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    Rencontre avec l'équipe de "Taxi 4"

    Accrochez vos ceintures ! A l'occasion de la sortie ce 14 février du quatrième opus de la saga survitaminée "Taxi", le réalisateur Gérard Krawczyk et les comédiens Frédéric Diefenthal et Bernard Farcy se sont livrés à quelques confidences sur le film et le principal absent, Samy Naceri. Morceaux choisis...

    Frédéric, qu'est-ce qui vous a poussé à faire de nouveau partie de l'aventure "Taxi" ?

    Frédéric Diefenthal : J'ai voulu recommencer pour diverses raisons. Si j'avais trouvé le scénario mauvais, je n'aurais pas accepté par respect pour le public. Ici, le scénario était plus épais que pour les précédents, il y avait plus de choses à tourner. Le film s'est construit très vite. Quand Luc Besson, le producteur et l'auteur, m'a demandé si j'étais partant, je lui ai dit pourquoi pas. Je pensais que le tournage aurait lieu un an après, je travaillais sur la série David Nolande et j'allais attaquer mes répétitions pour la pièce de théâtre que je joue en ce moment [L'Importance d'être constant]. Il m'a répondu : "Non, non, si on le commence, on le fait mi-juin." "Ah bon, t'es comme ça toi ! Tu peux me libérer pour le théâtre ?" lui ai-je demandé. "Pas de souci, je te libérerai pour les répétitions", m'a-t-il dit. Et puis, j'avais envie de me marrer. Mine de rien, faire une heure et demi de déconnades, c'est du boulot. On avait un peu le temps de rire mais il fallait surtout travailler. La comédie, c'est vraiment une horlogerie mécanique, c'est compliqué, car très précis. On était beaucoup en studio, à tourner sur fond vert. On peut ainsi de façon pratique gagner du temps. Ca a toujours un côté abstrait, mais la surprise n'en est que plus grande lorsqu'on voit le film. Le tournage s'est déroulé dans une sorte d'effervescence, le film a gagné en spontanéité. Quand je l'ai vu, j'ai retrouvé cette forme de fraîcheur dans les scènes, les personnages et la bande-son.

    Le Commissaire Gilbert ne serait-il pas devenu le véritable héros du film ?

    Frédéric Diefenthal : Le Commissaire Gilbert est un personnage hors norme qui rappelle un peu Louis De Funès tout en ayant son propre caractère. Même pour nous de le voir tourner, c'est une anecdote à lui tout seul Bernard. Il a déjà en lui cette façon très "gilbérienne" d'appréhender son rôle. Je trouve ça très bien qu'on ait donné plus d'importance à son personnage, je suis le premier à en rire.

    Bernard Farcy : Mon rôle a pris de l'ampleur au fur et à mesure des tournages pour la raison suivante, c'est que dans les autres films, mon personnage voyait les plans qu'il avait mis du temps à élaborer s'effondrer inévitablement. Là, dans le quatrième, je me suis dit que je ne pouvais plus être surpris des conneries que faisaient mes partenaires, parce que ça ne marcherait pas une quatrième fois. La seule chose que je pouvais me demander, c'est à quel moment ça allait déconner et qui allait faire la boulette. C'est la seule nuance que j'ai pu mettre, car le personnage est dessiné depuis le premier Taxi, au moins depuis le deux. Après les circonstances, le jeu avec les autres acteurs, les scènes font que comme c'est le chef, il est le plus présent à l'écran. J'aime beaucoup ce personnage, il est poétiquement infantile. Il a une dimension un peu éthérée, il est plein de bonne volonté, il est à fond dans son métier avec une forme d'enthousiasme, de conviction et d'ingénuité presque qui fait que c'est rarissime de trouver un flic comme ça. Et on aimerait bien tous en rencontrer un. C'est plaisant de jouer ça, il n'a aucune méchanceté, aucun trait de caractère négatif, sauf qu'il s'exaspère et qu'il est très nerveux. Et avec la bande de Prix Nobel de niaiserie qu'il a autour de lui, c'est normal.

    Luc Besson a dit avoir fait ce film en partie pour "sauver" Samy Naceri. Qu'en pensez-vous ?

    Frédéric Diefenthal : Je ne sais pas ce qu'il s'est passé entre Luc et Samy, ça les regarde. Je sais juste qu'il y avait un film à faire. En revanche, ce qui est sûr, c'est que Samy est plus en forme lorsqu'il tourne des films que lorsqu'il est dans la vraie vie. Je pense que c'est sa dernière sortie de route. J'ai été très heureux qu'on se retrouve. Ca faisait longtemps qu'on ne s'était pas vu, mis à part des coups de fil de temps à autre. Une promo de Taxi sans Samy, c'est pour moi l'impression d'être un peu en déséquilibre. J'ai envie de me marrer, de voir des choses positives. A deux, on a commencé le premier Taxi il y a quasiment dix ans, durant l'été 97, on n'est pas loin d'une date anniversaire. Alors, j'ai surtout envie de ne penser qu'à ça et j'aimerais que les gens ne retiennent de lui que son sourire dans le film. Et cette belle image de fin où on nous voit tous les deux.

    Bernard Farcy : S'il a fait ce film, c'est parce qu'il y avait une attente du public. Alors, c'est peut-être une de ses intentions, mais je ne l'ai pas entendu dire ça. Ce que j'aimerais, c'est que Samy sorte de son enfer, redevienne le bon acteur, le garçon sympathique avec lequel j'ai tourné, et qu'il arrive à vaincre ses démons. Il faut qu'il soit aidé et qu'il ait un soutien médical. Pas forcément la prison, même si évidemment tout ce qu'il a fait, personne ne peut être d'accord avec ça. Ce sont des actes qui méritent une sanction, mais le Samy Naceri que je connais, c'est celui que vous avez sur l'image et qui peut être tendre et drôle.

    Gérard Krawczyk : Je ne sais pas. Pour moi, Samy, c'est toujours Daniel, c'est la continuité. Là où je suis triste, c'est qu'il ne soit pas là aujourd'hui, c'est ça qui me désole, c'était une fête et ça aurait été bien de la partager avec lui. C'est un grand acteur, qui a beaucoup de talent, et c'est un peu du gâchis. Il y a sa vie privée, qui lui appartient, et puis le film. Quand on a tourné, ça s'est très bien passé. C'est mon ami et j'espère qu'on le reverra très bientôt.

    Frédéric, comment l'absence au casting de Marion Cotillard a-t-elle été gérée ? Comment expliquez-vous le fait que "Taxi 4" et "La Môme" sortent en salles la même semaine ?

    Frédéric Diefenthal : Dans le scénario, il n'était pas question de remplacer l'actrice. Il y avait des problèmes de calendrier. Le film se faisait à cette période [en juin 2006] et pas à un autre moment... Quant au hasard de la programmation, je ne sais pas... Ce sont deux films complémentaires pour le public, les gens peuvent aller voir les deux. Il y a d'une part la grosse comédie que tout le monde connaît et d'autre part un hymne à cette femme qui a marqué le pays. Pour Marion, c'est magnifique d'avoir pu jouer ce rôle. Je n'ai pas encore vu le film et je ne manquerai pas de le voir. Il y a deux films français, très différents l'un de l'autre, qui sortent cette semaine et c'est tant mieux pour le cinéma français. Je préfère ça à une confrontation avec un film américain.

    Des quatre "Taxi", quel est votre préféré ?

    Frédéric Diefenthal : Le premier Taxi restera toujours le premier. C'est comme ça, c'est la naissance de quelque chose, mais ce Taxi 4 renoue avec les racines de la saga. Ca serait malhonnête de vous dire que Taxi 3 est meilleur que Taxi 2 et ainsi de suite. Ils ont tous un équilibre. C'est vrai qu'à partir du troisième, ça surfait peut-être trop sur l'action. Là, il y a un parti pris de vouloir retourner davantage vers la comédie avec plein de clins d'oeil [notamment à Scarface]. Mais je rassure ceux qui ont besoin de leur dose de crissements de pneus, ils l'auront !

    Bernard Farcy : Ce Taxi-là se concentre davantage sur le jeu, et les personnages sont plus dessinés. Dans le premier, on courait après des Allemands, dans le deuxième, on courait après des Japonais, dans le troisième, on courait après des Père-Noël, c'était abstrait. Alors que là, on court après quelqu'un de précis et ça permet de recentrer l'action, d'avoir un élément de suspense, car même en comédie la personne poursuivie est réputée dangereuse. Tout ça fait qu'il y a moins d'action et plus de comédie. Ca conviendra à tout le monde, du moins j'espère.

    Gérard Krawczyk : Ce nouveau film a été abordé comme les autres sauf que maintenant les héros sont devenus des pères de famille. On a souhaité un véritable retour aux sources, à la pure comédie, au jeu des acteurs qui sont bien déjantés. On va jusqu'à flirter avec le burlesque, c'est ça que j'adore. On a acquis une certaine liberté avec ces personnages, on peut leur faire faire des trucs de plus en plus dingues. Ca, c'est vraiment jubilatoire.

    Gérard, vous avez enchaîné dans la foulée les tournages de "Taxi 4" et de "L'Auberge rouge"... Ce changement d'univers n'a-t-il pas été déstabilisant ?

    Gérard Krawczyk : C'est fréquent que je réalise deux films dans la foulée, ça s'est produit pour Taxi 3 et Fanfan la Tulipe par exemple. C'est marrant, quand je suis sorti de l'IDHEC, j'ai aussi fait dans la foulée Je hais les acteurs et L'Eté en pente douce, je ne sais pas pourquoi. Et puis avant Taxi 4, j'ai fait un film qui s'appelle La Vie est à nous !, qui est passé un peu inaperçu. Tous les réalisateurs vous diront qu'on ne maîtrise pas le timing, quand on vous propose des films que vous avez vraiment envie de faire, vous considérez cela comme un privilège et vous vous arrangez pour pouvoir les tourner.

    "Taxi", c'est 6 400 000 entrées. "Taxi 2" c'est 10 300 000 entrées et "Taxi 3" 6 150 000 entrées... Quel score visez-vous avec ce quatrième "Taxi" ?

    Gérard Krawczyk : Ce qu'on aimerait, c'est que ça fasse au moins 3 millions, ça serait bien. Un film comme Taxi, c'est fait pour rassembler le plus grand nombre. On ne peut jamais savoir, je vous ai dit un chiffre mais ça n'engage que moi. Là où je suis content et fier, c'est que quand je vois le film en tant que spectateur, c'est celui qui me fait le plus rire et je ne me lasse pas de le revoir.

    Propos recueillis par Guillaume Martin au Pathé d'Aix-en-Provence le vendredi 9 février

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