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    Kheiron : "Avec Mauvaises herbes, je voulais parler d'un sujet de fond avec légèreté"
    Corentin Palanchini
    Passionné par le cinéma hollywoodien des années 10 à 70, il suit avec intérêt l’évolution actuelle de l’industrie du 7e Art, et regarde tout ce qui lui passe devant les yeux : comédie française, polar des années 90, Palme d’or oubliée ou films du moment. Et avec le temps qu’il lui reste, des séries.

    Rencontre avec l'acteur, humoriste et réalisateur Kheiron à l'occasion de la sortie de "Mauvaises herbes". AlloCiné a évoqué avec lui son nouveau long métrage et sa déjà riche carrière.

    Mauvaises herbes, le nouveau film de Kheiron, sort ce mercredi dans les salles. Tendre, émouvant et surprenant, ce second long métrage nous a donné l'occasion de rencontrer l'humoriste et réalisateur pour évoquer ce long métrage (vidéo) et sa carrière.

    Kheiron et sa carrière :

    "Smaïn"

    C'est mon premier pas en tant que professionnel de l'humour. Je faisais du rap avec plein de potes dont Navo, qui a fait Bref après. On se connaît depuis 13 piges lui et moi, c'est l'humain que je connais depuis le plus longtemps à part mes parents. Et Smaïn, on avait un ami en commun qui avait écouté mes maquettes de rap et qui m'a dit "Smaïn cherche quelqu'un pour écrire un sketch sur le rap, t'es marrant et tu rappes et le sketch se moquera pas des rappeurs, ce sera plus intéressant". Navo et moi avons rencontré Smaïn et ça a été nos premiers pas dans le "game" de l'humour, avant même que je monte sur scène. Et quand j'ai vu Smaïn, je me suis dit que j'aimerais bien faire ça moi aussi, je me suis posé la question. Et au même moment j'ai vu un DVD de Jerry Seinfeld qui a été la claque et m'a fait dire "ok, je vais y aller !" Quand tu vois quelqu'un qui joue un truc que t'as écrit, tu te poses la question.

    "Jamel Debouzze"

    Jamel Comedy Club ! Si on ne compte pas Smaïn parce que je n'étais qu'auteur, ça a été mon premier patron de l'humour, qui a signé mon premier chèque. J'ai eu l'honneur de participer aux saisons 2 et 3 et c'était super, c'étaient mes premiers pas sur scène, qui m'ont beaucoup appris, aidé à comprendre. Et le Jamel Comedy Club m'a tout de suite donné accès aux plateaux, t'as un sceau, t'es en D1 ! Partout où tu veux jouer on te laisse jouer. C'est plus facile que de dire "S'il vous plait, est-ce que je peux jouer chez vous ?" C'était très enrichissant et beau ce qu'il a fait pour toute cette génération (...) il a amené de la couleur dans le PAF !

    "Le seigneur des anneaux"

    Mais quelle tarte ! Quel film ! Après je n'avais pas lu les livres pendant la trilogie pour ne pas être spoilé, et après... Je n'ai pas lu du tout. Mais la fin m'a déçu, parce que je suis un gogol. Je m'attendais à ce que Sauron prenne vie, devienne un monstre de ouf et qu'ils tapent tous contre Sauron, je m'attendais à genre contre Thanos quoi ! Et en voyant je me suis dit "hein ? Il jette l'anneau dans le trou, c'est nul !" Mais parce que je suis un gogol, je n'avais pas lu l'histoire. Non, c'est brillant. Et quel univers ! Mais moi dès qu'il y a un univers créé je kiffe. C'est tellement dur ! Harry Potter, Game of Thrones...

    Et vous aviez consacré un morceau de rap au Seigneur des anneaux.

    Ah ouiiiii ! J'avais oublié ! Tu vois je suis tellement fan du film, j'avais oublié. C'était pour rendre hommage à ma façon. J'ai vraiment respecté le truc car j'ai écrit le premier couplet en sortant du cinéma après avoir vu le numéro 1, le 2e couplet en sortant du n°2 et le 3e en sortant du numéro 3, avec de styles différents et le concept c'est que j'ai mis trois ans à écrire ce morceau. J'a dû attendre que trois films sortent et j'ai sorti le morceau bien plus tard. On peut l'écouter sur Youtube mais allez voir le film, c'est beaucoup mieux !

    "Le rap et toi"

    C'est un acte manqué ! J'ai découvert l'écriture très tôt avec le rap avec l'album d'Akhenaton Métèque et Mat. J'ai commencé à écrire à 13-14 ans, à 16-17 j'avais un groupe de rap, à 18 on faisait une tournée dans toute la France et ça marchait super bien pour nous. On avait fait un disque, une petite mixtape inconnue avec de gros rappeurs de l'époque : Psy4 de la Rime, Mafia Trece, Sully Séfil, c'était L'Arcane ! Le disque s'appelait L'Union fait la force. On avait La Brigade, OSFA, Movez'lang, on avait Sniper ! Des mecs de 18-19 ans, c'était génial ! Et le groupe s'est dissous peu de temps après et je suis parti vers l'humour, mais je déteste la solitude ! D'un côté j'étais sur scène avec des potes humoristes et on faisait plein de plateaux ensemble, on partageait ça et de l'autre côté je vivais mon art de rappeur seul. Donc naturellement je suis allé vers l'humour et j'ai complètement zappé le rap. J'ai eu mon chemin, je pense que c'est fini.

    Quand t'as une calvitie, tu peux plus faire de rap ! Sois tu te rases la tête mais la flemme, sois tu passes la main. Je suis déconnecté et démodé du rap, has been avant d'avoir été ! J'écoute toujours les nouveaux rappeurs, je les kiffe mais je ne ferai jamais d'album ou de carrière là-dedans. C'était un p'tit rêve que je ne réaliserais jamais mais je ne pensais pas faire du cinéma non plus et c'est une porte incroyable qui s'est ouverte. Il faut sacrifier des portes pour en ouvrir d'autres.

    "Bref"

    Ça a été une vitrine folle ! Pour plusieurs raisons, mais l'une des choses qui me touche le plus avec Bref c'est que c'est une aventure de potes. Ce n'était pas prévu, Kyan et Navo m'envoient le script, je me dis "putain c'est des barres" et ils me disent "on tourne dimanche". J'avais un truc de prévu et [ils insistent], je viens vite fait, je tourne, j'me barre. Et personne n'imaginait qu'après la diffusion y aurait des groupes Facebook avec des millions de gens... Même moi, car j'ai failli ne pas être dans Bref ! La seule raison pour laquelle Baptiste [Lecaplain] s'appelle Baptiste et Kheiron s'appelle Kheiron dans le premier épisode c'est parce qu'on ne croyait pas une seule seconde que ça exploserait ! On se disait "on est humoristes, si les gens le voit un peu, ça peut nous faire de la pub et ils viendront à nos spectacles".

    Kyan et Navo ont tellement bossé, un travail monstrueux. Ils sont brillants et ils nous ont offert un programme incroyable, à nous et au public. Et heureusement que je suis venu ce dimanche-là, j'aurais eu tellement la rage de ne pas faire partie de cette aventure. Tu te rends compte que je suis dans 5 épisodes, je ne dis pas un mot de la série, je fais 2-3 mimiques et tu m'en parles 7 ans après, c'est quand même fou. Bravo Kyan et Navo !

    "L'écriture"

    C'est la base de tout. J'adore l'écriture, la langue française, les mécanismes d'écriture. Sincèrement, j'ai des facilités là-dedans. Il y a d'autres domaines dans lesquels je galère, mais j'écris mes films entre deux et trois mois. Je suis à fond et je ne fais que ça mais ça me parle. On a tous des prédispositions dans différents domaines, moi c'est l'écriture. Je chante très faux, je ne pourrais jamais te faire le thème du Seigneur des anneaux, mon rêve c'est de faire The Voice mais je n'y arriverais jamais, mais bon, l'écriture j'y arrive. J'ai des choses à dire, que ce soit sur scène ou au cinéma.

    Mars Films

    Pour le cinéma, vous écrivez avec l'image en tête ou tout vient au tournage ?

    Tout ce qui apparait dans mes films en mise en scène sont écrits avant. Il n'y a pas de hasard comme si j'arrivais en disant "tiens, et si on faisait un plan séquence". Non. Et j'ai une super équipe qui m'épaule et qui m'aide. La première scène du film, qui est sans prétention une vraie scène de cinéma dans le sens noble et pur : avec de vrais enjeux, un vrai propos, une belle lumière et un beau son c'est une réflexion que j'ai eu à l'écriture. Et ça le fait. (...) Mon équipe a fait un boulot monstrueux [sur cette scène]. Cette première scène choque le public car il se dit "je me suis trompé de salle, je ne suis pas venu voir ça", tu te demandes ce que tu as vu et plus tard dans le film tu te dis "Ahhhh c'est ça que ça voulait dire". Et j'adore cette sensation. Essayer de surprendre le public pour moi c'est le rôle d'un artiste. Tu peux te vautrer, mais le jour où tu arrêtes de surprendre ton public il faut passer à autre chose.

    "La scène"

    C'est ma vie, c'est tout ce que j'aime, parler au public. Ce n'est même pas un travail, j'y vais en kiffant. Si je pouvais avoir un spectacle ce soir je serais comme un ouf. Je suis le vendredi et le samedi à L'Européen jusqu'au 31 décembre. Et ensuite en tournée dans toute la France 2019-2020, toutes les dates sur Kheiron.fr (rires). Non la scène c'est ce que j'aime le plus sur Terre, plus que la bouffe et les gens. (...) C'est une drogue. Si je ne peux pas monter sur scène, je ne suis pas bien. C'est comme un sport mais où tu brûlerais que deux calories, c'est nul !

     

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