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    Décès de Chris Marker : sa vie, son oeuvre,...

    "Quand les hommes sont morts ils entrent dans l’Histoire…" Ainsi débutait le court métrage réalisé par Chris Marker, "Les Statues Meurent Aussi" (1953). Ce dimanche 29 juillet 2012, l’artiste, cinéaste et photographe Chris Marker est donc entré dans l’Histoire...

    Né le 29 juillet 1921 à Neuilly-sur-Seine, Chris Marker, de son véritable nom Christian François Bouche-Villeneuve, est un artiste complet, à la fois journaliste, photographe, poète et cinéaste. Après avoir suivi des cours de philosophie au Lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine, où enseigne à l’époque Jean-Paul Sartre, Chris Marker rejoint la Résistance en tant que parachutiste durant la Seconde Guerre mondiale.

    A la fin du conflit, le jeune homme collabore à la revue Esprit pour qui il écrit plusieurs papiers politiques mais également des poèmes, et intègre par ce biais la vie culturelle française. Il est ensuite embauché par l’Unesco pour qui il parcourt le monde en prenant des photos et des notes. Il fonde par ailleurs, en 1951, la Collection Petite Planète aux éditions Seuil.

    Des voyages et une manière de travailler qui pousseront l’artiste à réaliser en 1952 son premier long métrage, Olympia 52, un documentaire sur les Olympiades d’Helsinki. L’année suivante il co-réalise avec Alain Resnais le court métrage Les Statues meurent aussi, un essai sur l'art africain, dans lequel les deux hommes dénoncent la colonisation et revendiquent l'égalité raciale. Deux ans plus tard Chris Marker retrouve Alain Resnais dont il est le 1er assistant réalisateur sur Nuit et brouillard.

    Se décrivant lui-même comme "un artiste bricoleur", Chris Marker est un homme engagé. Parcourant le monde avec sa caméra et son appareil photo, il réalise de nombreux documentaires sur les pays socialistes : Dimanche à Pékin (1955), Lettre de Sibérie (1958) ou encore Cuba si (1961), et se fait ainsi le témoin des changements majeurs du globe, tout en insérant sa propre vision dans ces bouleversements. Grâce à ces œuvres, Chris Marker devient l'un des grands rénovateurs du court métrage et du documentaire en France.

    En 1962 il met en scène le documentaire Le Joli Mai, montrant Paris après les accords d’Evian et entrecoupé d’interviews de parisiens. Mais sa renommée internationale arrive en 1962 avec le court métrage de science-fiction La Jetée, un montage d’images fixes qui illustrent un commentaire en voix off. L’histoire de ce court débute à Paris, après la "Troisième Guerre mondiale" et la destruction nucléaire de toute la surface de la Terre. Le héros est le cobaye de scientifiques qui cherchent à rétablir un corridor temporel afin de permettre aux hommes du futur de transporter des vivres, des médicaments et des sources d'énergies : "D'appeler le passé et l'avenir au secours du présent". Il a été choisi en raison de sa très bonne mémoire visuelle : il garde une image très forte et présente d'un événement vécu pendant son enfance, lors d'une promenade avec sa mère sur la jetée de l'aéroport d'Orly. Un film choc dont le réalisateur Terry Gilliam s’est fortement inspiré pour L' Armée des 12 singes.

    En véritable touche-à tout Chris Marker travaille aux côtés de cinéastes comme Alain Resnais, Joris Ivens, Costa-Gavras, Francois Reichenbach ou encore Akira Kurosawa. En 1967 il participe avec Claude Lelouch, Jean-Luc Godard ou encore Agnès Varda au documentaire engagé Loin du Vietnam montrant sept façons différentes de filmer les armées nord-vietnamiennes.

    Chris Marker promène sa caméra de l'Asie aux usines Lip, prenant parti et refusant les concessions, à travers un grand nombre de films. En 1977, il réalise le documentaire Le Fond de l'air est rouge dans lequel il tente pendant près de quatre heures d'analyser et de comprendre le tournant qu'a pris le XXe siècle dans les années 60.

    En 1982, le long métrage Sans Soleil, une réflexion en images sur divers pays, de l'Islande à la Guinée-Bissau, en passant par le Japon, ouvre la voie de l'essai cinématographique. Inclassable, le film est à la fois un essai, un montage, un documentaire, une fiction, avec un soupçon de commentaires philosophiques. Chris Marker y développe un certain intérêt pour les techniques numériques, qui l'amènent à réaliser, en 1996, Level Five, une réflexion autour de la bataille d'Okinawa. De ses réfléxions autour des nouvelles technologies naîtra en 1997 le CD-Rom Immemory, recueil numérique de ses différents travaux, et surtout objet de réflexion sur la mémoire. Dans une interview donnée à Libération en 1999, Chris Marker confiait : "Non seulement le multimédia est un langage entièrement nouveau, mais c'est LE langage que j'attendais depuis que je suis né. J'ai fait du cinéma et de la vidéo faute de mieux." (Voir l’article) Le metteur en scène postera d'ailleurs son dernier court métrage Leila Attacks (2007) sur internet.

    Cet artiste complet, grande figure du cinéma militant était très discret et finalement assez peu connu du grand public. Homme de conviction, artiste engagé et précurseur, Chris Marker nous a quitté ce dimanche 29 juillet 2012, le jour de son 91ème anniversaire. Il a marqué l’Art, aujourd’hui il est entré dans l’Histoire.

    Quelques Oeuvres de Chris Marker

    Les Statues Meurent Aussi (1953)

    La Jetée (1962)

    Leila Attacks (2007)

    Laëtitia Forhan avec l’AFP

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