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    Jamais contente : "Mon héroïne est un grand personnage de fiction au même titre que Astérix & Obélix"
    Vincent Garnier
    Vincent Garnier
    -Rédacteur en chef
    Cinéphile omnivore, Vincent « Michel » Garnier se nourrit depuis de longues années de tous les cinémas, sans distinction de genres ou de styles. Aux côtés de Yoann « Michel » Sardet, il supervise la Rédac d’AlloCiné et traque les Faux Raccords.

    Avec "Jamais contente", Emilie Deleuze met en scène une ado pas franchement aimable mais carrément grande gueule... Rencontre avec la réalisatrice d'une chronique mal polie d'une jeunesse française d'aujourd'hui.

    Ad Vitam

    L'une des forces de Jamais contente est de rompre avec le cliché de l'ado sympa. Votre héroïne, elle, se constitue dans la haine, particulièrement de ses parents. Ce personnage avait-il déjà cette rage en lui dans le roman ?

    Emilie Deleuze : Absolument ! C’est même la raison pour laquelle j’ai eu envie de faire le film. La caractéristique d’Aurore, c’est sa colère mais c’est aussi la marque de sa drôlerie ! Aurore a 13 ans, elle a le sentiment d’être adulte, au même titre que ses parents et des autres adultes qui l’entourent. Pourtant, à son âge, on est toujours considéré comme un enfant. Quand on a envie de faire la fête, on n’a pas envie d’entendre « mange ta soupe et va te coucher » ! L’arme d’Aurore pour exprimer sa colère ce sont les mots, et ça, c’était déjà dans le roman de Marie Desplechin. Ce talent certain d’Aurore pour manier le langage fait qu’elle utilise les mots dont elle ne connaît pas bien le sens, mais dont elle connaît la portée, pour embêter le monde ! Et ça, elle en use à merveille et avec tellement d’humour ! Pour moi Aurore est un grand personnage de fiction au même titre que Astérix & Obélix ou des personnages qui marquent les esprits à partir du moment où l’on comprend comment ils fonctionnent. Et c’est justement ça qui les rend tellement attachants.

    Vous tenez un discours très positif sur l'école à travers le professeur de français incarné par Alex Lutz. C'est un élan républicain assez réjouissant.

    Merci beaucoup ! Je fais partie des chanceux qui ont eu dans leur vie un professeur qui leur a ouvert l’esprit ou qui comme Aurore, leur a permis de canaliser cette colère. Je souhaite à tout le monde ce qui m’est arrivé. Un professeur vous permet de vous sortir de la sensation d’enfermement que vous donne la famille, et d’y rentrer à nouveau avec tout l’amour que vous portez en vous ! Le talent d’Alex Lutz, ça a été d’interpréter ce rôle de manière à la fois fluide et puissante. Grâce à lui l’hommage était rendu !

    On découvre Patricia Mazuy comédienne. Et ce n'est évidemment pas un hasard que vous ayez choisi cette actrice-réalisatrice pour jouer la mère. On sent une fraternité d'esprit. Comment avez-vous pris conscience de ses qualités d'interprète ?

    Je connais Patricia Mazuy depuis longtemps et je l’ai toujours admirée en tant que metteur en scène. J’ai également eu peur d’elle tant sa réputation était impressionnante. J’avais besoin de trouver pour ce rôle quelqu’un qui soit exactement dans le même instant drôle, fou, et violent. Peu d’actrices en sont capables. J’avais pensé à Noémie Lvovsky mais je trouvais que le rôle ressemblait un peu trop au personnage qu’elle tenait dans le film Les Beaux Gosses. J’avais peur d’une redite, c’est donc à ce moment-là que j’ai pensé à Patricia, dont la bienveillance et la force de vie me donnaient la certitude qu’elle n’aurait pas peur de la caméra et qu’elle pourrait jouer un rôle même si c’était pour la première fois. Ma grande joie sur le tournage a été de me rendre compte que je ne m’étais pas trompée !

    La bande-annonce de "Jamais contente" :

     

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