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    The Irishman sur Netflix : on a vu le film de Martin Scorsese
    Clément Cusseau
    Clément Cusseau
    -Rédacteur
    Après des études en école de cinéma, il intègre la rédaction d’AlloCiné en 2011. Il est actuellement spécialisé dans les contenus streaming et l’actualité des plateformes SVOD.

    Martin Scorsese était à Lyon ce mardi 15 octobre dans le cadre du festival Lumière pour présenter en avant-première son nouveau film, "The Irishman". Un long métrage à la hauteur des attentes ? Voici notre avis !

    Netflix

    DE QUOI ÇA PARLE ?

    La vie de Frank "The Irishman" Sheeran, soupçonné d'avoir fait disparaitre le dirigeant syndicaliste Jimmy Hoffa en 1975.

    The Irishman de Martin Scorsese avec Robert De Niro, Joe Pesci, Al Pacino...

    A découvrir en exclusivité sur Netflix

    ÇA RESSEMBLE À QUOI ?

    ÇA VAUT QUOI ?

    Voilà déjà près d’une décennie que le projet The Irishman existe : réunion plus de vingt ans après Casino du trio Scorsese / De Niro / Pesci, rejoints par le nouveau venu Al Pacino dans l’univers du cinéaste new-yorkais, le long métrage suit l’histoire du syndicaliste américain Jimmy Hoffa, porté disparu le 30 juillet 1975, et vraisemblablement liquidé par la mafia avec qui il entretenait d’étroits liens. Annoncé, repoussé, annulé, ressuscité, le projet a connu de nombreux rebondissements avant de finalement voir le jour sur Netflix (diffusion mondiale du film le 17 novembre prochain en exclusivité sur la plate-forme).

    D’un point de vue cinéphile tout d’abord, The Irishman est un objet filmique tout à fait fascinant. Neuvième collaboration de Scorsese et De Niro, eux qui n’avaient plus tourné ensemble depuis Casino (en 1995 !), le film a également réussi  l’exploit de sortir de sa retraite Joe Pesci (ces vingts dernières années, il n’était apparu que dans les films Raisons d’État – réalisé par De Niro justement – et Love Ranch (en 2010) mais aussi d’offrir (enfin !) un rôle à sa mesure au grand Al Pacino, lui qu’on pensait désormais condamné aux nanards et comédies potaches indignes de son immense talent (signalons tout de même son petit rôle cette même année dans la fresque Once Upon a a Time in Hollywood de Quentin Tarantino).

    D’une certaine façon, The Irishman est le film que l’on espérait, mais pas celui que l’on attendait. Touchant dans la façon qu'il a d'aborder les thèmes de la vieillesse et de la mort, cette nouvelle plongée dans l’univers du crime par Martin Scorsese tranche pourtant avec ses précédentes réalisations - Mean Streets, Les Affranchis, Casino - bien que nous y retrouvions par moment cet humour noir caractéristique et ses poussées soudaines d'ultra-violence. Il ne s’agit ni d’une suite de ces classiques, ni d’un "best-of", mais bien d’un film crépusculaire, qui tire le bilan d’une filmographie s’étalant sur un demi-siècle, le constat d’un cinéaste vieillissant sur un monde qui n’est plus vraiment le sien, en totale résonance avec ses récents propos sur l’état actuel du cinéma.

    L’une des grosses attractions du film est bien sûr le procédé de rajeunissement numérique, utilisé pour suivre sur plusieurs décennies le personnage de Frank Sheeran, incarné par Robert De Niro (76 ans au compteur) ; si dans l’ensemble, la technique s’avère convaincante, reste quelques imperfections – qui fort heureusement ne ternissent pas l’ensemble – comme l’incapacité à reproduire fidèlement le visage arboré par le comédien dans sa jeunesse mais aussi un rendu factice qui affecte quelque peu ses expressions faciales.

    L’autre point négatif de ce film serait sans doute son rythme : d’une durée totale de 210 minutes, le long métrage laisse en effet l’impression d’un cinéaste libéré de toute contrainte artiste, mais reste que l’intrigue s’éparpille parfois dans quelques longueurs superflues, heureusement bien vite rattrapées par les magistrales interprétations des comédiens et le montage de la légendaire Thelma Schoonmaker.

    The Irishman n’est donc pas exempt de reproches, mais il serait totalement injuste de bouder son plaisir devant ce film miracle, que l’on attendait avec la crainte d’être déçu ; mais qu’on se le dise, s’il ne signe pas son meilleur film, Scorsese propose une oeuvre parfaitement ancrée dans sa filmographie, sorte de conclusion d’une épopée commencée en 1973 dans le bruit et la fureur avec Mean Streets, et achevée ici avec un sentiment d’apaisement par cet Irishman dont on ne peut que regretter qu’il ne sera pas découvert par le public sur un écran de cinéma.

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