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    Comic-Con Paris 2017 - Boba Fett, le Faucon Millenium… Joe Johnston revient sur sa participation à Star Wars
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Invité du Comic-Con Paris 2017, Joe Johnston a bien sûr évoqué les longs métrages qu'il a réalisés ("Jumanji" et "Captain America" en tête), mais également son implication sur la première trilogie "Star Wars".

    Lucasfilm Ltd.

    De Jumanji au premier Captain America, en passant par Chérie, j'ai rétréci les gossesJoe Johnston a marqué la pop culture de façon plus ou moins durable avec les longs métrages qu'il a réalisés. Mais peut-être pas autant que les Star Wars, auxquels il a participé en jouant un rôle majeur dans l'équipe de George Lucas, qui lui doit beaucoup en ce qui concerne Boba Fett ou le Faucon Millénium. Un sujet qui méritait bien un panel entier du Comic-Con de Paris pour en parler, et dont voici le compte-rendu.

    IL Y A BIEN LONGTEMPS…

    Comme Ralph McQuarrie ou John Dykstra, Joe Johnston fait partie des historiques de la première trilogie Star Wars. Mais c'est le hasard qui a mis celui qui monte sur scène au son d'AC/DC, telle un rock star, sur le chemin de Luke Skywalker et Han Solo. Fraîchement sorti de son école de Cal State-Long Beach sans le moindre diplôme, faute de maîtriser la physique, c'est en venant récupérer un projet qu'il tombe sur une annonce pour recruter des artistes et maquettistes pour un petit film de science-fiction. Nous sommes en 1975 et le futur réalisateur y voit là l'opportunité… de gagner trente minutes de trajet par rapport à son travail de l'époque, situé à quatre-vingt-dix minutes de chez lui.

    Une rencontre avec George Lucas plus tard, et le voici engagé comme storyboarder sur Star Wars, qui n'est pas encore le phénomène appelé à faire tomber une poignée de records. Et sans trop de mal : "J'étais le seul à postuler", explique Joe Johnston. "S'il y avait eu d'autres personnes, je n'aurais peut-être pas eu le boulot." De la chance ? Pas vraiment : "J'avais arraché et jeté l'annonce après l'avoir vue dans mon école, pour que personne d'autre ne la voit." Ainsi débute une aventure qui devait ne durer que six semaines, mais s'étendra sur dix ans.

    UN NOUVEL ESPOIR

    Ce voyage dans la galaxie lointaine, très lointaine, imaginée par George Lucas, il débute avec un coup d'éclat puisque c'est à lui que l'on doit le look du Faucon Millénium, qui ressemblait initialement au vaisseau dans lequel Leïa tombe entre les mains de Dark Vador au début d'Un nouvel espoir. La raison de ce changement ? "George s'est rendu sur le tournage de la série Cosmos 1999, pour y trouver des techniciens, et il a trouvé le design trop proche de celui de l'Aigle. Il a donc fallu élaborer un autre vaisseau alors que nous étions déjà en retard."

    Maximilien Pierrette / AlloCiné

    Joe Johsnton passera donc la nuit à dessiner six modèles différents, dont celui qui deviendra aussi iconique que son pilote Han Solo, avec une double-contrainte à la clé : conserver le cockpit et l'antenne, dont les pièces avaient déjà été confectionnées. Ce n'est donc pas à Ralph McQuarrie, souvent décrit comme le De Vinci du dessin de cinéma et décédé en 2012, qu'on doit l'appareil. Mais il a bel et bien travaillé dessus, pour compléter le travail de son collègue. "Nous sommes très différents", précise Johnston. "Je ne pouvais pas faire ce qu'il faisait, et inversement. Donc il me laissait commencer les projets et je le laissais mettre sa touche ensuite."

    L'EMPIRE CONTRE-ATTAQUE

    Quelques années après la sortie du premier opus, George Lucas convoque la même équipe pour la suite, car "personne ne faisait ce boulot à l'époque", explique celui qui est promu directeur artistique des effets visuels à cette occasion. Mais le tournage n'a pas été une partie de plaisir pour autant : "Nous avons ressenti la pression de devoir faire mieux que le premier film, qui avait été un succès. Nous avions un plus grand budget, de plus grands locaux pour tourner, mais le même temps pour faire 15% d'effets spéciaux en plus." Ce qui ne l'empêchera pas de se surpasser pour autant.

    Car deux créations mémorables naîtront dans son esprit, à commencer par les célèbres AT-AT de la bataille d'Hoth, et que nous retrouverons dans Les Derniers Jedi le 13 décembre. Une créature de métal qu'il a d'abord faite valider aux animateurs qui allaient lui donner vie, pour leur demander s'ils seraient capables de la faire bouger. Une mission que ses collègues ont pu relever non sans l'avoir interrogé sur la possibilité de couvrir davantage les jambes de ces armes de l'Empire, ce que Joe Johnston a refusé, désireux de ne pas perdre l'animalité de ces monstres, lui qui affirme chercher la véracité dans ce qu'il designe. Mais il souligne que "c'est grâce à [ses partenaires] si ça a marché."

    Maximilien Pierrette / AlloCiné

    Autre bébé, que l'on peut d'ailleurs croiser dans les travées des Comic-Con du monde entier : Boba Fett. Qui n'était pas un chasseur de primes à l'origine, mais l'un des Stormtroopers 2.0, les Super Troopers, qui auraient pu être vêtus de la tenue portée par le futur repas du Sarlacc, mais en blanc. Sauf qu'un seul costume, ça va. Une centaine, bonjour les dégâts pour une équipe qui n'a pas le budget nécessaire. Intervient alors George Lucas, qui lui fait une petite place dans le scénario et le transforme en un vrai personnage, ce chasseur de primes dont Joe Johnston a lui-même peint le costume.

    De là à en faire le candidat idéal pour mettre en scène l'éventuel spin-off sur Boba Fett, dont tout le monde parle sans que ce ne soit officiel, il n'y a qu'un pas que l'intéressé ne franchira pas. Ou presque, s'il juge l'histoire assez bonne, même s'il précise ne plus être affilié à Lucasfilm actuellement. Qu'il le réalise ou non, Joe Johnston sait en revanche ce qu'il ne faut PAS faire : "Il ne faut pas montrer son visage." George Lucas et son Attaque des clones apprécieront.

    LE RETOUR DU JEDI

    Jamais deux sans trois pour Joe Johnston sur la saga Star Wars, puisqu'il rempile sur Le Retour du Jedi avec un challenge multiple à la clé, puisqu'il lui fallait faire encore mieux que L'Empire contre-attaque, avec encore plus d'effets spéciaux, mais surtout refaire l'Etoile de la Mort et son attaque par les rebelles. Un défi qu'il a relevé plus facilement qu'on ne le croit : "Comme l'Etoile était incomplète, nous pouvions aller à l'intérieur, donc passer à l'étape supérieure. C'était l'une des séquences les plus amusantes du film." Et ses adieux à la saga centrale puisque, outre sa participation aux spin-offs sur les Ewoks, il ne travaillera plus sur un épisode.

    Joe Johnston n'a pas cherché à le faire pour autant, puisqu'il avoue ne pas avoir été approché pour la prélogie à cause de son implication sur Ciel d'octobre, le film qu'il préfère parmi ceux qu'il a mis en scène, mais qu'il souhaitait, de toute façon, s'éloigner des effets spéciaux et du design pour être réalisateur. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir un avis très tranché sur les autres Star Wars.

    LA PRELOGIE ET LES SUITES

    "Les prequels n'ont pas très bien été reçus par les fans, alors qu'ils ont été de gros succès", explique Joe Johnston au sujet des volets I, II et III, sortis entre 1999 et 2005. "George a voulu montrer ce qui avait mené aux épisodes IV, V et VI, mais les gens préfèrent savoir ce qu'il va se passer que les origines." Une façon de dire qu'il préfère la trilogie entamée avec Le Réveil de la Force en 2015 ? Pas tout à fait : "Les nouveaux tentent de recapturer l'esprit des précédents, qu'aiment les fans. Mais l'ADN de George est de repousser les limites, de passer à l'étape supérieure."

    "Au lieu de dupliquer [ce qui a été fait], il leur faut créer une nouvelle ère, trouver leur identité, et c'est là qu'ils pourront atteindre le niveau de magie des premiers." Et si c'est ce que Rian Johnson réussissait avec Les Derniers Jedi, le 13 décembre prochain ?

    L'AVIEZ-VOUS REMARQUE ?

    Dans la trilogie originale, il n'y a pas que le travail de Joe Johnston que l'on retrouve à l'écran, puisque le futur réalisateur de Jumanji apparaît lui aussi, et à trois reprises. Ou plutôt quatre, si l'on prend en compte le fait qu'il interprète les deux Stormtroopers qui voient le Faucon Millénium entrer dans la première Etoile de la Mort, puisqu'il n'y avait qu'une seule tenue de disponible. Il a ainsi dû forcer son imagination pour jouer ce double-rôle, et a eu moins de mal pour jouer son autre personnage d'Un Nouvel espoir : l'un des ingénieurs du rayon destructeur de la station spatiale, aux côtés de l'un des maquettistes.

    Maximilien Pierrette / AlloCiné

    Joe Johnston fait également une apparition dans L'Empire contre-attaque, emmitouflé devant le Faucon Millénium dans la base d'Hoth, et aux côtés de Ralph McQuarrie, mais il n'a pas précisé pourquoi il n'avait pas fait de même sur Le Retour du Jedi. Trop occupé par les effets spéciaux et l'attaque de la nouvelle Etoile ?

    ET GEORGE LUCAS DANS TOUT ÇA ?

    Tout au long de son panel, Joe Johnston n'a que très peu évoqué George Lucas. Ou alors pas de façon aussi appuyée que lorsqu'il lui a été demandé quel avait été son principal défi sur la saga Star Wars. Réponse : le talent de son metteur en scène. "George est quelqu'un de très créatif, qui change sans cesse d'avis. Nous pouvions parler d'une séquence que je storyboardais, puis il avait une autre idée le lendemain. Donc il fallait suivre."

    Autre challenge : "Conserver les storyboards devenus obsolètes et que George voulait archiver. J'ai réussi à en garder quelques-uns, peut-être pour ma future retraite, dont six dessinés par George de l'attaque de l'Etoile de la Mort." Reste maintenant à espérer qu'il révèle les dessins en question.

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