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    "Le Livre de la Jungle" : 3 questions à Jon Favreau
    Thomas Imbert
    Thomas Imbert
    -Chef de rubrique - Infotainment
    De la Terre du Milieu aux confins de la galaxie Star Wars en passant par les jungles de Jurassic Park, il ne refuse jamais un petit voyage vers les plus grandes sagas du cinéma. Enfant des années 90, créateur des émissions Give Me Five et Big Fan Theory, il écrit pour AlloCiné depuis 2010.

    Dans 3 mois, les studios Disney dépoussièreront leur "Livre de la Jungle" pour lui offrir une version en prises de vues réelles. Venu présenter quelques minutes du film, le réalisateur Jon Favreau a répondu à nos questions...

    Walt Disney Pictures

    Après Alice au pays des merveilles, Maléfique et Cendrillon, c'est à leur mythique Livre de la Jungle (film-testament de l'oncle Walt) que les studios Disney décident d'offrir une adaptation en prises de vues réelles. 

    A quelques mois de la sortie du film en salles, nous avons pu assister à une présentation londonienne de 12 minutes inédites, en la présence du réalisateur Jon Favreau. Le long métrage, qui devrait osciller entre l'héritage du classique animé Disney et la tonalité plus sombre et réaliste de l'oeuvre originale écrite par Rudyard Kipling, s'annonce déjà particulièrement immersif. Seul personnage humain plongé dans cette jungle numérique plus vraie que nature, le jeune Mowgli (Neel Sethi) donne la réplique à un casting vocal première classe (Idris Elba, Scarlet Johansson, Lupita Nyong'o, Christopher Walken, etc...). 

    Suite à la projection, Favreau a accepté de répondre aux différentes questions des journalistes, apportant notamment plus de précisions sur le ton du film, et sur la tendance actuelle aux studios Disney qui consiste à reprendre des classiques animés pour en faire des films live...

    Jonathan Bach. ©2014 Disney Enterprises, Inc

    Le livre de Rudyard Kipling est assez sombre et violent à certains moments...  

    Oui, le livre peut devenir très intense et très violent parfois. C’est une histoire qui implique beaucoup de défis à relever, et c’était certainement le cas pour Walt Disney aussi à l’époque, parce qu’au départ, ça ne se prête pas forcément à un jeune public. Le film n’a pas encore été officiellement classé, mais nous visons évidemment un "Tous publics" parce que nous voulons que ça soit approprié aux enfants.

    Mais ce qu’il y a de génial avec les vieux Disney traditionnels, c’est qu’ils sont très intenses, et je pense qu’on peut arriver à trouver le bon équilibre cohérent entre émotion et humour. C’est ça que nous recherchions, parce que quand on a lu le livre, il y avait de nombreuses histoires qui étaient trop sombres pour nous. Il y a de nombreux éléments présents dans l’œuvre de Kipling qui deviendraient tout de suite beaucoup plus intenses sur un écran qu’entre les pages d’un livre. 

    Quelle place comptez-vous accorder à la musique et aux chansons dans ce film, par rapport au Disney original ?

    Vous savez, c’est compliqué, parce qu’on ne voulait pas en faire une comédie musicale. L’important, ce sont les liens émotionnels. Lorsqu’on réalise un film, de manière générale, on a envie de se sentir impliqué émotionnellement. Hier soir, j’écoutais une vieille interview de Buster Keaton dans les années 60 et il disait la même chose. Parfois il devait couper des blagues pour ne pas perdre le public. Les gens sont tellement investis dans la réalité de ce qui est en train de se passer qu’on marche sur des œufs. On peut mettre de la musique dans le film, mais on ne voulait pas en faire une comédie musicale où les règles changent. Un monde dans lequel on ne puisse pas être blessé ou tué. Ce qu’on voulait, c’est que les gens se retrouvent plongés dans cette jungle tellement photo-réaliste et qu’ils en mesurent les conséquences. Donc on ne voulait pas leur couper l’herbe sous le pied, mais quand même, les chansons du Livre de la Jungle sont des classiques. Ma responsabilité en tant que réalisateur a été d’apporter un ton au film. Si le ton d’un film vous plait, vous pouvez mettre ça au crédit du réalisateur. De nombreuses autres personnes sont chargées des performances, des caméras, de l’éclairage… Pour ma part, je dois m’occuper de chapeauter tout ça. Et je pense que nous avons trouvé un ton amusant et excitant, qui se rapproche de ce que vous avez pu ressentir dans votre enfance quand vous avez découvert le film, mais en même temps enraciné dans la réalité. Donc il n’y a pas autant de musique que dans le dessin animé original, mais je pense que nous avons fait honneur aux scènes-clé que vous attendez. 

    Il n’y a pas autant de musique que dans le dessin animé original, mais je pense que nous avons fait honneur aux scènes-clé que vous attendez.
    2015 Disney Enterprises, Inc. All Rights Reserved.

    Les versions live de grands classiques Disney se multiplient en ce moment. Est-ce que les studios arrivent à court d’idées ?

    A l’origine, Le Livre de la Jungle était lui-même un remake de la légende de Romulus et Remus… Mais on peut parler de ce qui est en train de se passer dans l’industrie du cinéma. Il y a véritablement une polarisation entre les films à très petits budgets d’un côté, et les blockbusters de l’autre.

    Les grands studios s’intègrent dans cette économie, et malheureusement, les films du milieu sont vraiment en train de disparaitre. Heureusement, sur le petit écran, les budgets et la qualité sont en hausse, ce qui aide à remplir le vide. Mais les films avec lesquels j’ai grandi, ceux qui remportaient les récompenses à l’époque, il n’y a pas plus d’une décennie, ces films-là n’obtiennent plus le feu vert à cause de l’économie actuelle. Ce qui me plait dans le processus qui consiste à transformer des classiques Disney en films tournés en prises de vues réelles, c’est qu’il y a une vraie connaissance des histoires et de la marque. Traditionnellement, si vous regardez bien l’histoire du cinéma, les films muets sont sonorisés, et à chaque fois qu’arrive une nouvelle technologie, les gens ré-explorent les thèmes qui avaient touché les gens dans le passé.  Donc je ne pense pas qu’il s’agisse d’une anomalie de notre époque. Mais ce qui est génial, c’est que ces technologies, ces artistes, et toutes ces ressources sont mis au service de véritables histoires. Lorsque ces technologies ont émergé, on les utilisait la plupart du temps pour de gros films d’action bien explosifs. Et donc pour moi, le fait de voir émerger des films où c’est l’émotion qui prime, et qui utilisent les mêmes artistes et les mêmes techniques, c’est extrêmement rafraichissant. 

    Ce qui est génial, c’est que ces technologies, ces artistes, et toutes ces ressources sont mis au service de véritables histoires.

    "Il en faut peu pour être heureux..."

     

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