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    Tell Me a Story : Que vaut la nouvelle série de Kevin Williamson (Vampire Diaries) ?

    A l’occasion d’Halloween, la plateforme de streaming de CBS proposait le premier épisode de la nouvelle série de Kevin Williamson. L’auteur de Dawson, Vampire Diaries et Scream adapte des contes traditionnels dans une version modernisée pour adultes

    James Dimmock/CBS

    DE QUOI ÇA PARLE ?

    Il était une fois… Le petit chaperon rouge, les trois petits cochons et Hansel et Gretel. Ce qui pourrait commencer comme une mauvaise blague ou un épisode de Shrek est le point de départ de la série qui décide de conjuguer trois contes célèbres au présent et de remplacer le public enfant auxquels il se destinent plus ou moins par une version adulte. Plus sombre, urbain, Tell me a Story cherche à réactiver nos peurs enfantines.

    A QUOI ÇA RESSEMBLE ?

    C'EST AVEC QUI ?

    Dans le rôle du petit chaperon rouge, on retrouve Danielle Campbell échappée de The Originals. Hansel est joué par Davi Santos (Law and Order True Crime, Power Rangers Dino Charge) tandis que sa soeur Gretel est incarnée par Dania Ramirez (Once Upon a Time). Derrière le masque des trois petits cochons, figurent Paul Wesley (Vampire Diaries), Michael Raymond-James (Once Upon a Time, True Blood, Terriers) et Dorian Missick (Luke Cage, Animal Kingdom). Enfin pour compléter le casting, s’ajoutent Kim Cattrall (Sex and the City) pour Mère-Grand, Sam Jaeger (Parenthood) dans le rôle du père du petit chaperon rouge, Bill Magnussen (Maniac) dans un possible méchant loup et James Wolk (Mad Men) complète la distribution.

    La série est créée par Kevin Williamson (Scream, Vampire Diaries, Dawson’s Creek,...).

    ÇA VAUT LE COUP D’OEIL ?

    Dans son premier épisode, Tell Me a Story montre déjà les limites de son concept mais surprend par sa prise sur l'actualité américaine et sa capacité à embrasser la filmographie de son créateur. De quoi rendre curieux pour la suite de la série et de jouer au jeu des 7 erreurs... mais pas tout à fait selon le modèle prévu.

    Est ce que Kevin Williamson cherche à corriger l’histoire ? Si les contes des frères Grimm, de Perrault ou d'Andersen sont le plus souvent réservés aux enfants, leur public initial était davantage universel. Leurs histoires sont effrayantes, peuplées de morts violentes et de situations extrêmement dramatiques. Le petit poucet est abandonné par ses parents, la grand-mère du chaperon rouge est dévorée par le loup (et dans le conte originel, ce dernier donne à la jeune fille les restes de Mère-grand comme repas), Hansel et Gretel sont séquestrés par une vilaine sorcière qui cherchent à les manger ; autant d’exemples qui montrent que les histoires que l’on raconte à nos enfants ressemblent davantage à de petits récits horrifiques (où la morale est sauve, ouf !) que des objets inoffensifs, bons à éduquer.

    Dès lors, il n’est pas surprenant de retrouver Kevin Williamson à la baguette d’une version twistée des contes traditionnels. Un petit regard sur sa filmographie montre la tendance chez le producteur à gratter du côté des sociopathes ou tueurs en séries. Des Scream (films et séries) à The Following en passant par Stalker, c’est la face sombre de l’humanité que met en lumière celui qui fut aussi le créateur de Dawson’s Creek et Vampire Diaries.

    C’est dans un New York contemporain que se situent les adaptations de Hansel et Gretel, du chaperon rouge et des trois petits cochons, dont les destins vont s’entremêler d’une façon ou d’une autre. Récit choral concentrique, le premier épisode expose les personnages et les situations avec une application très scolaire. Chacun possède un temps d’antenne très calibré avec suffisamment d’indices (pas toujours très subtils) pour rendre la correspondance explicite. Ciré rouge à capuche, masques de cochon et programme télévisé culinaire où l’on fabrique une maison en pain d’épices, il y a peu de chance de passer à côté.

    Là où la série se montre plus fine, c’est dans le rapport au présent et son climat politique. L’une des fonctions du conte est de travailler sous couvert du fantastique ou de la fable, une situation actuelle (la famine dans Hansel et Gretel par exemple) et de révéler une morale ou un message éducatif. Tell Me a Story s’inscrit dans un rapport très fort et concentré au présent. La politique de Donald Trump y est mentionnée, notamment le scandale autour de la séparation des enfants de leurs parents clandestins ; ou bien les violences policières contre la population afro-américaine.

    Le contexte dans lequel s’inscrivent les contes revisités est presque plus intéressant que la façon dont ils sont modernisés. Finalement, dès le premier épisode, l’intérêt de l’argument principal de la série se pose : quelle importance va réellement jouer leur détournement ? Au fur et à mesure que le récit dévie de la tradition, la pertinence se dilue. Le jeu des différences devient un peu vain et il faut espérer que les nombreux arcs narratifs tiennent tout seuls plutôt que dans leur rapport au matériel originel.

    Cette adaptation des contes rappelle combien les thématiques de l’oeuvre des frères Grimm ou de Hans Christian Andersen se trouvaient déjà dans la filmographie du géniteur de Dawson’s Creek. Scream, The FollowingStalker exploitaient aussi bien la figure du grand méchant loup que celle de la vilaine sorcière et leurs récits avaient avaient tout du parcours initiatique, succession d’épreuves pour révéler force, abnégation et morale. Tell Me a Story a quelque chose du best of, une compilation d'éléments récurrents que l’auteur travaille au fil de ses productions. Finalement, la série trouvera peut-être davantage d’intérêt dans cet aspect que dans la simple relecture modernisée de contes populaires : une fonction transversale dans la filmographie de Kevin Williamson.

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