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    "L'Epreuve" : 3 questions à Juliette Binoche
    Thomas Imbert
    Thomas Imbert
    -Chef de rubrique - Infotainment
    De la Terre du Milieu aux confins de la galaxie Star Wars en passant par les jungles de Jurassic Park, il ne refuse jamais un petit voyage vers les plus grandes sagas du cinéma. Enfant des années 90, créateur des émissions Give Me Five et Big Fan Theory, il écrit pour AlloCiné depuis 2010.

    Dans le nouveau film d'Erik Poppe, en salles cette semaine, Juliette Binoche incarne une photographe de guerre, tiraillée entre périlleuse vocation et vie de famille. La comédienne nous a raconté comment elle avait abordé ce personnage complexe...

    Septième Factory

    Dans L'Epreuve, nouveau film du Norvégien Erik Poppe, Juliette Binoche prête ses traits à Rebecca, une photographe de guerre dont la réputation mondiale n'a d'égale que la détermination et la bravoure. Mais si elle n'hésite pas à s'aventurer dans les zones les plus dangereuses du monde pour les photographier, il lui est plus difficile d'obtenir l'approbation de son mari Marcus et de sa fille Stéphanie. 

    Entre conflits armés et vie de famille, la comédienne nous raconte comment elle s'est approchée de son personnage...

    Septième Factory

    Vous avez pu bénéficier des conseils de véritables photographes de guerre pour composer le personnage de Rebecca. Y-a-t-il un de leur clichés qui vous a particulièrement marquée ?

    Il y en a plein. Ce sont des situations tellement fortes, terribles, qu’à un moment donné j’ai été beaucoup sur Internet pour regarder tout ce que je pouvais, et notamment pas mal de documentaires. C’est vrai que c’est un sujet qui est tellement immense que lorsqu’on commence à rentrer dedans, on n’a jamais envie de s’arrêter. J’ai eu le privilège de passer beaucoup de temps avec Zoriah qui a travaillé en Irak et à Haïti, et Lynsey Addario qui a beaucoup été en Afghanistan.

    Y'a-t-il une limite à se fixer lorsqu'on part photographier des zones de guerre, cette limite que Rebecca semble encore chercher ?

    Moi je ne suis pas dans ce cas de figure. Je pense qu’un photographe de guerre va jusqu’à la limite de son possible, jusqu’à ce que son intuition lui dise : "Arrête ici parce que tu risques ta vie". Mais il y en a qui perdent la vie, parce qu’il y a aussi un instinct de mort qui frôle certainement ce désir d’être toujours dans un monde dangereux, de se trouver dans les zones les plus dangereuses de la terre. Je me souviens que Lynsey Addario m’a dit : "Il y a des matins où je ne me suis pas levée parce que je savais que je ne devais pas y aller." A ce moment-là, il n’y a que l’intuition qui dicte les choses. Mais sinon, ça se prépare énormément, un reportage. Les Américains et les Anglais, surtout, sont extrêmement préparés. Par contre, de réputation, le photographe de guerre français est beaucoup plus passionnel, donc moins rationalisé.

    Septième Factory
    Je pense qu’un photographe de guerre va jusqu’à la limite de son possible

    Peut-on rapprocher ce risque extrême pris par votre personnage, cette exposition aux autres, de celui que vous choisissez de prendre en tant qu'actrice dans le choix de vos rôles ?

    Je crois que si on veut approcher l’idée d’aller vers le nouveau, vers soi, d’être dans la création, et pas dans la répétition ou la convention, ça veut dire qu’il faut savoir quitter un passé et oser quelque chose qu’on ne connait pas encore. Donc on est forcément dans une situation de risque. On n’est pas entre le début et la fin, mais entre la fin et le début. C’est une situation qui est finalement déroutante, parce qu’on ne sait pas où ça va aller, mais c’est vraiment le lieu de la création. C’est là que ça devient le plus intéressant.

    C’est une situation déroutante, parce qu’on ne sait pas où ça va aller, mais c’est vraiment le lieu de la création

    Juliette Binoche photographe de guerre...

     

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