Mon compte
    Rencontre avec l'enchanteur Colin Morgan, alias "Merlin"

    Lors du Comic Con' Paris 2011, nous avons eu la chance de croiser la route de Colin Morgan, alias "Merlin"...

    AlloCine: En fin de saison 3, l'épisode intitulé "Gilli" est interessant puisqu'il permet de résumer en quelque sorte l'évolution des personnages. A travers cette intrigue, on réalise à quel point Merlin et Arthur ont changé depuis le début de leur épique aventure...

    Colin Morgan : Vous avez raison ! En ce qui concerne Merlin, sa rencontre avec Gilli le place dans une position jusqu'ici inédite. Il n'est plus celui qui doit recevoir des conseils mais est dans la position d'en donner. Il se reconnait en Gilli, il sait ce qu'il traverse, ses doutes et ses certitudes, tout comme sa volonté de changer les choses, de les améliorer. Gilli veut simplement être lui-même et c'est quelque chose qui touche bien évidemment Merlin personnellement. A la fin de cet épisode, Merlin a grandi. Et le téléspectateur prend conscience également de sa solitude, alors qu'on a davantage l'habitude de le voir comme un personnage souriant ou, au moins, celui qui sort régulièrement des répliques amusantes. Vous avez raison, c'est un épisode décisif pour Merlin en particulier.

    Une série comme "Merlin" raconte les origines d'un personnage. Le téléspectateur sait où se trouve la ligne d'arrivée. La dynamique consiste à déterminer comment le héros y parvient. Mais, parfois, il faut éviter la principale difficulté: étirer l'histoire à mesure que les saisons s'enchainent. Un show comme "Smallville" a souvent été critiqué pour faire durer la naissance de Superman "trop longtemps". Etes-vous conscient d'un tel risque ?

    C'est un sentiment étrange en effet. Je pense malgré tout que, tant que les scénaristes écriront des intrigues inventives, nous ne risquons rien. Personnellement, je me sens toujours aussi chanceux de faire partie d'une telle aventure, qui touche tant de gens. En tant qu'acteur, cela m'offre la possibilité de jouer de la pure comédie le matin et un vrai drame l'après-midi. En outre, le risque de n'être appelé que pour des rôles de "sorcier" ou de "magicien" est relativement faible (rires) ! Et, encore une fois, la série nous offre une telle palette d'émotions à jouer que je n'ai peur de rien sur ce plan-là. Pour en revenir strictement à votre question, je ne pense pas que l'on sera à l'antenne "trop" longtemps. Les producteurs ont toujours eu en tête un plan sur 5 saisons. Nous tournons actuellement la 4ème. Si les téléspectateurs sont au rendez-vous cette année, nous pourrons donc normalement conclure cette histoire avec la 5ème saison. Pour les scénaristes, connaitre la "date" de fin a été bénéfique puisque cela leur a permis de planifier au mieux l'intrigue.

    Merlin n'est pas un chevalier. Il ne participe pas au tournoi. Il ne porte pas d'armure. Et pourtant, c'est un des personnages à la gestuelle la plus étudiée ou, plutôt, la plus signifiante, mais elle se place à un autre niveau que le simple "physique". Elle peut servir le comique de situation, via l'inclinaison de la tête en réponse à une réplique, ou signifier un sentiment plus profond du jeune enchanteur. Comment avez-vous créé et fait évoluer cette gestuelle ?

    Je n'intellectualise pas trop la gestuelle de mon personnage. C'est en réalité ses émotions qui dictent sa gestuelle. Lorsqu'on joue, on est à la fois pleinement dans l'action et un peu au-dessus. Pleinement acteur et observateur. Tout se fait paradoxalement très naturellement. L'instinct joue un rôle prépondérant.

    Merlin est le seul personnage à "bouger" de cette manière. Il a une gestuelle personnelle...

    C'est intéressant... On ne me l'avait jamais dit avant (rires) !

    Vous en avez parlé un peu plus tôt. Vous êtes en plein tournage de la saison 4. Où en êtes-vous exactement ?

    Comme chaque année, nous devons mettre en boîte 13 épisodes. Nous avons déjà complètement tourné les épisodes 1, 2 et 3. Nous sommes à peu près à la moitié du tournage des épisodes 4, 5 et 6 et nous avons à peine entamé les numéros 7, 8 et 9. Quant au reste de la saison, c'est encore trop tôt pour en parler car nous n'avons pas encore les scénarios (rires) ! Comme vous pouvez le constater, nous tournons quasiment tous les épisodes en même temps. Quant à l'intrigue de la saison 4, c'est assez excitant. Je la considère même comme la meilleure de la série à ce jour. A la lecture des scénarios, j'étais sincèrement excité à l'idée de les tourner. La saison 3 a servi de transition, notamment sur le plan de la tonalité, qui est devenue un peu plus sombre, même si nous avons réussi à conserver des épisodes plus légers, comme celui avec les Goblins [ndlr: "Le gobelin", Saison 3, épisode 3], pour lequel on verse un peu dans le slapstick [ndlr: comédie très physique]. Même si la comédie fonctionne à plein dans la série, il y a des thèmes plus adultes, plus sombres que nous abordons dans la saison 4. Et la structure dramatique que nous développons cette année se rapproche également un peu de la dynamique des séries américaines, avec un fil rouge plus consistant d'un épisode à l'autre.

    Vous tournez 3, voire 6 épisodes en même temps. C'est un exercice toujours aussi compliqué ou est-ce que vous êtes désormais parfaitement à l'aise avec ce système de tournage en "cross-boarding" ?

    En fait, c'est une mécanique intellectuelle en deux temps. Je suis à l'aise avec cela durant la période de préparation mais, une fois sur le tournage, les proportions sont devenues telles que les difficultés ont été elles aussi décuplées. Ainsi, le tournage de cette 4ème saison est vraiment compliqué sur ce plan-là. Nous avons très peu de temps pour tourner des épisodes qui ont plus d'ampleur qu'avant. Cela ne facilite pas non plus les choses. Nous étions censés avoir totalement terminé les épisodes 1, 2 et 3 la semaine dernière et j'ai tourné les dernières scènes du premier épisode il y a deux jours (rires) ! J'avais donc en tête l'évolution de mon personnage sur 9 épisodes lors du tournage de cette fameuse scène en début de semaine (rires) ! C'est une situation inédite pour moi.

    Il y a deux ans, "Merlin" s'adressait au petit garçon au fond de moi. Aujourd'hui, la série est devenue plus adulte en quelque sorte...

    Vous avez totalement raison et c'est même un élément important à mes yeux. Les fans qui nous suivent depuis le début ont grandi avec la série. Les jeunes téléspectateurs qui la découvrent aujourdhui peuvent eux aussi l'apprécier à leur niveau, bien entendu. La relation qui s'est nouée avec nos fans de la première heure est importante, capitale même. Face à une situation particulière dans la série, tel ou tel public va réagir différemment. Les novices et les jeunes téléspectateurs seront touchés comme les fans de la première heure. Mais la blessure infligée et la joie ressentie seront appréciées différemment. Nous avons cette relation parriculière et forte essentiellement parce que la série se concentre sur les personnages, qui sont le coeur du show.

    Y a-t-il des éléments de "Merlin" dont vous n'êtes pas ou plus satisfait ?

    A jouer ou à regarder ?

    Les deux ! Mais commençons par le fait de voir ou de revoir la série...

    C'est très compliqué de voir une série ou un film dans lequel on a joué ! Avec Merlin, j'ai de la chance parce que les effets spéciaux occupent une telle place durant le tournage et, surtout, pendant la post-production, que je découvre littéralement la série quand je la regarde. Lorsque je visionne un épisode, je découvre enfin ce que j'ai tourné. Et je suis surpris à chaque fois. Je me dis régulièrement: "C'était donc ça la bête qui me poursuivait !" (rires) C'est fascinant. Et c'est un bon rappel de ce qu'est le métier dans son ensemble: d'abord et avant tout un travail collaboratif. Lorsque je regarde un épisode, je ne vois pas simplement le travail des acteurs et du réalisateur. L'incroyable boulot fourni par les équipes des décors, des costumes, des effets spéciaux, de la musique... se révèle pour la première fois. C'est mo;n premier réflexe lorsque je regarde un épisode de Merlin: j'apprécie le boulot effectué par tout le monde.

    Vous avez tourné dans un de mes épisodes de "Doctor Who" préférés: "Midnight". Quels souvenirs en gardez-vous ?

    Le scénario était déjà, à la base, extraordinaire, mais surtout très spécial et totalement différent de ce que la série avait proposé jusque-là. C'est un épisode à la fois purement psychologique et complètement flippant (rires) ! Personnellement, il s'agissait de mon premier vrai rôle à la télévision. Je peux donc considérer que j'ai vraiment eu de la chance. Rendez-vous compte: j'ai quand même donné la réplique à Lesley Sharp et David Tennant, un acteur tout simplement fantastique ! Et tout le monde a été incroyablement gentil avec moi. C'était une expérience tout bonnement fantasique d'être enfermé dans ce vaisseau pendant 2 semaines (rires) !

    De très nombreux acteurs britanniques traversent l'Atlantique pour rejoindre Hollywood. Et les séries US regorgent de vos compatriotes. Avez-vous déjà eu l'occasion de faire la traversée ? Déjà eu des touches ? C'est une envie ?

    Pour moi, ce n'est pas une question d'endroit mais d'histoire, de travail, de challenge et de jeu. Si un bon scénario requiert que je parte au Danemark, en France, en Angleterre ou aux Etats-Unis, je pars !

    Propos recueillis par Thomas Destouches le samedi 2 jullet 2011 lors du Comic Con' Paris

    Remerciements à Alain Carrazé, Romain Nigita et Christelle Pavard

    La saison 3 de Merlin est actuellement rediffusée sur Canal+ et Canal+ Family.

    La saison 1 repasse sur Gulli

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Commentaires
    Back to Top