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    Des "Petits meurtres en famille" commis par Marius Colucci

    Emile Lampion enquête sur des "Petits meurtres en famille". Marius Colucci, son interprète, a subi l'interrogatoire d'AlloCiné Séries...

    AlloCiné Séries : Connaissiez-vous le roman d'Agatha Christie "Le Noël d'Hercule Poirot" qui a inspiré "Petits Meurtres en famille" ?

    Marius Colucci : Non, je n'avais d'ailleurs jamais rien lu d'Agatha Christie excepté "Les dix petits nègres", comme tout le monde. J'avais vu aussi quelques séries Hercule Poirot. Par contre j'ai lu tout Sherlock Holmes (ndlr : de Sir Arthur Conan Doyle) et Arsène Lupin (ndlr : de Maurice Leblanc), donc j'étais assez familier de ce type d'atmosphère. C'est l'ancêtre du feuilleton : quand il n'y avait pas la télévision ou la radio, ces histoires étaient publiées dans les journaux et les gens achetaient tous les jours, comme plus tard Tintin dans "Le petit vingtième" (ndlr : un journal de la 1ère moitié du 20ème siècle) ou Rouletabille. Faire un feuilleton policier adapté d'Agatha Christie, non seulement c'est un gage de qualité mais c'est aussi l'assurance d'une atmosphère. On n'avait pas besoin de nous expliquer, on comprenait bien, on savait bien que là il fallait être suspicieux, là mystérieux, avoir l'air coupable ou au contraire très innocent.

    Dans un feuilleton de ce genre, les fausses pistes se multiplient. Chaque personnage peut devenir le suspect idéal. En tant qu'acteur, prenez-vous en compte ce schéma interactif très particulier ? En créant justement des fausses pistes par le jeu, un regard, un sourire...

    Oui mais il ne faut pas que tout le monde se mette à devenir suspect ! Effectivement on a un peu joué à ça, en accord bien sûr avec le réalisateur, qui a mis quelques limites. Certains en jouaient beaucoup, par exemple Bruno Todeschini et Jean-Marie Winling, que je peux citer parce que je les ai vus essayer de rendre leurs personnages plus suspicieux. Tout le monde jouait un peu à ça, mais seulement par moments car il y a des scènes plus axées sur l'amour ou la comédie, dans lesquelles la suspicion passe un peu au second plan.

    Néanmoins vous dites à propos de votre personnage "Méfiez-vous de l'eau qui dort..."...

    Oui, Lampion (ndlr : le nom de son personnage) pose les questions, mais on ne lui en pose jamais, à lui. On ne sait jamais où il était à tel moment. Il est un peu curieux, mais ils le sont tous ! C'est justement ça qui est intéressant. Les Le Tescou sont véritablement la famille qu'on n'a jamais envie de rencontrer (rires) !

    Qui est l'inspecteur Emile Lampion ?

    Emile Lampion, c'est une lumière (rires)... Pardon, mais ce jeu de mots figure dans le feuilleton (rires) ! C'est un jeune flic, plus intelligent qu'il n'y paraît. Il a l'air maladroit mais c'est parce qu'il est inexpérimenté. Il est dans l'ombre de Jean Larosière (ndlr : joué par Antoine Duléry) qui est le meilleur flic de France. Lampion est donc très content de travailler avec lui parce que c'est son idole, mais en même temps il s'installe petit à petit un concours d'intelligence entre les deux, Larosière montrant toute son expérience, Lampion essayant de montrer qu'il est aussi très malin, et cette concurrence va déboucher sur un conflit. Si on suivait Lampion un peu plus longtemps que 4 épisodes, il pourrait devenir le nouveau super flic, une sorte de Rouletabille ou de Sherlock Holmes. Il a un côté très malin et c'est pour cela qu'il faut s'en méfier un peu : ça cache quelque chose d'être aussi maladroit tout en étant intelligent...

    Vous avez évoqué Rouletabille, Tintin et le genre littéraire feuilletonesque, vous en êtes-vous inspiré ?

    Nous étons habillés en Tintin et Capitaine Haddock avec Antoine Duléry ! On a cherché Milou pendant tout le feuilleton sans jamais le trouver (rires) ! Il est vrai que nous sommes un peu attifés comme dans Tintin, j'adore ça.

    Au-delà de l'enquête policière que votre personnage mène avec Larosière, votre rôle, ainsi que la dynamique de votre duo avec Antoine Duléry, est-il une soupape comique ?

    Il n'y a pas que nous, il y a aussi le duo Frédérique Bel et Mathias Mlekuz qui est à mourir de rire. Ce mélange entre enquête policière et comique engendre un style. On n'est jamais complètement dans le mystère... Les trois frères (ndlr : Bruno Todeschini, Mathias Mlekuz et Gregori Derangère) sont là pour le pesant. Autour d'eux, nous sommes là pour déconner, pour qu'il y ait effectivement des soupapes qui permettent de ne pas être trop crispé sur l'intrigue mais également de la suivre simplement, en n'ayant pas à tout noter dans un carnet pour suivre l'intrigue. Ça m'est arrivé parfois en lisant des bouquins de tout noter sur un carnet pour démêler l'intrigue. J'ai dû en lire beaucoup parce que je suis devenu assez enquêteur (rires) ! Pendant le tournage nous étions dans un hôtel où il y avait de toutes petites cloisons et je repérais les gens qui n'allaient pas dormir dans leurs chambres. Quand on entend une porte qui s'ouvre à clé et qui ne se referme pas à clé, c'est suspect ! Normalement quand on rentre dans sa chambre d'hôtel, on ferme à clé.

    Quand, une heure après, cette porte se rouvre et se ferme à clé et que la porte d'à côté s'ouvre à clé et se ferme à clé, le doute n'est plus permis (rires) !

    On parlait des costumes mais est-ce que les décors vous ont également aidé à composer votre personnage ?

    Oui ! Le manoir dans lequel on a tourné n'avait plus été utilisé depuis le film Je suis le seigneur du château, et n'était pas chauffé... Lorsque l'équipe a trouvé le décor, il ont su que c'était là. Quand on met son costume, qu'on apprend son texte et que l'on évolue dans un tel espace, il n'y a plus qu'à patiner. En regardant le feuilleton, je me suis aperçu que l'on se rendait bien compte des lieux par rapport aux autres. Faire un Agatha Christie, dans ces décors là, avec ces costumes là, avec cette intrigue, c'était parfait ! Tout allait très bien ensemble.

    Tout comme le casting, qui est impressionnant...

    Oui, j'avais l'impression d'avoir gagné le gros lot : (mimant un animateur de jeu) "Vous avez gagné le gros lot : vous allez jouer avec Antoine Duléry, Elsa Zylberstein, Gregori Derangère et Bruno Todeschini !"

    Dans une des scènes entre Duléry et vous, lorsque vous discutez ensemble des hypothèses de l'enquête dans la cuisine, on voit clairement de la buée sortir de vos deux bouches. Il a réellement fait froid sur le plateau...

    On a fait les plans dans cette cuisine la première semaine et il y faisait vraiment très froid. Les conditions n'étaient pas simples. J'étais malade et, en plus, c'était le garde-manger. Il y avait donc des saucissons, des jambons, des lapins morts accrochés... J'ai un peu peiné, je me baladais tout le temps avec un mouchoir plein de camphre que je respirais entre chaque prise. On a prévenu l'équipe que lorsque les filles arriveraient quelques jours plus tard elles ne tiendraient pas avec leurs robes. Ils sont alors cherchés des chauffages. C'est vrai qu'il faisait froid dans les sous-sols du château, personne n'y avait habité depuis des années... On s'est bien marré !

    Justement pour continuer dans cette direction, vous auriez pu être tenté de cabotiner, mais au contraire, votre jeu est fondé sur la retenue, le détail plutôt que le pochoir. Est-ce une volonté de votre part ?

    Oui, je me suis plutôt inspiré du burlesque, ça me faisait un peu penser à Buster Keaton. Je me suis attaché à des détails, par exemple quand on découvre le corps, mon personnage se tient derrière Larosière et j'ai fait en sorte de régler mon pas sur le sien. Mais en général l'atmosphère du feuilleton ne se prêtait pas trop aux cabotinages. Frédérique Bel et Mathias Mlekuz eux vont à fond dans la farce. Pour Larosière et Lampion on a pris une autre option, et le réalisateur en était très content. Quand une scène est écrite sur le ton de la comédie, si on la joue comique, ça fait doublon.

    Quand on joue une scène où l'on s'assoit, on ne dit pas "Je m'assois" ! J'aime bien faire rire parce que c'est toujours plus rigolo que de faire pleurer, au-delà de ça je ne suis pas certain d'être un roi du comique. Par contre Duléry, il a avalé un clown (rires) ! Il est formidable pour ça. Au bout de 3 semaines, même pas, au bout de 3 minutes sur le plateau, il imite déjà tout le monde. J'avais tous mes jours sur le plateau avec lui et tous mes jours de repos avec lui également. Saint Brieuc (ndlr : en Bretagne, région où a été tournée le feuilleton) est une très belle ville, mais avec Duléry c'est encore mieux. C'est lui aussi un pitre mais dans nos rôles nous étions sur le mode "drôle" mais pas "farce". Il y a une belle relation entre Larosière et Lampion et elle se développe. La saga est fondée sur une histoire de filiation, les enfants ont des problèmes avec leur père ou avec leur fils ou les deux. Du coup il y a une forme de rapport qui s'installe entre le maître et l'élève.

    Quelles sont vos séries préférées ?

    Je vais surtout mentionner des séries du passé parce que je n'en regarde plus trop. J'ai abandonné parce que l'absence de conclusion m'embête. J'aime bien Six Feet Under, justement parce que les histoires se concluent un peu, mais je ne peux pas regarder 24 parce qu'un personnage qui, à tous les épisodes, sauve le monde mais dont l'histoire ne finit jamais, ce n'est pas possible ! J'aime quand il y a le mot "fin", quitte à imaginer quelque chose par soi-même ensuite. En tout cas j'ai été fan de Riptide. C'était débile comme série mais je suis sûr qu'on l'a tous regardé une bonne centaine de fois. J'aimais aussi La Quatrième dimension, Alfred Hitchcock Présente et Chapeau melon et bottes de cuir. Il y avait un vrai concept rigolo dans cette dernière. Il n'y avait pas d'argent pour construire un vrai décor et c'est devenu leur marque de fabrique : le studio est blanc, il y a trois établis et des flacons dessus, on est chez un pharmacien !

    Quels sont vos projets ?

    De travailler plus, encore plus et toujours plus ! J'adore ça. C'est un métier de boulimique schizophrène, il faut aimer être un fils de boucher un jour, un soldat le lendemain et un avocat le 3ème jour. C'est un métier très agréable, quand on travaille, et il est rare de se lever le matin en se disant qu'on ne veut pas aller au boulot.

    Propos recueillis par Thomas Destouches le 27 octobre 2006 à Paris

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