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    "The Lobster va gratter à des endroits qui nous font peur"
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Présenté en Compétition au dernier Festival de Cannes, d'où il est reparti auréolé du Prix du Jury, "The Lobster" est un film qui dérange, amuse, étonne et n'est pas aussi incompréhensible que cela. Et ses acteurs le prouvent.

    Au mois d'avril, lorsqu'il avait annoncé sa présence dans la Compétition du 68ème Festival de Cannes, Thierry Frémaux avait décrit The Lobster comme "un film dans lequel on ne comprend pas tout", ce qui avait provoqué des sueurs froides chez certains. En réalité, le lauréat du Prix du Jury est beaucoup plus compréhensible que cela, comme nous l'ont confirmé Ben Whishaw et Ariane Labed, deux des membres du casting réuni par Yorgos Lanthimos, avant de revenir sur l'ambiance et le sous-texte de ce long métrage pas comme les autres, où les célibataires doivent trouver l'amour sous peine de se changer en animaux.

    AlloCiné : Lors de sa conférence de presse cannoise, vous disiez que "The Lobster" est un film impossible à résumer. Comment était donc le scénario ?

    Ben Whishaw : Yorgos n'a pas expliqué grand chose. Ni à moi, ni aux autres. Mais je pense qu'il a choisi des acteurs qui étaient à l'aise avec cette idée que tout ne soit pas expliqué, et capables de travailler de cette façon. Ça n'aurait pas fonctionné si tous les acteurs s'étaient assis en cercle pour analyser le scénario, car ça n'était pas approprié pour ce film. Et les gens les comprenaient. C'était un travail plus intuitif.

    Avez-vous été entièrement libres pour créer votre personnage ? Ou Yorgos Lanthimos vous dictait-il ce qu'il avait en tête ?

    Ben Whishaw : Il était très précis, mais dans sa volonté de ne pas nous voir jouer. Dès que vous arriviez avec un choix de jeu, quelque chose que vous auriez pu avoir préparé la nuit d'avant, il demandait que l'on s'en débarrasse. Son travail était de retirer des choses, même il y avait quand même une espèce de liberté étrange. Mais le scénario était tellement précis qu'il nous dirigeait d'une certaine façon.

    Ariane Labed : On ne joue pas à ne pas jouer. On ne joue vraiment pas. Le texte nous indiquait la direction en terme de jeu, car le langage est très particulier. Si on a confiance en ça et qu'on le suit, il y a quelque chose qui fonctionne dans le rythme et le ton. Ce n'est pas un effort que d'être là, au moment présent, sans montrer au spectateur ce que l'on est en train de ressentir. On ne s'interdit rien. On est juste là à dire ces mots. Et ça créé quelque chose peut-être plus proche de ce que l'on est dans la vie.

    Un aperçu en images de l'ambiance de "The Lobster" :

    Avez-vous été attiré par le concept du film, ou le portrait qu'il fait des relations actuelles entre hommes et femmes à travers le prisme de la science-fiction ?

    Ben Whishaw : The Lobster m'a attiré car je l'ai trouvé drôle et sauvage. Il y a quelque chose de brutal dans l'histoire, et ça m'a plu.

    Et on peut même voir l'hôtel du film comme un site de rencontre géant, où hommes et femmes ne peuvent "matcher" qu'en fonction de critères.

    Ariane Labed : Oui, et c'était écrit comme ça. Le film est d'ailleurs très très fidèle au scénario, donc je voyais bien la blague là-dedans. Mais une fois qu'on a déblayé toutes ses règles et arraché tous ces critères auxquels il faut répondre, on essaye de voir ce qu'il reste de nos sentiments. Et c'est pour ça que le film est une vraie histoire d'amour.

    Pensez-vous, comme le film le sous-entend, que les relations entre hommes et femmes sont devenues effrayantes ?

    Ben Whishaw : Je ne l'ai jamais vécu personnellement, mais je pense que le film parle davantage des besoins que chacun a de se conformer aux règles. On ne sait finalement pas qui les impose dans le récit, mais les personnages semblent forcés d'y obéir. Cela vient donc plus de l'intérieur chez eux, et peut-être que c'est dû à la pression de la société.

    Ariane Labed : "Le film est une vraie histoire d'amour"

    En quel animal votre personnage se transformerait-il ?

    Ben Whishaw : En quelque chose d'assez sournois. Un animal petit et sournois comme une fouine.

    Ariane Labed : Un chat j'aimerais bien. Ou en fouine (rires) Mon personnage est un peu caméléon car il se faufile d'un endroit à un autre. J'aime bien les chats mais peut-être qu'un caméléon serait plus logique en fait.

    Et si vous deviez être réincarné en un animal ?

    Ariane Labed : Un chat, c'est sûr. Ou un lion, ou un tigre. Un félin quoi, car j'adore la façon dont ils bougent.

    Ben Whishaw : Moi ? J'adorerais me réincarner en n'importe quelle sorte de chat, car je les aime. J'aimerais être un gros chat, ou une panthère. Non, un léopard en fait.

    Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Cannes le 15 mai 2015

    Pourquoi ce titre pour "The Lobster" ? La réponse dans cet extrait :

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