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    Rocky & Rambo, par Sylvester Stallone

    A l'occasion de la sortie DVD de "Rocky Balboa" le 25 juillet, Sylvester Stallone revient sur les deux personnages, faces claire et obscure d'une même pièce. Et nous dévoile au passage le quatrième volet des aventures de "Rambo". Morceaux choisis...

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    Comment se passe le tournage de "John Rambo" ?

    Sylvester Stallone : C'est fantastique ! Que se soit pour Rocky ou Rambo, c'est un énorme sentiment de fierté que de me replonger au coeur de ces personnages que j'ai crée il y a plus de 20 ans. Pour Rambo IV -le titre provisoire étant John Rambo- nous tournons au Mexique et en Thaïlande et malgré une grosse logisitique, c'est une experience unique. Ce qui est incroyable, c'est de voir que mes fans, partout dans le monde, ne sont pas des gens de mon âge mais sont très jeunes. C'est incroyable de voir que ces "héros" sont devenus en quelque sorte intemporels. J'ai écrit ces films pour des gens de mon âge mais ce sont les jeunes qui vont aujourd'hui voir ces films... Rambo est différent au niveau du thème par rapport à Rocky. Pour Rocky, il s'agissait de monter qu'à tout âge on peut faire une come-back et continuer à être au top. Tandis que dans le nouveau Rambo, il s'agit de dénoncer les atrocités au Myanmar (Birmanie) et même au-delà de ce pays, partout où se passent des injustices.

    Quelles sont selon vous les différences entre le premier "Rocky" et "Rocky Balboa" ?

    Et bien quand j'ai fait Rocky, j'étais un jeune loup plein d'ambition et de rêves. Il y avait une certaine naiveté à Rocky, une certaine innocence également. Maintenant dans Rocky Balboa il est plus mûr et réfléchi, tout comme moi. C'est une évolution psychologique normale. Rocky a tout eu dans sa vie et il a aussi tout perdu, tout comme moi. Finalement j'ai acquis une certaine philosophie de la vie que j'écris dans Rocky Balboa. Il y aussi un certain nombre de regrets, d'erreurs qui s'accumulent en moi, en Rocky, en Rambo... En vieillissant, la vie prend un autre visage et tout semble plus dur à conquérir, à gagner car il n'y a pas le même enthousiasme de la jeunesse, la même foi aveugle pour faire bouger les montagnes. Pour Rocky, aujourd'hui, il s'agit aussi de faire la paix avec lui-même, d'arriver à recomposer le puzzle éclaté de sa vie. Je crois que c'est quelque chose que nous traversons tous, ces moments de doute, de détresse, où il nous faut nous reconstruire, et croire à nouveau en un futur positif. Ce n'est pas facile de retrouver la foi quand vous l'avez perdue. Il sagit de tourner la page et de laisser la tristesse derrière...

    Tout ça est donc vraiment très proche de votre vie, notamment les "bas" de votre carrière ?

    Oui, tout à fait. Les premier Rocky n'étaient que des histoires que je racontais mais les deux derniers films sont vraiment inspirés par des crises personnelles, de doute, d'angoisse que j'ai traversées. En fait, je dois également dire que le premier Rocky était aussi biographique que le dernier film. Dans le premier, c'était un parallèle avec l'acteur que j'étais qui cherchait par tous les moyens à devenir célèbre. Et bien sûr dans ce dernier épisode, il sagit de tourner la page sur une époque de ma vie, d'en être satisfait totalement, de laisser une sorte d'héritage derrière soi et de continuer à vivre, en tentant de retrouver le sourire, au-delà des galères et des souffrances.

    Pourquoi n'avoir pas créé de nouveaux personnages pour ces nouveaux volets de Rocky et Rambo ?

    J'ai pensé que pour moi, il fallait repartir de ce que le public connaissait. De plus, c'est vraiment difficile à ce stade de créer de nouveaux personnages. Je n'ai pas l'étoffe pour créer un nouveau Rambo ou Rocky. Et la nouvelle génération de "jeunes" n'a jamais vu Rambo et a finalement peu entendu parler de Rocky. Et puis j'ai tant à dire avec Rambo... Rocky est le côté "clair" de ma force et Rambo le côté "obscur". J'ai tant à dire sur le monde dans lequel nous vivons. Pour moi, faire Rambo, c'est en quelque sorte comme faire de la politique. Il me faut dénoncer les atrocités dont sont victimes certaines populations. Le dernier Rambo avait trop d'action et c'était un peu risible. J'ai voulu dans John Rambo revenir aux origines du personnage, à son côté "révolutionaire".

    Ce n'est pas trop dur de juger vos propres films, comme vous venez de le faire pour "Rambo III" ?

    Bien sûr qu'à l'époque je disais que c'était mon meilleur film. Mais dix ans après, il faut savoir prendre de la distance, être objectif, être honnête et se rendre compte que c'était vraiment un mauvais film, un film presque ridicule. J'aime toujours le premier Rambo, mais mon égo m'a aveuglé avec Rambo III. Maintenant je sais faire prevue d'humilité et de clairvoyance et c'est ce que j'ai tenté d'apporter dans le nouveau Rambo. C'est certes un film un rien déprimant mais si vrai... Et puis avec les années, j'ai appris à écouter le jugement des autres. Quand ma femme me dit que j'ai été une personne difficile et compliquée, j'écoute. Il y a quelques années, j'étais incapable d'être honnête avec moi-même. C'est pourquoi j'ai commis des erreurs de jugement, je me suis isolé. Mais maintenant je sais me faire face, analyser mes forces autant que mes faiblesse. Je suis devenu un autre homme.

    Avez-vous appris quelque chose des personnages que vous avez crée?

    Ce que j'ai appris, c'est que si j'écris quelque chose qui semble vrai, qui a "le goût du vrai", alors le public se sent concerné et s'intéresse au film. Si j'écris sur un sujet proche du public alors ce dernier peut s'identifier à mon écriture et cela marche. Mais si je tombe dans la démesure et le n'importe quoi, alors l'audience décroche. C'est pour cela que j'ai toujours écrit sur des sujet comme l'isolation, la peur, la solitude, la perte d'êtres chers, le passage du temps... Ce sont tous des sujets que chacun affronte. Rocky et Rambo m'ont appris quels sujets approcher avec mon public.

    Est-ce que vous avez craint à un moment de ne pas être de ces nouvelles aventures de Rocky et Rambo ?

    C'est vrai que l'on est tenté de dire non à Sylvester Stallone mais en même temps, mieux que personne, je suis ces personnages. Imaginez que vous deviez faire une suite au Le Parrain, qui prendriez-vous? Bien sûr que vous prendriez Al Pacino... Tout ceci pour vous dire que certain rôles sont nés avec et pour certains acteurs en particulier et que vous ne pouvez pas mettre quelqu'un d'autre à leur place. Quelqu'un qui jouerait Rambo ou Rocky à ma place, je crois, n'arriverait pas à convaincre le public.

    De quel film êtes-vous le plus fier ?

    Pour l'instant, sans aucun doute Rocky Balboa. Mais si j'arrive à mener à bien mon pari avec le nouveau Rambo, je crois que ce sera mon meilleur film de tous les temps. C'est un film dur à faire, c'est un film ultra-violent, ce n'est peut-être pas ma meilleure interprétation mais je sens qu'il y a tant de force et de souffle dans ce film que je veux oser rêver qu'il aura un impact incroyable. Il faudra attendre la fin de l'année pour le voir...

    Rambo est vraiment plus dur à jouer que Rocky ?

    Oui, totalement ! Rocky n'arrive même pas à la cheville de Rambo en matière de réalisation. C'est un rôle tellement physique et épuisant. Pour ce film la logistique est incensée : pendant 3 mois, il nous faut 1h30 pour aller sur le lieu du tournage et 1h30 pour en revenir. C'est vraiment brutal. Il faut faire face aussi aux moustiques, aux allergies, on tourne vraiment au coeur de la jungle avec tous les dangers qui s'y trouvent. Rocky est tourné à Philadelphia et en studios, c'est du gâteau ! Je passe mon temps dans des hôtels confortables, des restaurants luxueux... pas pour Rambo ! Pour Rocky on avait une équipe de 60 personnes mais pour Rambo, on a plus de 500 personnes qui bossent sur le tournage. On a même des élephant pour nous aider à défricher les lieux de tournage dans la jungle thaïlandaise ! C'est comme d'aller à la guerre que de faire un Rambo...

    Et quels sont vos meilleurs moments de tournage sur "Rocky Balboa" ?

    Sans aucun doute les moments où je dois tourner les scènes de combat. Malgré les risques et les coups, parfois un rien portés, j'adore ces scènes. Et puis j'aime aussi les moments de solitude, de silence que traverse mon personnage. Il doit se battre contre ses démons intérieurs, c'est ça son plus grand combat.

    Vous avez l'air, au-delà des apparences, de quelqu'un de sensible...

    Tout à fait. J'ai beau avoir l'air d'un King Kong au dehors, à l'intérieur de moi se cache un Hugh Grant !

    Propos recueillis par Emmanuel Itier à Los Angeles

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