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    "Body Of Proof" disséquée par...

    ... Dana Delany, Jeri Ryan, les deux showrunners Matthew Gross et Christopher Murphey ! L'équipe de "Body Of Proof", qui démarre ce jeudi sur Canal+, s'est confiée sur ce nouveau drama médical centré sur un personnage féminin de caractère...

    AlloCiné Séries : Est-ce que "Body Of Proof" est une sorte de version contemporaine de "Quincy" ?

    Matthew Gross : Non. Ce n'est pas le Quincy de nos pères. Je dirais que c'est une nouvelle interprétation du médecin légiste, mais qui part du personnage. Nous avons tenté de faire un show procédural basé sur un personnage en particulier, ce qui à mon sens, le différencie des autres shows procéduraux qui sont déjà à l'antenne. On commence avec Megan Hunt, le personnage qu'interprète Dana, et tout part de là... Cela ne ressemblera pas du tout à Quincy, ni en terme de look ni en terme de décors.

    Dana Delany : Mais physiquement, je ressemble bien à Jack Klugman (rires).

    Dana, au cours de votre carrière, vous avez un peu touché à tous les genres de rôles : détective, infirmière, femme au foyer... Lorsque vous regardez Megan Hunt, est-ce que vous retrouvez en elle des éléments des personnages que vous avez auparavant joués ?

    Dana Delany : Je dirais que Megan Hunt me ramène à mes années China Beach. Il y a une vraie similarité ici. Ce personnage me semble très proche.

    Et en ce qui concerne les émotions ? Elle a l'air d'être une femme très complexe...

    Dana Delany : Oui. C'est ce qui m'a attirée dans ce personnage. Elle est compliquée, elle est intelligente... Elle est définitivement complexe. Je viens de déjeuner avec une neurochirurgienne et elle m'a dit avoir regardé le pilote avec appréhension parce que personne n'a jamais réussi à saisir [un personnage de neurochirurgienne]. Elle était vraiment contente parce que c'est très rare pour une femme, particulièrement de mon âge, de devenir neurochirurgienne. Ce sont des années et des années de travail, des années d'étude et vous n'êtes pas vraiment autorisés à avoir une vie personnelle. En quelque sorte, je la vois comme une toxico, qui était accro au boulot, accro au pouvoir, accro à toutes ces choses, et puis qui a tout perdu. Elle a perdu son mari, elle a perdu son enfant, et elle a perdu son travail. C'est presque comme si, aujourd'hui, elle avait besoin de se racheter. J'ai justement appris un mot génial et je sais à quel point, vous tous, vous aimez les mots... C'est le mot "psychopompe". Et c'est ce qu'elle est. C'est une "psychopompe". Allez vérifier le sens... Je pense qu'on devrait appeler la série "Psychopompe". En gros, elle est comme ce personnage de la mythologie, Charon, qui traverse la Rivière Styx avec les défunts dans son embarcation. Elle voit ce métier comme sa rédemption...

    Aviez-vous des proches qui étaient docteurs ?

    Dana Delany : C'est drôle... En terme de jeu, j'ai toujours été plus attirée par les docteurs que par les avocats. Et je pense que j'ai été docteur dans une autre vie. Mon grand-père était docteur... J'aime en effet tout ce qui a trait à la médecine et comme tout le monde présent ici, j'ai assisté à une autopsie. J'encourage tout le monde à en voir une. C'est fantastique. Cela vous donne vraiment l'envie de prendre soin de votre corps et vous donne encore plus d'estime pour tout ce qui vous a été donné. C'est un miracle. Et c'est pour ça que le titre Body Of Proof est juste. Le corps est une preuve, parce qu'une fois qu'on ouvre ce corps, on voit exactement comment la personne est morte. Tout est là. Tout ce qu'il reste à faire, c'est regarder et la preuve sera là.

    Jeri Ryan, très souvent lorsque vous êtes dans une série, vous jouez le rôle de l'antagoniste, le personnage qui va envenimer les choses avec le héros. Est-ce que vous aimez jouer ce genre de rôle ?

    Jeri Ryan : Ce n'est pas quelque chose que je cherche à tout prix, mais ces rôles ont été sur ma route...

    Christopher Murphey : Et cela ne veut pas dire du tout que le personnage que nous avons écrit pour elle va se limiter à ça.

    C'est-à-dire ?

    Christopher Murphey : Le pilote est très centré sur le personnage de Megan et le reste des personnages semblent, en gros, être là pour servir ses intérêts. Mais, nous allons créer des histoires qui comporteront plusieurs couches et qui seront complexes et c’est donc de notre obligation d’ouvrir le monde dans lequel Megan est le centre. Peter est son bras droit dans ses enquêtes médicales. Kate est sa boss, mais ils vont tous deux faire partie de l’aventure de Megan et auront chacun leurs aventures à eux. L'idée est d'avoir un monde riche et étoffé et des personnages qui y vivent...

    Matthew Gross :  Et en ce sens, nous avons en réalité écrit le rôle pour Jeri. A la base, le personnage était d’origine indienne. Mais lorsque nous l’avons rencontrée, on a eu le sentiment qu’on devait l’avoir dans la série parce qu’elle a ajoute vraiment un autre élément à la chimie. Ce qui est intéressant dans la série et dans la dynamique entre les deux femmes, c’est que le personnage de Jeri, Kate, est en gros en train d’emprunter la même voie que celle de Megan, dans le sens où elle aussi faisait passer sa carrière avant tout et elle aussi s’identifiait par rapport à son travail. Megan va essayer de la conseiller et de l'imprégner des erreurs qu’elle-même a faites dans le passé. Et bien évidemment, elle n’écoutera pas.

    Christopher Murphey:  Au départ…

    Dana, dans le pilote, Megan semble avoir toujours raison, au point d’en devenir presque énervante. C’est une machine à résoudre des crimes. Est-ce que votre personnage va continuer à se fier à son intuition et obtenir les bonnes réponses de par elle-même ou va-t-elle faire plus confiance au reste de l’équipe ?

    Dana Delany :  je pense que les flics vont avoir beaucoup plus à faire. Justement, dans l’épisode que nous tournons en ce moment [Ndlr : cette interview a été réalisée en juillet 2010], ils vont avoir beaucoup à faire concernant la résolution de l’enquête.

    Christopher Murphey :  Afin d’ouvrir cet univers et servir au mieux nos personnages et, en particulier nos deux détectives, nous casserons le point de vue de Megan et aurons un flic à part qui sera attaché à l'enquête.

    Donc Megan aura le droit d’avoir tort ?

    Dana Delany :  Oui, et elle aura tort. Je veux aussi qu’elle se trompe car je suis d’accord : cela peut être très agacant d’avoir affaire à quelqu’un qui a toujours raison et ce n’est pas très intéressant non plus. Alors oui, elle a le droit d’avoir tort…

    Matthew Gross : D’ailleurs, elle se trompe à plusieurs reprises dans le pilote. Mais, c’est sa poursuite acharnée de la vérité qui fait qu’on lui pardonne ses erreurs…

    Dana Delany :  Et elle se plante complètement en ce qui concerne sa vie privée.

    Messieurs les showrunners, pourriez-vous nous préciser quelle idée est venue en premier : celle d'un personnage principal qui est neurochirurgien et qui ne peut plus pratiquer ou celle d’une médecin légiste qui résout des crimes.

    Matthew Gross : On a d’abord eu l’idée de la médecin légiste. Nous nous sommes intéressés aux différents domaines médicaux et aux shows qui existaient à la télé et, au moment où nous développions notre idée, il n'existait rien de tel à la télé. Nous voulions que notre personnage prenne un nouveau départ, complètement différent. On s'est demandé : quelle est la spécialité médicale la plus compliquée et la plus difficile à porter ? Puis on s'est demandé : Comment va-t-on-faire pour la faire tomber ? C'est de là que nous sommes partis. L'intention a toujours été de construire un show sur une légiste avec des côtés procéduraux et d'avoir ces deux élements sur des routes distinctes. Nous avons d'abord construit notre personnage. C'est ce que fait ABC dans la plupart de ces shows et ça participe à une bonne narration.

    Dana, avez-vous pris la décision de quitter "Desperate Housewives' dans le but d’avoir votre propre série ? Et est-ce que cela va vous manquer de ne plus être une Desperate ?

    Dana Delany :  Je me suis amusée comme une folle dans Desperate Housewives. J’ai passé de supers moments durant trois ans. Lorsque ABC est venue me voir en me proposant cette opportunité, c’était le genre d’offre que je ne pouvais pas refuser. Et Marc Cherry a été super. Il m’a dit : "Je ne veux pas être un obstacle dans l’opportunité que tu as d’être en tête d’affiche d’une série, alors je te souhaite le meilleur et tu es toujours la bienvenue". Je me suis sentie bénie.

    ABC semble vous adorer. Vous avez obtenu une tête d’affiche pendant "Desperate Housewives" et dans le même temps, vous avez également joué dans deux épisodes de "Castle". Est-ce que c’est à ce moment-là que vous avez eu des discussions avec ABC ?

    Dana Delany : En réalité, j’en attribue l’entière responsabilité à Nathan Fillion. C’est lui qui m’a demandé de venir dans Castle, comme une faveur, car nous sommes de vieux amis. Et je crois que Steve McPherson m’a vue dans Castle et s'est dit : "Oh, elle pourrait être bien pour ce pilote". Je pense que cela s’est passé comme ça.

    La série parle de quelqu’un qui travaille trop pour avoir une vraie vie. Est-ce que vous êtes déjà arrivée à un point de votre vie où vous vous êtes dit que vous travailliez trop et n’aviez pas la possibilité de construire votre vie ?

    Dana Delany : J’adore jouer, alors personnellement, cela ne me donne pas l’impression de travailler. Je suis toujours aussi heureuse d’aller sur les plateaux tous les jours et d’avoir à développer un personnage. Donc, je ne ressens pas vraiment cela…

    Matthew, il semble que vous aviez en tête ce personnage – et de manière déjà bien constuite - avant d’avoir Dana à bord.  Est-ce que vous avez ensuite changé un peu le personnage afin de l’adapter à ses talents ?

    Matthew Gross :  Dana est assez proche de Megan. Elle peut très bien dire : "Vous savez, je pense que mon personnage ferait cela" et nous, de lui répondre : "Tu sais quoi ? Tu as raison".

    Dana Delany :  J’ai eu un accident avec un bus deux semaines avant le début du tournage. Je me suis cassée deux doigts et ma voiture a été massacrée comme celle de l’accident dans le pilote. Alors, je pense que je suis en train de devenir comme mon personnage...

    Jeri Ryan : Tu as été une élève un peu trop appliquée..

    Dana Delany :  Oui...

    Matthew Gross :  Stanislavski.

    Qu’est-ce qui s’est réellement passé lors de cet accident de bus ?

    Dana Delany : J’étais à Santa Monica, il était 8h30 du matin et je conduisais. J’ai été percutée par un bus alors que je tournais à gauche. La voiture a été complètement massacrée, j’ai de la chance d’être encore en vie. C’est le côté passager qui a été touché. L’ironie de l’histoire c’est que lorsque je suis sortie de la voiture, le conducteur du bus m’a dit : "Je sais qui vous êtes. Je peux avoir votre autographe ?"

    Matthew Gross :  Ce qui veut dire exactement : “Vous voulez que j’appelle une ambulance ?”

    Jeri, depuis "Star Trek", vous êtes beaucoup apparue à la télé. La plupart du temps dans des rôles secondaires. Est-ce que c’est un choix pour vous permettre d’accorder plus de temps à votre famille ?

    Jeri Ryan :  Oui absolument. Durant une grande partie de ma carrière, j’ai cherché spécifiquement à jouer dans des "ensemble shows". Lorsque j’étais dans Star Trek : Voyager, je travaillais énormément. Et c’était un "ensemble show", mais comme c’était un nouveau personnage de la saison 4, tous les scénaristes avaient envie d'écrire pour quelqu’un de nouveau. Il y a donc eu beaucoup d’intrigues écrites pour ce personnage et j’ai beaucoup travaillé lors de mes deux premières années dans la série. A cette époque, mon fils avait à peu près l’âge que ma fille a maintenant. Il devait avoir deux ans lorsque j'ai commencé Star Trek et en travaillant autant, j’ai l’impression d’avoir manqué tellement de son enfance, c’est assez dur pour moi. Alors, je ne veux pas manquer l’enfance de ma fille…

    Matthew Gross : C’est d’ailleurs un thème important de la série : cette notion de savoir comment équilibrer le travail et la famille. Il y a une réplique dans le pilote qui dit : "Un homme qui travaille 18 heures par jour subvient comme il faut aux besoins de sa famille, mais une femme qui travaille 18 heures par jour est une mère absente". Il y a bien un double niveau…

    Jeri Ryan : C’est vrai.

    Puisqu’un des thèmes de la série est la rédemption, croyez-vous que la rédemption est forcément une histoire qui se termine par un “Happy Ending” ?

    Christopher Murphey : Je ne pense pas que chaque épisode doive se termine par une scène de fête. Body Of Proof est un voyage, pas une destination à atteindre. Megan recherche peut-être la rédemption. Mais, je ne sais pas si elle la trouvera un jour. C’est une quête qui sera parfois drôle, parfois touchante et parfois tragique. C’est un tout. Mais, je ne pense pas que nous allons un jour envelopper le personnage de Megan dans un paquet cadeau avec un joli nœud et dire "Ok, tu es guérie".

    Matthew Gross :  Oui… La série parle également de pardon. Megan va aussi chercher à obtenir le pardon de son ex-mari et de sa fille. Mais en fin de compte, la personne dont elle veut le plus obtenir le pardon est celle à qui elle est le moins disposée à le donner : elle-même. C’est un autre thème avec qui tout le monde lutte, c’est un voyage continuel dans la découverte de soi…

    Dana, la télévision a quelque peu changé depuis "China Beach". A quel point cela a-t-il changé en 20 ans ? Avez-vous appris des astuces entre temps ?

    Dana Delany :  Hum… voyons...  Revenez me voir dans six mois. La clé, c’est la bonne bouffe, le traiteur..

    Matthew Gross : Notre traiteur est bon. C’est un bon traiteur.

    Dana Delany :  Plus sérieusement, il faut avoir de l’énergie – j’ai appris ça – et dormir. La seule différence que je vois avec China Beach, c’est que c’était une époque où on nous laissait tourner 18 heures par jour voire 24 heures si on y arrivait et on le faisait, parce que cela faisait partie du jeu. Aujourd’hui, quelqu’un vient nous voir sur le plateau après 15 voire 16 heures de boulot..

    Matthew Gross :  Même moins.

    Dana Delany :  Oui, moins et qui va nous dire : “Désolé, on débranche tout".

    Matthew Gross :  La sécurité avant tout.

    Dana Delany :  C’est la principale difference. On n’a plus le droit de travailler autant.

    Ce qui n'est pas plus mal...

    Dana Delany: Je suppose, oui. Mais, j’étais plus jeune à l’époque. Je serais allée jusqu’à 36 heures. J’adorais ça…

    Vous avez tous déménagé à Rhode Island ?

    Dana Delany : Oui. Ce qui est bien lorsqu’on est sur place, c’est que les acteurs peuvent former une équipe vu que nous sommes tous nouveaux en ville. On ne la connaît pas. Alors, il y a pas mal de : "Qu’est-ce que vous faites ce soir ?", "Je ne sais pas". On est beaucoup allé au centre commercial ensemble…

    Matthew Gross : Mais nous, les producteurs, on n’arrête pas de travailler car on a trois heures d’avance alors Los Angeles continue de nous appeler à 18h00 et 19h00... C’est ça le hic.

    Propos recueillis par Emmanuel Itier en août 2010, à Los Angeles

    Traduction : Raphaëlle Raux-Moreau

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