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    L'Atelier : rencontre avec Matthieu Lucci, la révélation du film

    Matthieu Lucci n'avait jamais osé jouer la comédie jusqu'alors. A 19 ans, ce jeune espoir s'impose comme la révélation du film de Laurent Cantet, "L'Atelier". Rencontre.

    AlloCiné : C'est votre premier film, vous n'aviez vraiment aucune expérience ?

    Matthieu Lucci : Non, c'est ma première expérience de comédie. Je n'avais vraiment rien fait du tout auparavant qui s'en rapproche.

    A quoi vous vous destiniez au moment où on est venu vous chercher pour ce film ?

    J'avais dix-huit ans, aujourd'hui j'en ai dix-neuf, je passais mon bac ES, que j'ai eu d'ailleurs. (rires) Je ne savais pas du tout où j'allais, je n'avais pas de cursus précis en tête, comme plein de gens. J'ai eu la chance qu'on m'ait un petit peu aiguillé.

    Comment Laurent Cantet vous a repéré ?

    La directrice de casting, Marie Cantet, tournait dans la ville de La Ciotat, elle distribuait des tracts à tous les jeune qui pouvaient correspondre physiquement aux rôles du film, en proposant aux jeunes de passer le casting. Et puis voilà, je l'ai fait.

    Comment s'est passé le casting ?

    C'était beaucoup d'impro. Pour le tout premier casting, j'étais avec deux jeunes filles, c'était une improvisation sur le fait que parce qu'on était jeune on avait subi une injustice. Après, on a commencé à nous donner des traits de caractère un peu plus précis et à mettre en scène un atelier d'écriture comme dans le scénario, mais on ne savait pas encore à quoi ça correspondait, on n'avait même pas de titre pour le film. On nous a dit : « Voilà, vous avez comme projet d'écrire un livre. Toi, tu es réticent, toi tu donnes des idées, mais c'est n'importe quoi, toi tu es très enjouée... »

    Jérôme Prébois

    Je crois qu'ensuite vous avez fait une sorte d'atelier préparatoire, quelle forme ça a pris ?

    Une fois qu'on a su qu'on était sélectionnés, on a eu deux ou trois semaines de répétitions. Ca nous a permis de maîtriser un peu le texte, les idées et de construire encore le scénario, et ça nous a permis de faire connaissance entre nous et d'apprendre à connaître Marina [Foïs], parce qu'arriver le premier jour et se retrouver avec une actrice qu'on a tous vue à la télé, ça aurait été très intimidant.

    Le tournage a été un moment difficile, pour vous qui n'aviez jamais vécu ça ?

    Au début du tournage, je ne savais pas où me mettre, les premiers jours c'était assez atroce. Laurent et Marina et toute l'équipe étaient beaucoup là pour nous, les jeunes comédiens. Laurent me dirigeait assez peu dans la globalité, on abordait les choses par étape. C'est lui, qui au montage, a créé cette évolution du personnage.

    Il y a même des moments où vous étiez mal à l'aise par rapport à la trajectoire que prend votre personnage, un jeune homme perdu qui bascule un peu du côté obscur, si on peut dire...

    Oui, j'avais presque peur de bien jouer et qu'on se dise que je pensais ce que je disais. Du coup, je me sentais un peu obligé de me justifier auprès de mes camarades comédiens, en leur disant : « Ce n'est pas moi, je ne suis pas d'accord avec ce que dit Antoine, je ne pense pas comme ça du tout. »

    Vous avez quand même réussi à vous sentir proche du personnage d'Antoine ?

    C'est ce qui est fort avec ce personnage, il est repoussant, il dit des choses absolument affreuses, et en même temps, il est attachant et il a des problèmes existentiels normaux pour les gens de notre âge, de cette génération. Finalement, parfois je me disais : « En fait, il fait de la peine, il est perdu, il en sait pas où il va. » Je le trouve plus à plaindre qu'à blâmer, même si attention, ce qu'il dit n'est pas excusable !

    Jérôme Prébois

    Vous êtes originaire de La Ciotat. Est-ce que vous avez aimé la manière dont Laurent Cantet a décidé de filmer la ville, de la mettre en scène ?

    C'est peut-être ce qui m'a le plus plu. Sur les images d'archives, c'est là que les larmes me sont monté aux yeux. J'ai un grand-père qui a travaillé dans le chantier naval de La Ciotat donc ça m'a beaucoup touché. La manière dont il a filmé la ville, c'est très vrai, c'est comme ça. C'est une ville qui a subi un gros traumatisme, on a essayé de s'en remettre, mais c'est une ville qui tournait autour d'une seule chose, le chantier, et qui l'a perdu. Il y a eu une lutte incroyable. Il y a un vrai choc des générations à ce sujet, notre génération, on a eu nos grands parents qui ont travaillé au chantier naval, mais on n'a pas connu tout ça, alors que beaucoup de gens des générations précédentes sont encore très marqués, dans la nostalgie de ces années révolues.

    Est-ce que cette expérience a éveillé en vous une vocation, est-ce que vous allez continuer à jouer ?

    Oui, c'est quelque chose qui m'a toujours intéressé, même si je n'avais jamais osé. Maintenant que j'ai eu la chance qu'on vienne me tirer du lit, je me dis que je vais essayer, que je vais essayer de continuer. Le cinéma, c'est sûr, l'acting, on verra, mais le cinéma, c'est sûr.

    Avec Laurent Cantet par exemple ?

    Ah, si il veut de moi… Je ne sais pas si moi, je voudrai de lui, mais en tout cas, la discussion peut se faire ! (rires)

    La bande annonce de L'Atelier : 

     

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