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    Il était une seconde fois sur Arte : c'est quoi cette série de Guillaume Nicloux avec Gaspard Ulliel ?

    Ce mercredi 29 août, Arte diffuse "Il Etait une seconde fois", une mini-série de 4x52 minutes créée et réalisée par le cinéaste Guillaume Nicloux. Une fiction très singulière où le surnaturel s'immisce dans une histoire d'amour.

    Réalisateur prolifique (Les Confins du Monde, L'Enlèvement de Michel Houellebecq, Valley of Love) Guillaume Nicloux, actuellement au cinéma avec Thalasso, passe sur le petit écran avec Il Etait une seconde fois, une mini-série en quatre parties diffusée en une soirée unique sur la chaîne franco-allemande. Dans ce drame qui flirte avec le surnaturel et la science-fiction, Vincent (Gaspard Ulliel), un trentenaire mélancolique, est en chute libre depuis sa rupture avec Louise (Freya Mavor, découverte dans Skins.) Lorsqu'il reçoit par erreur une étrange boîte vide, il y découvre un passage temporel qui le ramène... aux côtés de Louise, juste avant leur séparation.

    Une histoire singulière jouant sur différents registres, entre drame intime et quête existentielle, à travers le regard d'un personnage perdu qui se raccroche désespérément à une histoire d'amour passée et tente d'apprivoiser ce phénomène. Une thématique "assez universelle" pour Guillaume Nicloux : celle d'un homme "qui va tout faire pour récupérer la femme qu'il aime. On lui met à disposition un objet qui lui permet de remonter le temps, et d'essayer de modifier le passé." Son titre est une forme de clin d'oeil au conte et aux récits enfantins; mais pour son interprète principal, Gaspard Ulliel, l'histoire commence peut-être là on s'arrête le conte. "Ils se concluent toujours par "ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants", mais on ne nous raconte pas la suite. C'est souvent là où ça devient le plus compliqué !" s'amuse Gaspard Ulliel.

    Rodés aux séries, les spectateurs sont désormais plus difficiles à surprendre selon Bruno Nahon, producteur de Il Etait une seconde fois : "Aujourd’hui, beaucoup d'images nous sont envoyées toute la journée par différents canaux, la télé, les plateformes... C'est exponentiel, c'est formidable, soit. Toute notre idée avec Guillaume était de savoir comment proposer quelque chose de singulier, qui interrompe un peu ce flot-là et nous plonge dans l'inconnu, en laissant tomber au fur et à mesure toutes nos attentes et notre "expertise" en matière de dramaturgie." Autrement dit comment réussir à raconter une histoire d'amour de la manière la plus simple et sincère possible, tout en parvenant à surprendre le spectateur à l'issue de ces quatre épisodes. A l'image de l'aspect surnaturel de la série, qui demeure particulièrement sobre sur le plan visuel : un simple cube de bois dans laquelle le personnage de se glisse pour basculer entre le passé et le présent, et un format carré à l'image pour distinguer les deux espace-temps. 

    Dans son processus de création, le réalisateur tente de laisser un maximum de place à la spontanéité : "entre le moment où le premier mot s'inscrit et où la dernière image est tournée, il peut s'écouler plusieurs années. j'essaie de découvrir mon récit au moment où je le raconte aussi, pour garder le maximum de fraîcheur." Difficile cependant de s'accorder des libertés dans un canevas aussi complexe, entre les flashback, les flashforwards, et ce qui relève de l'imagination ou du réel. "On ne sait pas si tout ce qu'on voie appartient au réel, ou si ça appartient à quelque chose de fantasmé".

    Ayant précédemment réalisé plusieurs épisodes de la troisième saison de Kaboul Kitchen, Nicloux, familier de l'exercice, préfère pourtant parler d'objet filmique que de série. "Je n'ai jamais l'impression de faire une série, plutôt un objet destiné à être projeté dans une salle de cinéma" (elle a d'ailleurs été présentée au festival de Berlin 2019, ndlr.) La chaîne Arte lui a permis de ne pas verrouiller le projet et de conserver une grande liberté, en jouant avec les codes attendus de la série : son format en épisodes, mais aussi le mode de diffusion. "Je ne vois pas pourquoi une série ne pourrait pas être projetée en salles. c'est un plaisir différent", assure le réalisateur. "Prenez un chêne : je le vois à dix mètres, ça m'intéresse, mais si je m'en approche à deux mètres, ça m'intéresse encore plus parce que le détail de l'écorce, je peux rester une demi-heure devant ! Certains objets filmiques sont plus intéressants sur le grand écran, et d'autres sur le petit écran. C'est une affaire de perception et d'éloignement." Une simple affaire de proximité donc.

    Pour son acteur principal, Gaspard Ulliel, Il Etait une seconde fois présente plusieurs correspondances avec Les Confins du Monde, sorti en 2017, sa première collaboration avec Nicloux. "Dans ce film, le personnage principal est partagé entre une obstination de vengeance et un amour passionnel avant d'y renoncer en cédant à la vengeance, et c'est comme si la série rattrapait ce qu'il n'avait pas pu accomplir dans le film : le personnage de Vincent va se battre pour essayer de rattraper cet amour passionnel." La série est née d'une envie commune de poursuivre ce travail commencé avec le réalisateur. "Guillaume travaille de façon très particulière, très libre", selon le comédien. "Rien n'est anticipé, on ne discute de rien en amont pour essayer de saisir les choses sur le vif, de rester dans l'instant." L'occasion également d'approfondir un rôle sur plusieurs épisodes et d'explorer en profondeur les thèmes récurrents, "presque obsessionnels" du réalisateur : " l'ailleurs, le lointain, le deuil, le dédoublement... Toutes ces choses-là qui sont au cœur de son cinéma et que je retrouvais dans la série."

    Un sens de l'incarnation essentielle aux yeux de Guillaume Nicloux : "Pour qu'un personnage vive, il faut qu'un acteur s'en empare, et là c'est l'alchimie la plus curieuse. On adhère ou on reste à l'extérieur. Certains acteurs peuvent vous faire croire à une histoire de façon beaucoup plus convaincante qu'un autre. C'est encore une fois une affaire de perception." Idem pour Freya Mavor, rencontrée lors des repérages à Londres pour la série : "J’ai vu son visage et je me suis dit que c’était elle. L’incarnation ne s’explique

    pas vraiment... Cela repose sur quelque chose d’invisible, une envie de capter chez une personne tout ce qui n’existe pas dans votre scénario. Quand vous trouvez quelqu’un  qui semble endosser tous les espoirs que vous avez placés dans un personnage, c’est suffisant." Son souhait final : que chaque spectateur puisse vivre l'expérience d'Il Etait une seconde fois de façon différente. "J'ai envie de proposer au spectateur une aventure personnelle... mais d’une manière générale, j’essaie toujours de donner au spectateur la possibilité de se laisser mener par autre chose qu’une logique de résolution."

    Il Etait une seconde fois est diffusée le 29 août à 20h55 sur Arte, et disponible en intégralité sur Arte Replay jusqu'au 28 septembre : 

     

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