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    Rencontres autour de "Survivre avec les loups"

    C'est à la fin des années 1990 que Véra Belmont, productrice de "La Guerre du Feu" et réalisatrice de "Rouge Baiser", découvre la bouleversante histoire de Misha Defonseca. Aujourd'hui, elle en a fait un film. Rencontre.

    À l'âge de huit ans, pendant la Seconde Guerre Mondiale, Misha a parcouru l'Europe pour retrouver ses parents. Rencontre avec Misha Defonseca, qui a vécu cette histoire, et Mathilde Goffart, celle qui l'incarne à l'écran.

    AlloCiné : Comment avez-vous réagi quand on vous a proposé d'adapter le roman ?

    Misha Defonseca : J'ai été enchantée. L'idée qu'on puisse adapter mon roman à l'écran était sensationnelle, car c'était un pas de plus dans l'accomplissement du souvenir.

    Qu'avez-vous ressenti quand vous avez vu le film ?

    Misha Defonseca : C'était très émotionnel. Je n'ai pas réalisé tout de suite. Il faut que je le voie encore et encore. C'est le film de ma vie. C'est extraordinaire. Et surtout, c'est un hommage très profond à mes parents qui étaient des inconnus et qui maintenant ne le sont plus, au grand-père, à Marthe, au Russe.

    Qu'est-ce que vous a trouvé de remarquable dans le film ?

    Misha Defonseca : Il y a tellement de choses qui y sont poignantes. C'est un film qui est dur, mais qui peut être vu par énormément de monde, et particulièrement des jeunes ; car Véra Belmont n'a pas montré l'Horreur. Comme elle l'a déclaré, elle ne sait pas la filmer. Mais elle l'a suggérée, ce qui est aussi très puissant. Étaler du carnage n'aurait rien ajouter. Enfin, c'est un film d'espoir, de courage. J'espère que les fututres générations en tireront des leçons.

    Votre expérience est bouleversante. Vous avez mis des années avant de la raconter, de la livrer au public. Pourquoi avoir attendu si longtemps ?

    Misha Defonseca : D'abord, parce que personne ne voulait m'écouter. Après la guerre, les gens avaient envie de s'amuser. On ne voulait plus entendre parler de cette période. Et je me suis dit que les humains ne comprendront jamais rien. D'ailleurs, au départ, je ne voulais pas faire le livre. Je pensais que ça n'allait intéresser personne, et je ne voulais pas souffrir encore. J'ai mis deux ans à me décider. Puis, on m'a tellement poussé, que j'ai fini par le faire. L'écriture a été douloureuse. Je suis repassé par toutes ces choses terribles. Je suis retourné dans l'Horreur, dans l'Enfer, j'ai de nouveau fait des cauchemars.

    Comment s'est passé votre retour dans le monde des hommes, après cette expérience si forte avec les animaux ?

    Misha Defonseca : Très mal. J'étais absolument incomprise. J'étais rejetée, humiliée, mise à part. J'ai connu tous les vilains côtés : pas d'affection, pas de tendresse, la peur. J'ai dû me battre seule, comme je me suis toujours battue et je me suis isolée de plus en plus. Je ne suis pas quelqu'un qui aime fréquenter les humains. Je vis seule avec mon mari et entourée d'animaux, et on se suffit à soi-même. Et je n'aime pas le bruit. De plus, dans le silence et la solitude, on peut aller au plus profond de soi-même.

    Quels sont vos liens aujourd'hui avec la nature et les animaux ?

    Misha Defonseca: Toujours là-même. Toujours aussi forte, aussi respectueuse. On doit entrer dans une forêt comme on entre dans une cathédrale. On est silencieux, on est respectueux, on n'est pas chez soi. Pour moi, la nature, c'est vital. Mais l'Homme ne s'en rend pas compte : il enlève tous les arbres, il va se priver d'oxygène. Quand je vois qu'on n'a pas un arbre, ça me fait mal. Ca me heurte terriblement.

    Qu'est-ce que vous voulez que les gens retiennent de cette histoire ?

    Misha Defonseca : Plusieurs choses : que la guerre, il y en a assez. Elle ne fait que des orphelins et des malheureux. A quoi ça sert ? Pourquoi provoquer des guerres ? Pourquoi se faire du mal ? Il y a tellement de choses positives à faire. Enfin, je voudrais que l'on retienne qu'il ne faut jamais abandonner. Il faut toujours dépasser ses limites. L'homme se donne des limites. Il ne faut pas, il faut les dépasser. Vous ne savez pas dire ce dont vous êtes capable si vous n'essayez pas. Il faut essayer, il faut se dépasser, il faut avancer.

    Mathilde, est-ce que tu peux nous dire comment tu es arrivée sur le tournage de " Survivre avec les loups " ?

    Mathilde Goffart : C'est un ami de ma Maman qui l'a contactée. Il lui a dit qu'il y avait un casting qui était organisé et qu'ils cherchaient une petite fille avec des yeux bleus et des cheveux plus ou moins blonds/ roux. Comme j'avais envie de voir comment se passe un casting, j'y suis allée.

    Avais-tu déjà entendu parler de l'histoire de Misha Defonseca ?

    Mathilde Goffart : Non, pas avant de faire le film. Mais des amis à moi connaissaient son histoire.

    Est-ce que tu peux nous présenter Misha, la petite fille que tu interprètes ?

    Mathilde Goffart : Misha veut retrouver ses parents. Pour cela, elle va faire preuve d'un énorme courage et de beaucoup de force. C'est une petite fille qui aime aussi la nature, qui va l'aider à survivre.

    Dans le film, il y a beaucoup de scènes très impressionnantes avec les loups. Qu'est-ce que tu connaissais de ces animaux ?

    Mathilde Goffart : Je n'avais jamais vu de loup, et je n'ai pas eu peur. Mais je sais qu'un loup, ce n'est pas un chien. Il faut toujours avoir un dresseur à ses côtés, car on ne sait jamais ce qui peut arriver.

    C'est ta première expérience au cinéma. Qu'est-ce qui t'a le plus impressionné ?

    Mathilde Goffart : Le monde mobilisé pour faire un film.

    Qu'est-ce que tu as ressenti quand tu as vu le film ?

    Mathilde Goffart : J'ai pleuré, c'était très émouvant.

    Qu'est-ce que tu voudrais que le public retienne de cette histoire ?

    Mathilde Goffart : J'aimerais qu'on se souvienne de l'histoire de Misha et de son courage. Et aussi que la guerre est une chose horrible.

    Propos recueillis par Lucas Fillon, le 11 janvier, à Paris

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