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    Bienvenue à "Detroit 1-8-7"

    Projecteur sur "Detroit 1-8-7", la nouvelle série policière d'ABC ! Rencontre avec Jason Richman, le créateur, David Zabel, le producteur et scénariste et les acteurs Michael Imperioli, Natalie Martinez et James McDaniels...

    AlloCiné Séries : dans le pilote, l’aspect documentaire avait été privilégié et ce n’est plus le cas maintenant. Que s’est-il passé ?

    Jason Richman : Il y a beaucoup de raisons qui nous ont décidés à abandonner cette approche. Un incident s’est produit à Détroit une semaine avant que tout ne commence. Une équipe d’une autre chaîne filmait un documentaire en suivant des policiers et une petite fille a été tuée. Et c’était vraiment effrayant et réel. La ville a été très touchée et il a été décidé que des équipes de tournage ne pourraient plus filmer les policiers en action. Et donc Détroit est devenue la seule ville aux Etats-Unis où il est impossible de tourner des documentaires sur des policiers.

    David Zabel : Par conséquent, notre concept de base n’était plus crédible. C’est l'une des raisons principales mais ce n’est pas la seule. Créativement parlant, nous étions convaincus, après le premier jour de tournage, que nous avions un fantastique groupe d’acteurs. Nous avons aussi d’excellents réalisateurs et scénaristes. Et bien que le concept du faux documentaire soit très intéressant dans le pilote, nous nous sommes rendus compte que, sur le long terme, dans le cadre d’une série complète, ce concept allait nous bloquer. Ça allait limiter nos possibilités et limiter les intrigues des personnages puisque nous n’aurions pas pu les suivre dans leurs vies personnelles. L’abandon du documentaire nous a donc permis de nous libérer de ces contraintes, en permettant aux scénaristes, aux réalisateurs et aux acteurs d’explorer plus de choses.

    Pourquoi vouliez-vous utiliser le genre du documentaire à la base ?

    Jason Richman : Quand j’ai écrit le pilote, j’étais à la recherche d’un vrai concept. A l’époque, je regardais beaucoup de télé-réalité sur des policiers et j’ai remarqué que c’était vraiment prenant. Ces programmes reflètent la réalité, mais j’étais frustré parce que ce qui m’intéresse le plus, ce sont les personnages, et ce n’était pas vraiment ce qui comptait pour eux. J’ai donc pensé qu’il serait intéressant de créer quelque chose qui aurait à la fois cet aspect réel tout en s’intéressant aux personnages. Et je crois que nous y sommes parvenus. Il est très important pour nous de maintenir l’identité visuelle de la série, tout en restant vraiment dans le moment, dans le réel.

    Est-ce que le concept de base vous manque ?

    Jason Richman : C’est difficile à dire. Je crois que c’était très intéressant, mais nous étions sans cesse confrontés aux difficultés du genre. Abandonner cette idée a donc été un acte libérateur.

    David Zabel : Ce n’était pas un choix facile, puisque le concept avait vraiment plu à beaucoup de monde. Mais nous avons pris la meilleure décision pour la série. On a perdu des choses, mais on a aussi gagné beaucoup sur d'autres plans. Comment faire une série policière qui ne soit pas du déjà-vu ? C’était notre principale interrogation, et le fait que la série se déroule à Détroit joue beaucoup dans la réussite du show. C’est une série qui parle d’une ville dont on ne connaît pas grand chose, avec des personnages vraiment ancrés dans la réalité. C’est ce qui nous permet de nous démarquer. L’abandon du concept initial n’a donc pas nui à la série, qui est vraiment unique.

    Jason Richman : La série ne repose pas juste sur un concept. Les personnages comptent avant tout, et c’est ce qui nous a plu. On essaye de raconter une histoire, et on veut que les spectateurs tombent amoureux des personnages, afin qu’ils reviennent chaque semaine.

    Tourner à Détroit permet de réduire les coûts, puisque la ville a une politique de taxes avantageuse. Est-ce la raison qui vous a incité à y ancrer l’intrigue ?

    Jason Richman : Non, ce n’est pas la raison. Quand vous vous asseyez pour créer quelque chose, vous ne pensez pas aux histoires d’argent. Je m’étais rendu à Détroit il y a quelques années et je trouve que c’est une ville fascinante. Et c’est pour ça que j’ai voulu y ancrer la série. Cette ville raconte une histoire. C’est la quintessence de l’Amérique. C’est une ville en transition qui a été opprimée. Et c’est pourquoi notre histoire s’y déroule. Beaucoup de personnes impliquées dans la conception de la série sont vraiment liées à la ville. Elles y sont nées et y ont grandi. Il y a une vraie connexion. La ville est un personnage à part entière dans la série. Et je crois que l’on a déjà vu beaucoup de villes, mais je ne crois pas qu’on ait déjà vraiment vu Détroit.

    Natalie Martinez, vos rôles dans des telenovelas ne vous ont, a priori, pas vraiment préparée pour jouer dans la série. Quel travail avez-vous effectué en amont ?

    Natalie Martinez : J’ai rencontré des inspecteurs de Détroit. Cela m’a permis de mieux comprendre ce qui les motive, ce qui les pousse à faire ce métier. Mon personnage a une vraie force de caractère. A son âge, elle a déjà accompli beaucoup de choses. Cet aspect de sa personnalité m’attire beaucoup.

    Michael Imperioli, vous avez joué un criminel dans "Les Soprano" et vous voilà maintenant dans la peau d’un policier. Quels sont les points communs entre ces deux types de personnages ?

    Michael Imperioli : Je ne crois pas qu'ils sont motivés par la même chose. Mais ils ont peut-être les mêmes origines. J’ai grandi à New-York, je connais bien la ville et dans mon quartier, les gens pouvaient prendre des trajectoires très différentes, tout en ayant les mêmes traditions, la même éducation. Mon quartier était italo-américain. Economiquement et socialement, les gens étaient au même niveau. Pourtant, certains ont choisi des voies très différentes. Mais, la différence entre les policiers et les criminels réside dans la motivation. J’ai suivi des policiers et des détectives et j’ai réalisé que ces hommes croient vraiment en ce qu’ils font, qu’ils travaillent dur pour le bien de leur ville et des citoyens.

    En tant qu’acteur, de quel côté préférez-vous être ?

    Michael Imperioli : Peu importe. J’aime juste les rôles bien écrits. Et c’est pour ça que je suis ici.

    Dans le premier épisode, vous arrivez à faire confesser un suspect juste en le regardant. Est-ce une vraie technique d’interrogatoire ou est-ce révélateur de votre personnage ?

    Michael Imperioli : Je ne sais pas. Il faut plutôt poser la question à Jason Richman (ndlr : le producteur exécutif), mais en tout cas, je peux vous dire que c’est vraiment cette scène qui m’a convaincu lorsque je lisais le script du pilote. Elle m’a donné envie de jouer ce personnage. Pour nous préparer, nous avons suivi un cours d’interrogatoire avec un détective. Il était très doué pour arracher des aveux et il nous a expliqués pourquoi. Il nous a dit qu’il s’intéressait vraiment à ces gens et qu’ils ne les voyaient pas juste comme des criminels. Ce sont des gens qui ont une famille, des enfants et quoi n’ont pas toujours été des criminels. Grâce à cette vision, il arrive à les atteindre et à communiquer avec eux. Et je crois que mon personnage est pareil. Fitch a cette capacité et c’est la raison pour laquelle il est très bon dans ce qu’il fait.

    Quand vous tourniez dans "Les Soprano", vous participiez également au processus de création, en tant que scénariste notamment. Est-ce quelque chose que vous envisagez à nouveau sur "Detroit 1-8-7" ?

    Michael Imperioli : Je crois que je vais déjà être bien occupé par mon rôle d’acteur (rires). Le tournage des Soprano était très luxueux. Nous avions 18 jours pour faire un épisode, un an de pause entre chaque saison, parfois même un an et demi. Maintenant, je travaille tous les jours. A moins que je ne sois pas présent dans tous les épisodes, je ne crois pas que j’aurai le temps de faire autre chose. On verra, mais je ne m’inquiète pas pour ça.

    James McDaniels, vous voilà de nouveau dans une série policière. Que ressentez-vous ?

    James McDaniel : Je me dis que c’est le destin, c’est un signe. J’ai joué dans beaucoup de choses assez sombres, comme New York Police Blues ou Malcolm X et à 52 ans, je me rends compte que beaucoup de choses sont liées. C'est une énorme coïncidence.

    Propos recueillis par Emmanuel Itier

    Traduction : Maud Lorgeray

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