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    The Handmaid's Tale saison 3 : que valent les trois premiers épisodes ?
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Triple dose de "The Handmaid's Tale" pour le retour de la série sur Hulu et OCS, puisque la saison 3 débute avec trois épisodes d'un coup. Que s'y passe-t-il ? Quels dangers guettent June ? On fait le point - ATTENTION SPOILERS !!!

    Hulu

    ATTENTION - L'article ci-dessous contient des spoilers dans la mesure où il revient sur plusieurs éléments des trois premiers épisodes de la saison 3 de The Handmaid's Tale, diffusés le jeudi 6 juin sur OCS Max en France, au lendemain de leur mise en ligne sur la plateforme Hulu aux États-Unis. Veuillez donc passer votre chemin si vous n'êtes pas à jour, pour mieux revenir ensuite. Pour les autres, rendez-vous après la bande-annonce.

    Plus d'une fois, June a eu l'occasion de fuir Gilead. Notamment dans le final de la saison 2 où, tenant dans ses bras la fille de Fred et Serena Waterford qu'elle a portée, elle retrouve la servante Emily avec Joseph Lawrence à l'extrémité de la ville. De façon assez peu surprenante pour qui a suivi les événements survenus dans les épisodes précédents, l'héroïne décide de revenir sur ses pas pour retrouver sa fille Hannah, mais aussi exercer sa vengeance de l'intérieur, confiant à son homologue le bébé rebaptisé Nicole, et repartant avec le fondateur de l'économie du pays et des terribles colonies, qui reconnaît s'être mis dans "un sacré pétrin". Un an plus tard, nous retrouvons celle par qui la révolution devrait arriver. Et elle est de retour chez ses maîtres.

    Alors qu'Emily (Alexis Bledel) parvient à à rallier le Canada et retrouver le mari de June avec Nicole, les Waterford doivent faire face à la disparition de leur enfant, dont Serena (Yvonne Strahovski) est en grande partie responsable. D'abord montrée comme un personnage froid et cruel, cette dernière a vu sa carapace se fissurer dans la saison précédente, et celle-ci poursuit son entreprise d'humanisation en renforçant le lien qui l'unit à sa servante, qui lui permet de renouer avec l'expression de ses émotions. Quitte à ce qu'elle ne commette l'irréparable, à savoir brûler sa chambre à coucher, et par extension sa maison, après s'être débarrassée de ses médicaments. Un acte de purification par le feu aux accents bilbiques, dans la lignée de l'imagerie religieuse de la série qui convoque aussi bien Jésus qu'elle filme Elisabeth Moss comme un ange de la vengeance, qui va engendrer un vrai changement.

    Hulu

    Pendant que l'épisode 1 souligne la victoire de June en superposant le son de l'arrivée triomphale d'Emily au Canada aux images de l'héroïne devant les ruines de la maison des Waterford, une nouvelle dynamique s'enclenche en séparant physiquement les personnages principaux et ouvrant la porte d'une nouvelle demeure : celle du Commandant Lawrence, chez qui June est affectée. "Tu ne causeras pas de problèmes ?", lui demande-t-il dans les dernières secondes du season premiere. Réponse : "Non", avec un début de sourire qui renvoie autant au passif entre la servante et son nouveau maître qu'à ce que nous savons de ses ambitions à elle.

    Dans la lignée du premier épisode, qui remplit bien sa fonction transitoire en prenant le temps de nous remettre à niveau avant d'amorcer des changements, les deux suivants ne traînent pas en route. Là où la première moitié de la saison 2 pouvait tourner en rond, l'intrigue progresse de façon beaucoup plus convaincante : profitant de son nouveau statut, June parvient à recruter plusieurs alliées (dont une avocate, une journaliste et une voleuse), retournant à son avantage la bonne action de Lawrence, qui lui offre la possibilité de choisir cinq femmes en prison et de leur épargner un aller simple vers les colonies où les conditions de travail sont à peines humaines. Un geste qui illustre parfaitement l'ambiguïté du Commandant, capable de faire preuve d'une grande bonté comme de beaucoup de cruauté.

    LES ENNEMIS D'HIER DEVIENNENT LES ALLIÉS D'AUJOURD'HUI

    Incarné par Bradley Whitford, il se révèle être un méchant beaucoup plus complexe et retors que celui à qui Joseph Fiennes prête toujours ses traits, ce que soulignent les retrouvailles, dans l'épisode 3, entre June et celui qui se considère comme un "sentimental". Par opposition à Lawrence qu'il décrit comme un "survivant", un "visionnaire" : "Vous êtes miséricordieux", répond la servante à son ancien maître, Waterford, comme pour confirmer son point de vue. "Après tout cela, je suis encore en vie. Je vous en serai toujours reconnaissante." Les ennemis d'hier deviennent donc les alliés du présent, et il en va de même avec Serena, envoyée vivre chez sa mère au bord de la mère, ou, dans une moindre mesure, la terrifiante Lydia (Ann Dowd), qui a bien survécu à l'attaque d'Emily à la fin de la saison 2 et émet quelques doutes quant à la vraie nature du Commandant.

    Les cartes se brouillent, les forces en présence changent de camp de façon plus ou moins prononcée, mais la distinction entre le Bien et le Mal n'est pas beaucoup plus claire pour autant. Bien au contraire : à l'instar des saisons précédentes, les protagonistes de The Handmaid's Tale naviguent dans une zone grise comme la tenue que revêt June lorsqu'elle sort faire des courses. Et comploter. Au vu des trois premiers épisodes, qui parviennent à faire bouger les lignes sans perdre l'essence de la série (les relations entre hommes et femmes dans la société actuelle via le prisme de la dystopie), l'intrigue devrait tourner autour de la mise en place et de l'exécution du plan de June. Mais quel sera la place de Lawrence dedans ?

    Hulu

    Va-t-il se rendre compte que le système qu'il a grandement contribué à mettre en place n'est pas viable, ou s'opposer à la révolution de sa servante, lui qui a clairement montré qu'il n'était pas dupe des mensonges qui lui sont racontés à grands coups de mises en garde, et sait se révéler imprévisible et vicieux comme lorsqu'il demande spécifiquement à ce que June vienne le servir alors que Nick (Max Minghella), son amant, se trouve en sa compagnie ? Tous ceux qui avaient été déçus par la saison 2 devraient être davantage emballés par le début de la 3, qui, malgré une tendance à fétichiser la violence par moments, parvient à élargir son univers (on visite un autre pan de la ville, on parle d'une révolte qui gronde à Chicago), accentue l'iconisation de son héroïne, qui pourrait tout aussi bien se muer en sauveuse qu'en martyre (voire les deux en même temps) et annonce une suite explosive sans que l'on sache clairement comment les pièces du puzzle vont s'imbriquer.

    Le monologue qui conclut l'épisode 3 rappelle toutefois que l'étincelle se rapproche de la poudrière, et que l'explosion guette, quand il est rappelé que, grâce à leur connaissance des hommes, les femmes sont capables de les faire se sentir forts ou faibles. Qu'elles sont assez conscientes de leurs peurs pour les transformer en cauchemar en appuyant dessus : "Un jour, lorsque nous serons prêtes, nous viendrons pour vous. Soyez patients." Difficile, pour le téléspectateur, de le rester après de telles promesses. Mais heureusement, The Handmaid's Tale dès la semaine prochaine et jusqu'au 14 août (le 15 en France), à raison d'un épisode par semaine.

    Pour rappel, la série est diffusée sur OCS Max en exclusivité et en US+24 en France.

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