
"Jeune et Jolie", un malaise troublant
C'est parce qu'il remplace le sulfureux par de la mélancolie, l'explication pédo-psychologique par de l'inconséquence et le choc par le chic que François Ozon surprend et met mal à l'aise. Porté par Marine Vacth, digne héritière de l'impénétrable et sublime Belle de jour alias Catherine Deneuve, Jeune & jolie explore avec pudeur et subtilité la quête de soi et d'émois d'une adolescente de bonne famille se prostituant par désoeuvrement.
Déviance il y a, du côté de ses clients mais sans abus ni facilité, sans besoin de scandaliser. Le malaise naît précisément du manque d'explications des motivations de cette héroïne "angélique" et de l'écart entre son corps prêté à son petit ami comme à son client, avec détachement. Pas d'images crues ni de situations sordides mais de la suggestion, des petits gestes sexuels dérangeants, des gros plans et toujours cette sensation de rentrer par effraction dans l'intimité d'un personnage sans l'avoir souhaité.
