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    Le Concours : "Le refus du formatage est toujours présent surtout dans une école d’Art" selon Claire Simon
    Vincent Garnier
    Vincent Garnier
    -Rédacteur en chef
    Cinéphile omnivore, Vincent « Michel » Garnier se nourrit depuis de longues années de tous les cinémas, sans distinction de genres ou de styles. Aux côtés de Yoann « Michel » Sardet, il supervise la Rédac d’AlloCiné et traque les Faux Raccords.

    "Le Concours" nous convoque aux épreuves de sélection de la Fémis, la prestigieuse école de cinéma. Une plongée dans les coulisses des jurys qui dynamite les clichés véhiculés sur cette institution. Rencontre avec la réalisatrice Claire Simon.

    Sophie Dulac Distribution.

    Comment avez-vous obtenu l'autorisation de filmer les épreuves du concours d'entrée à la Femis pour Le Concours ? On imagine des tractations longues et laborieuses...

    Claire Simon : Cela faisait 10 ans que je dirigeais avec d’autres cinéastes le département réalisation de la Femis donc lorsque j’ai parlé de mon idée à Marc Nicolas le directeur (décédé le 21 décembre 2016, Ndlr), il me connaissait et connaissait mes films. Il y avait donc de sa part et de celle du responsable du Concours une confiance en mon regard. Mais peut-être que ça serait passé aussi bien pour un autre cinéaste curieux de cette école ou du Concours. Marc Nicolas aimait beaucoup le cinéma documentaire et les entreprises inédites….Cela a été plus difficile avec certains professionnels qui faisaient passer le Concours et qui ne voulaient pas être filmés. Ce qui m’a empêché de filmer certaines parties d’épreuves et ce qui m’a paru assez inconséquent de leur part. Marc Nicolas a été un soutien inébranlable à ma démarche qui était totalement personnelle et totalement indépendante de l’école. J’ai décidé de quitter mon travail à la Femis pour faire le film.

    Le Concours fait voler en éclats nombre de clichés sur la Femis, à commencer par l'auteurisme. Aucun des candidats ne ressemble à un autre et les jurés refusent tout formatage.

    Oui chacun fait de son mieux de part et d’autre puisque tous aiment le cinéma. Tant de jeunes gens rêvent de cinéma, donc forcément il y a une certaine diversité parmi ceux qui viennent passer le Concours, mais je pense qu’il y a des tas de jeunes gens qui rêvent de faire des films qui ne se présentent pas au Concours. Il y a longtemps c’était mon cas. Le refus du formatage est toujours présent surtout dans une école d’Art. Même si chacun redoute que les jurys du Concours aient une idée trop arrêtée des futurs professionnels du cinéma. Que leur choix se porte sur ceux qui leur ressemblent pour qu’ils puissent continuer leur œuvre.

    Autre cliché à passer à la trappe, l'esprit de sérieux. On rit à plusieurs reprises, surtout lors des debriefs qui suivent les entretiens.

    Quand on filme les situations réelles le comique et la brutalité sont toujours présents. D’abord par ce que la vie est toujours surprenante et déjoue nos préjugés. Lorsque nos préjugés et ceux des protagonistes se révèlent et s’affrontent cela ne manque pas de produire des situations drôles et de faire surgir l’innocence…

    Sophie Dulac Distribution

    Les situations ne sont jamais introduites, le spectateur s'y invite à l'improviste. C'est très stimulant ! On image le nombre d'heures de rushes mises en boîte pour arriver à cette évidence...

    L’avantage avec un Concours qui porte sur le cinéma c’est que tout spectateur comprend parfaitement de quoi il est question. Pas de langue technique ou savante qui exclurait le spectateur. Au fond au cours de ces épreuves ce sont surtout les sentiments de part et d’autre qui apparaissent et qu’on reconnaît .Je pense, comme tant d’autres, que le spectateur plonge dans les situations d’un film quel que soit son registre documentaire fiction thriller fantastique intimiste…

    On rêve d'avoir face à soi de tels jurés. Ils exhortent les candidats à exposer leur personnalité plutôt que leur savoir-faire. Comme le dit très justement l'un des jurés, ce n'est pas un entretien d'embauche.

    Je décris ce qui se passe je ne donne pas mon opinion. L’opinion ne fait pas de bons films à mon avis… Souvent les entretiens d’embauche discriminent les candidats sur la personnalité, la classe sociale, les affinités, et on appelle ça en langue professionnelle « les profils », mais toujours il s’agit de trouver de bonnes raisons de choisir des personnes et d’en exclure d’autres.

    Quelle relation entretenez-vous avec la Femis ? Et connaissiez l'école avant de lui consacrer un documentaire ? Vous avez vous-même tenté le concours ?

    Comme je l’ai dit plus haut j’ai travaillé dix ans comme directrice du département réalisation , ce qui est un travail que l’on fait en plus de l’activité de cinéaste, dans les périodes d’écriture ou de financement… Je n’ai jamais passé de Concours scolaire mais en tant que cinéastes ou citoyenne je passe des épreuves de sélection en permanence. Comme chacun de nous je suis continuellement soumise à la sélection. Selon sa place dans la société cette sélection est plus ou moins rude mais le Concours est une forme omniprésente dans notre monde.

    La bande-annonce du Concours :

     

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