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    Ressortie Memories of Murder : saviez-vous que ce film est inspiré d'un fait divers qui a traumatisé la Corée du Sud ?

    À l'occasion de la Ressortie en salles de Memories of Murder, retour sur 5 anecdotes autour du thriller noir mis en scène par le coréen Bong Joon-Ho en 2003.

    Memories of Murder - réalisé par Bong Joon-Ho - Sortie le 23 juin 2004  - Ressortie le 5 juillet 2017.

    Avec Song Kang-HoKim Sang-kyungHie-bong Byeon

    DE QUOI ÇA PARLE ?

    En 1986, dans la province de Gyunggi, le corps d'une jeune femme violée puis assassinée est retrouvé dans la campagne. Deux mois plus tard, d'autres crimes similaires ont lieu. Dans un pays qui n'a jamais connu de telles atrocités, la rumeur d'actes commis par un serial killer grandit de jour en jour. Une unité spéciale de la police est ainsi créée dans la région afin de trouver rapidement le coupable. Elle est placée sous les ordres d'un policier local et d'un détective spécialement envoyé de Séoul à sa demande. Devant l'absence de preuves concrètes, les deux hommes sombrent peu à peu dans le doute...

    DE SINISTRES FAITS RÉELS

    L'histoire de Memories of Murder est inspirée de l’affaire de Hwaseong, des faits réels qui se sont déroulés entre 1986 et 1991. Le premier Serial Killer de toute l'histoire de la Corée viola et assassinat dix femmes, dans un rayon de deux kilomètres. La plus âgée des victimes avait 71 ans. La plus jeune était une écolière de 13 ans. Le meurtrier n'a jamais laissé d'indices derrière lui. Plus de 3000 suspects furent interrogés et au final, plus de 300 000 policiers ont été mobilisés pour l'enquête. Personne ne fut jamais inculpé pour ces crimes.

    Si les dates des meurtres ne répondaient à aucune logique apparente, le modus operandi était identique : un viol suivi d’une mort par strangulation opérée avec les sous-vêtements de la victime. Les victimes ayant survécu ne purent décrire qu’un homme grand et mince d’une vingtaine d’années, à la voix paisible et surtout aux mains d’une étrange douceur. L’affaire de Hwaseong reste le plus grand mystère criminel de l’histoire de la Corée, équivalent du Zodiac américain.

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    TECHNIQUES D'ENQUETE

    À la fin des années 1980, les méthodes d'enquête en Corée étaient encore archaïques. Mener une enquête criminelle en Corée signifiait uniquement "cuisiner" les proches de la victime. Pour les officiers de police en charge de l'affaire, il s'agissait d'une expérience tout à fait nouvelle. Il n'existait aucune technique de profilage, méthode spécialement développée afin de contrer et d'étudier les Serial Killers. Par ailleurs,  la simple idée de préserver le lieu du crime dans le but d'une enquête médico-légale était superflue.

    Il n'y avait que les recherches et les interrogatoires, menés grâce au sens du devoir et à la ténacité des policiers. A la tête de cette police sous équipée, les deux hommes ne durent compter que sur eux-mêmes pour affronter cette série d'événements atroces. Pourtant, leurs méthodes radicalement opposées et leur collaboration forcée ont créé de fortes tensions, mais surtout ont porté de graves préjudices à l'enquête.

    LA CORÉE À LA FIN DES ANNÉES 80

    La vie des Coréens était rythmée par les tensions politico-militaires que la Corée du Sud avait avec son ennemi du Nord, tous deux séparés depuis 1953. Les deux pays vivent depuis dans la crainte mutuelle d'une intervention militaire. Dans les années 1980, les sirènes annonçaient fréquemment des entraînements en cas de raids aériens et la population vivait souvent dans l'obscurité qu'exigeait le black-out. Même dans les écoles, on pratiquait régulièrement des exercices d'évacuation en cas d'attaques chimiques. À la campagne, plutôt que de se rendre à l'hôpital, les gens avaient pour habitude de faire appel pour les visites à domicile à des médecins non diplômés, qui pratiquaient des injections en tout illégalité.

    Bong Joon-ho a passé toute son adolescence sous la dictature, n’ayant accès qu’à une culture nationale verrouillée ou aucune voix contestataire n’était permise, sous peine d’incarcération. Le cinéma d’action, les mélodrames, les films érotiques et, selon un certain pourcentage, les productions américaines sont autorisées mais toute critique politique est interdite. Les meurtres de Hwaseong se situent ainsi à la charnière de la dictature et de cette République qui avait tant de mal à naître.

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    BONG JOON-HO ENQUETEUR TENACE

    "C’est l’affaire des meurtres de Hwaseong, le héros est un inspecteur de campagne un peu voyou, et c’est l’histoire de flics qui échouent." Lorsqu’il expose son pitch au producteur Cha Seoung-jae, Bong Joon-ho n’est alors qu’un cinéaste prometteur dont le premier long métrage, Barking Dog Never Bites (2000), n’avait pas rencontré le succès. L’idée lui est inspirée par la pièce de théâtre de Kim Kwang-rim, Come and see me. Pour Bong, il était crucial de réimplanter la pièce dans son contexte historique et géographique.

    "Barking Dog est sorti en salles en février 2000 et j’ai commencé à écrire Memories of Murder en juin. Cela m’a pris une année entière pour écrire le scénario. Pendant 6 mois, je n’ai pas écrit une ligne, je n’ai fait que des recherches. J’ai rencontré les enquêteurs qui avaient travaillé sur l’affaire, les habitants de Hwaseong, et les reporters du Gyeongin Ilbo, le quotidien de la région."

    Au cours de ces six mois de préparation, le coréen mena un vrai travail de profiler, se plongeant dans les livres sur les serial killers américains, dont le fameux Zodiac, recoupant leurs profils psychologiques et leurs modus operandi.

    PRÉSENCE DE FORCES OCCULTES

    Bong Joon-ho raconte qu’au cours de ses recherches, lorsqu’il consultait les journaux, il ne restait pas uniquement focalisé sur les meurtres mais lisait ce qui les entourait, aussi bien les programmes de télévision que les articles sur les déplacements du général Chun ou les préparatifs des Jeux Olympiques. Les pratiques magiques comme la consultation de chamanes par les policiers eurent réellement lieu. La présence des forces occultes, les légendes urbaines, et la dimension maléfique des éléments comme la pluie rapprochent par moment Memories of Murder de la vague de cinéma fantastique asiatique des années 2000.

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    Certaines scènes, comme la marche dans la forêt de la femme-flic servant d’appât, toute de rouge vêtue sous la pluie, confèrent au film des allures de conte de fées morbide. Avant le tournage, le cinéaste demanda que soit organisée une cérémonie chamanique pour le repos des âmes des victimes. En Asie, on ne plaisante pas avec le monde des morts.

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