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    Tell Me a Story : le conte est bon ?

    10 épisodes, 3 petits cochons, 2 grands méchants loups, Hansel, Gretel et un petit chaperon rouge plus tard, que reste-t-il des contes pour enfants dans la dernière série de Kevin Williamson (Dawson, Scream) ?

    James Dimmock/CBS

    La promesse est-elle tenue ?

    L’entreprise d’adaptation de contes à une époque contemporaine avait de quoi allécher n’importe quel nostalgique des sombres histoires que l’on écoutait religieusement et un peu effrayé. Les premières peurs sont souvent associées aux récits du Petit Chaperon Rouge, des Trois Petits Cochons ou de Hansel & Gretel. Sorcières ou Grands Méchants Loups sont pour beaucoup les premiers boogeyman à avoir terrorisé leurs nuits. Après le pilote, on s’interrogeait sur la viabilité de l’entreprise, finalement plus intéressée par ce que la série semblait dire de la filmographie de Kevin Williamson que la valeur symbolique des contes. Une impression qui ne se confirme pas tout à fait, sans pour autant justifier son principe fondateur.

    Très rapidement, l’idée d’adaptation s’évanouit au profit d’une triplette d’histoires à l’intérêt oscillant. Le jeu des ressemblances n’en vaut pas la chandelle. Et s’il pose quelque gimmicks amusants (faire des petits cochons, les méchants de l’histoire ; jouer sur l’identité du loup dans le segment Petit Chaperon Rouge), la partie s’épuise rapidement. Mais le principal problème de Tell Me a Story est ailleurs et symptomatique d’une tendance scénaristique un peu lourde : lier tous les récits entre eux.

    Master of Puppets

    Finalement, adapter des contes n’était pas suffisant, il fallait en plus que chaque histoire soit poreuse et justifie leur proximité. Des vases communicants qui accentuent l’artificialité des récits et qui voudrait faire croire que tout est pensé dans les moindres détails. On hésite entre le complexe de dieu du scénariste ou la peur du vide. Ne rien laisser dans l’ombre, tout relier, comme si la série ne pouvait survivre à la séparation de ses intrigues. Seulement ce qui pourrait apparaître comme un projet ambitieux sur le papier, ressemble davantage à une séance de bondage qui aurait mal tourné. Quand l’art de tisser des liens se transforme en saucissonnage de rôti façon boucher, c’est fonctionnel mais pas artistique.

    Le principe d’anthologie fonctionnant en vase clos, il n’y avait aucun intérêt à réunir toutes les intrigues par petites pirouettes scénaristiques. On reconnaît la volonté d’illustrer une sorte de théorie du chaos ( « le battement d'ailes d'un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? »), avec l’idée que tout acte possède ses conséquences et que des décisions a priori anodines peut entraîner des réactions complexes. Seulement ce jeu de puzzle aurait mérité d’être introduit plus tôt ou autrement que par un simple jeu de coïncidences qui auraient tendance à réduire New-York à un petit village où tout le monde se connaît.

    L’art de conclure

    Le sentiment qui prédomine une fois la couverture refermée serait : tout ça pour ça ? Une impression de vacuité pour un résultat qui choisit l'esbroufe de l’exercice de style, le numéro de voltige au final incroyablement plat. C’est à dire qu’après avoir fait les équilibristes-jongleurs pendant neuf épisodes, la série retombe sur ses deux pieds. Fin de la prestation. Difficile à accepter quand Kevin Williamson a passé toute une saison à jouer des coudes pour montrer son appétit à retourner les contes traditionnels. Cela donne un côté happy end très artificiel comme si l’auteur de Scream voulait absolument garder la morale sauve. Tout est bien qui finit pas trop mal pour tout le monde.

    Reste un goût d’inachevé, une promesse pas tenue. La relecture des Trois Petits Cochons s’avère la plus intéressante sur le fond comme sur la forme, même si on peut regretter que Williamson soit resté trop sage (aussi bien dans l’aspect vigilantisme que politique) ; celle du Petit Chaperon Rouge intéressante pour son écho à la filmographie du père de Dawson et son loup-boogeyman qui aurait pu sortir de la Serial Killer Academy de The Following ; enfin Hansel & Gretel ne semblent jamais avoir retrouver le chemin, un peu perdus dans une transposition qui a du mal à exister au-delà des gimmicks de l’histoire originale. Si on fait le calcul, le conte n’est pas si bon...

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