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    Star Trek Discovery : "Je n'aimerais pas voir le capitaine Lorca diriger en temps de paix" confie son interprète Jason Isaacs [INTERVIEW]
    Clément Cusseau
    Clément Cusseau
    -Rédacteur
    Après des études en école de cinéma, il intègre la rédaction d’AlloCiné en 2011. Il est actuellement spécialisé dans les contenus streaming et l’actualité des plateformes SVOD.

    Nous avons rencontré Jason Isaacs, l'interprète du capitaine Gabriel Lorca dans "Star Trek Discovery", diffusée chaque lundi en US+24 sur Netflix.

    AlloCiné

    AlloCiné : Quelle est votre relation personnelle avec l'univers de Star Trek ?

    Jason Isaacs : J'ai grandi avec Star Trek, cela fait partie de mon ADN. Dans le désert culturel qu'a été mon enfance (rires) je passais mes journées scotché devant la télévision. Je suis originaire de Liverpool, et donc quand je ne jouais pas au foot, je regardais la télé à longueur de journée avec mes frères. Je me souviens que tous nos meubles étaient plastifiés au cas où quelqu'un d'important comme la Reine venait nous rendre visite, mais elle n'est jamais venue, et nous nous affalions sur le canapé à nous battre pour décider quel programme nous allions regarder. Il n'y avait à l'époque pas beaucoup de chaînes, et quand la télécommande est apparue, nous devions tousser pour masquer le bruit des boutons quand on voulait changer de chaîne.

    Le seul moment où nous ne nous disputions pas, c'était quand Star Trek était à l'antenne. Toute la famille voulait regarder ça. Et parce qu'elle était régulièrement rediffusée, j'ai probablement vu chaque épisode une dizaine de fois ! C'est un élément iconique de mon enfance, je me souviens même avoir passé des heures entières à essayer de faire léviter une tasse de café comme dans l'épisode Où l'homme dépasse l'homme, et j'ai d'ailleurs été plusieurs fois convaincu d'avoir réussi à la faire légèrement bouger (rires). J'ai également été traumatisé par l'épisode Miri, au cours duquel des adolescents développent la maladie de Grup, une forme de peste qui accélère le vieillissement des contaminés. Ce que j'ignorais à l'époque, c'est qu'il s'agissait d'une allégorie de la puberté, mais pour moi c'était un simple virus mortel.

    Star Trek a donc été un élément majeur de mon enfance et quand j'ai appris qu'une nouvelle série allait voir le jour, j'ai voulu savoir de quoi elle allait parler. Je n'ai aucun intérêt pour les reboot, les suites, les remake, et j'ai bien conscience qu'on ne pourra jamais faire aussi bien que ce qu'ont accompli ensemble William Shatner et Leonard Nimoy, car le succès de la série d'origine repose entièrement sur la relation qu'ils entretenaient. J'ai fait un entretien par Skype avec les producteurs, et ils m'ont raconté une histoire qui m'a plu. Je me suis donc embarqué dans cette aventure en incarnant ce personnage qui m'a paru très intéressant.

    On a souvent dit que le personnage de Spock a été modelé à travers sa relation avec Kirk, et inversement, votre personnage a-t-il vécu la même chose ?

    Non, pas vraiment. Tout d'abord, le personnage principal de la série est celui de Michael Burnham (ndlr : incarnée par Sonequa Martin-Green) et c'est ce qui en fait tout l'intérêt, car le point de vue est celui d'un officier, et non pas d'un capitaine. C'est une perspective différente de ce que l'on a vu jusqu'ici dans Star Trek. Bien entendu, il y a d'autres personnages qui occupent une place importante dans l'intrigue de la série, mais c'est à travers son point de vue que l'histoire est racontée. Mon personnage est totalement différent du sien, c'est quelqu'un qui a participé à beaucoup de batailles. Quand j'ai joué dans le film La Chute du faucon noir, qui est tiré d'une histoire vraie, j'ai lu énormément d'histoire contradictoires sur le personnage que j'incarnais. Sur la base de mes recherches, j'ai pu prendre du recul et fournir une vision objective que ses proches n'étaient pas en mesure de fournir.

    CBS

    Que pouvez-vous nous dire sur votre personnage, le capitaine Gabriel Lorca de l'USS Discovery ?

    Rappelez-vous que cette série se déroule dix ans avant la série originale et la création des lois de la Directive Première (ndlr : lois d'étique et de morale soumises à chaque officier de Starfleet). La Fédération n'est pas encore arrivée à ce stade, nous sommes en pleine guerre, les gens se tirent dessus avant même qu'un compromis de paix ne puisse être trouvé. Et dans ce cas précis, il est le capitaine idéal pour gérer la situation. Nous explorons le personnage au cours de quinze épisodes, et pourtant il est impossible de le définir réellement. Personne autour de cette table ne pourrait être résumé en quelques mots. Et pourquoi cela ? Tout simplement parce que chaque personne prend des décisions et évolue sans cesse.

    Qu'est-ce qui vous a attiré dans ce personnage ?

    Cet aspect précis, justement. J'aimais le fait d'avoir à jouer un personnage nuancé, qui cache en lui une profondeur qui rend ses réactions surprenantes et inattendues. Malgré la mission qu'il a à mener, c'est avant tout un personnage profondément humain, avec les qualités et les défauts que cela implique. C'est une histoire pleinement ancrée dans notre époque, qui s'inspire des situations terribles auxquelles nous assistons au quotidien. Et j'ai également aimé le fait que la série ne cherche pas à reproduire quelque chose qui avait déjà été fait par le passé.

    Avez-vous ressenti de la pression à l'idée d’apparaître dans une série dérivée d'une franchise aussi populaire ?

    Pour moi les franchises ne servent qu'à vendre des produits dérivés et des figurines, moi je suis un raconteur d'histoires. J'espère juste que notre série va attirer une nouvelle génération de téléspectateurs, séduire les fans ne m'intéresse pas car je sais qu'ils regarderont la série quoi qu'il arrive. Et au final, ceux qui réagissent ne représentent qu'une infime minorité des gens, mais comme souvent ce sont eux qui font le plus de bruit, en m'écrivant par exemple sur Twitter "si vous n'aimez pas les fans, allez vous faire fout..e !" etc.… Mais pour moi, c'est la preuve s'il en fallait une que cette série compte beaucoup à leurs yeux, qu'ils y sont très attachés. Chaque série est devenue au fil du temps plus populaire que lors de son lancement, et je sais que cela sera le cas également pour Discovery. Notre série a été faite par des Trekkies, il n'y a pas de plus grand fan de Star Trek qu'Akiva Goldsman, notre producteur délégué, qui avait assisté à la toute première convention Star Trek jamais organisée. Plusieurs de nos scénaristes sont littéralement obsédés par les différentes séries Star Trek.

    CBS

    Vous avez porté de nombreux uniformes au cours de votre carrière, que signifie celui de Starfleet à vos yeux ?

    Très douloureux à porter, et interdiction formelle de se nourrir si l'on veut rentrer dedans (rires). Parvenir à l'enfiler a été l'une des expériences les plus difficiles de toute ma vie. Pendant tout le tournage, je me suis senti extrêmement vulnérable; j'ai incarné des soldats auparavant, je portais des armures en kevlar, mais il s'agit là d'uniformes du 23ème siècle, et les combats rapprochés n'existent plus donc ils sont très légers, un peu comme les matières des tenues de sport. On se sent très vulnérable et nu lorsque nous les portons, et un autre inconvénient est qu'il n'y a pas de poches. J'ai remarqué que Patrick Stewart avait par exemple pris l'habitude de réajuster régulièrement sa tenue, pour occuper ses mains. L'un de nos réalisateurs Jonathan Frakes (ndlr : l'interprète du Premier Officier William Riker dans Star Trek La Nouvelle Génération) m'a donné ce conseil : "Fais ce que tu veux, mais par pitié ne mets pas tes mains sur la taille". Je suis admiratif du travail fait par nos merveilleuses équipes de costumiers, et je suis encore plus satisfait de ne pas avoir eu à porter ces horribles tenues dont la couleur moutarde m'évoque celle de la bouillie pour bébés ! (rires) Au fond, j'étais très content de porter du bleu, et par-dessus tout d'avoir évité l'uniforme rouge (ndlr : dans la série originale Star Trek, les personnages habillés de rouge étaient les premiers à mourir dans chaque épisode).

    Star Trek Discovery est diffusée chaque lundi en US+24 sur Netflix.

    Qui sont les héros de la série "Star Trek Discovery" ?

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