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    "J'aurais voulu être un danseur" : rencontres en musique

    Alain Berliner mène la danse dans "J'aurais voulu être un danseur", avec Vincent Elbaz en apprenti danseur de claquettes. Rencontre avec le chef de ballet et son premier danseur.

    AlloCiné : "J'aurai voulu être un danseur" est-il un film autour des comédies musicales ou une comédie musicale à part entière ?

    Alain Berliner : C'est une comédie musicale. Dramatique. Je pense qu'il y'a assez de numéros dansés, voir chantés pour qu'on puisse parler de comédie musicale, mais pas seulement. L'histoire est un peu différente de ce qu'on a l'habitude de voir dans les films du genre, ce n'est pas simplement un prétexte à un enchaînement de numéros tous plus époustouflants les uns que les autres. La danse est un vrai élément scénaristique du film, un moteur.

    Dans le film, Vincent Elbaz reproduit, inconsciemment, l'histoire de tous les hommes de sa famille. Vous croyez vous-même à ce genre de phénomène ?

    A. B Je crois vraiment qu'inconsciemment on répète des choses, des comportements familiaux. Et ce sont souvent des choses très dramatiques, des maladies par exemple. J'ai cet exemple d'un homme, qui ignorait que son père s'était pendu, et qui fait, exactement au même âge, un cancer de la gorge. Un homme a un accident de deltaplane alors que son père était tétraplégique. Il y a une certaine loyauté des enfants pour leurs parents. Il ne s'agit pas de paranormal, auquel je ne crois pas du tout, mais d'une réelle théorie scientifique. On parle de mémoire des cellules, ce qui explique que l'on sait des choses que l'on ne nous a jamais dit. Moi-même, j'ai été très surpris de recréer des schémas familiaux, d'où ma sensibilité au thème, qui m'a poussé à travailler sur un scénario.

    En tant que metteur en scène, diriger une comédie musicale a-t-il été très différent de vos réalisations précédentes ?

    A. B La mise en scène, par rapport aux scènes de danses, n'est pas très différente. Il y a un gros travail avec la chorégraphe, elle me fait des propositions que j'accepte ou pas. Cela se rapproche du travail avec le scénariste, il y a beaucoup d'aller-retour. Travailler sur une comédie musicale n'était pas une idée fixe, mais ça me trottait dans la tête depuis longtemps. J'ai adoré ça. En plus, avec les claquettes, on a quelque chose d'intemporel : aujourd'hui on fait des claquettes comme on en faisait il y a cinquante ans, ce qui permet de raconter une histoire sur deux ou trois générations, tout en utilisant toutes sortes de musiques, hip-hop, soul...

    Et pour vous Vincent, en tant qu'acteur, devenir un bon danseur a-t-il été difficile ?

    Vincent Elbaz Bon danseur, j'ai fait croire que j'en étais un. J'ai essayé. Je suis pas payé pour être mauvais (rires). Ce qui était sympa sur ce tournage, c'est qu'on nous a laissés assez de temps et de moyen pour vraiment bien bosser. Ce qui est agréable avec ce film, qui est assez bien rendu, c'est le fait que la danse soit vraiment mêlée à la vie du personnage. On ne se met pas juste à chanter comme ça, au hasard...

    Comment avez-vous sélectionné la bande originale ?

    A. B On m'a refusé certaines chansons : je souhaitais un titre de Ben Harper par exemple, qui a tout de suite été refusé. Je ne souhaitais pas non plus utiliser des chansons classiques, que l'on a l'habitude d'entendre dans les anciens films. Je voulais que la musique soit plus contemporaine. Je ne voulais surtout pas en faire un clone de Gene Kelly ou Fred Astaire, en "fut' cigarette" pour l'un ou en smoking pour l'autre. Je voulais aussi enlever aux gens l'idée d'un genre un peu "ringard".

    Êtes-vous danseur vous-même ?

    A. B Pas du tout. Je suis très tenté, mais même avec un verre dans le nez je n'éprouve absolument aucun plaisir à danser, je suis très encombré avec mon corps. J'ai essayé, la chorégraphe a essayé aussi, mais rien à faire. C'est l'intéressant dans le métier de metteur en scène, de pouvoir réaliser ce genre de rêve à l'écran.

    Vincent, vous sortez coup sur coup deux films en rapport avec la musique ("Tel père, telle fille" et "J'aurai voulu être un danseur"). Êtes vous un musicien vous-même ?

    V. E Musicien pas du tout, je ne suis pas doué pour la rythmique, il faudrait du temps. Musicalement, je suis pas très original, j'écoute surtout du funk, de la soul des années 60... J'aime bien danser, dans la vie, mais bon, les claquettes, c'est pas non plus ce que je pratique le plus...

    Vous disposez d'un casting prestigieux, avec notamment Cécile de France et Jean-Pierre Cassel, dans l'un de ses derniers rôles. Comment s'est passé le tournage avec lui ?

    A. B Il y'a pas mal de ressemblance entre le personnage de Jean-Pierre et sa propre vie. C'est vrai que je n'ai pas eu cette impression pendant le tournage, c'est après, au montage, et au moment de sa mort, que j'ai remarqué ces similitudes. Il est entré dans un cinéma, il a vu Gene Kelly et il a voulu faire pareil, c'est l'histoire de Pépé, mais c'est aussi la sienne. Les paroles de Broadway dans ma tête, que j'ai écrites, semblent très proche de lui... Mais il était très pudique, alors on a pas du tout parlé de ça pendant le tournage. C'était un grand monsieur, très simple, très humble, toujours disponible, toujours une anecdote. Il avait rencontré à peu prêt tout ce que le métier fait de mieux dans sa carrière. Très classe.

    V. E C'était très facile de travailler avec lui, un grand professionnel. J'ai rarement vu un mec aussi pro.

    Cécile de France est méconnaissable, avec notamment une perruque très originale. Une volonté ?

    A. B Non, ça n'était pas une volonté, mais la coupe de cheveux qu'elle avait dans son précédent film (Quand J'étais Chanteur) ne me paraissait pas du tout adaptée à son personnage, et comme le temps entre les deux tournages était trop court, on a eu recours à la perruque. En revanche, c'est vrai que c'est quelque chose que j'aime bien faire, j'aime utiliser les perruques, les costumes. C'est un peu une idée à l'anglaise, du personnage en costume, ça aide également beaucoup les acteurs, ça leur permet de comprendre les personnages.

    Vincent, vous auriez accepté de porter la perruque de Cécile de France ?

    V. E La perruque de Cécile de France, j'aurais accepté. Sans problème. Même en short, pas de problème. Y'a pas grand chose qui peut m'empêcher de tourner, je suis assez tout terrain.

    Ce film rend hommage aux comédies musicales, et en particulier à "Chantons sous la pluie". D'autres références ?

    A. B Chantons sous la pluie, c'est la quintessence, c'est à la fois le début et le sommet. En plus, il y a une vraie histoire sur le cinéma. Aujourd'hui, tout le monde sait comment ça marche, mon boucher sait ce qu'est un écran bleu, mais à l'époque c'était vraiment magique. Bien que je préfère Fred Astaire à Gene Kelly. Gene Kelly est plus proche du public mais Fred Astaire est plus poétique, plus aérien. Je n'ai pas encore vu Les Chansons d'amour mais j'aime beaucoup la démarche de Christophe Honoré.

    V. E Moi, les comédies musicales, c'est surtout les grands classiques. Les films qu'enregistraient mes parents quoi, le cinéclub. The Rocky Horror Picture Show, pour le côté trash. Je ne vais pas renier Grease, j'avais le t-shirt blanc avec la tête de Travolta imprimée dessus. Je ne l'ai plus d'ailleurs et je le regrette.

    Le film ne vous a pas donné envie de vous produire sur scène ?

    V. E Ouh la ! Le problème c'est qu'il faut que ce soit dans le cadre du jeu d'acteur, car si c'est juste pour danser... Je suis un acteur, pas un danseur. Mais sinon, bien sur, pourquoi pas. Danser sur scène ne me poserait pas de problème, je ne refuserais pas. Tous les genres sont intéressants.

    Un film de super-héros ?

    V. E Pourquoi pas. Il faudrait trouver un super-héros français, mais ça doit se trouver... Mandrake. Mandrake, le magicien, pourquoi pas. Pas de problème.

    Propos recueillis par Nicolas Sykas le 21 août 2007

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