous avez raison : les comparaisons seront inévitables. C.S. Lewis et J.R.R. Tolkien étaient des contemporains, ils étaient même amis et écrivaient dans le même genre littéraire. Je pense cependant que leurs histoires sont complètement différentes. Celle de C.S. Lewis emmène des enfants de notre monde dans un monde parallèle magique. Narnia est un peu le nouveau monde de la très ancienne Terre du Milieu... Je pourrais continuer longtemps sur les différences, mais en fin de compte le film parlera de lui-même - c'est un style visuel, un ton et une histoire tellement différents...

    Auriez-vous aimé rencontrer C.S. Lewis ?

    J'aurais adoré rencontrer C.S. Lewis, particulièrement quand j'étais enfant. J'ai lu nombre de ses lettres à des enfants à propos de ses livres, et j'aurais aimé pouvoir lui poser mes propres questions ! Et pour le mettre à l'aise, je crois que je lui aurais montré l'amour que j'éprouve pour ses livres, comme je l'ai fait avec Doug Gresham, son beau-fils.

    Si vous aviez une armoire comme celle du film, où voudriez-vous aller ?

    Narnia évidemment, mais avant tout n'importe où. J'aime l'idée d'aller dans n'importe quel endroit inconnu. Il y a tellement peu d'endroits encore vierges dans notre monde que j'aime l'idée d'en découvrir de nouveaux. Je pense que c'est l'une des joies du cinéma, être en mesure de visiter des mondes imaginaires.

    Propos recuellis par l'équipe de www.elbakin.net

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