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    Penny Dreadful City of Angels : "Une atmosphère différente mais tout aussi fascinante, dangereuse et mystérieuse"
    Emmanuel Itier
    Emmanuel Itier
    -Correspondant
    Basé à Los Angeles, Emmanuel Itier accompagne AlloCiné sur les sorties américaines, en assurant interviews/junkets et couverture d’événements US.

    Scénariste de "Aviator", "Rango" ou "Skyfall", John Logan retrouve l'univers de "Penny Dreadful" avec le spin-off "City of Angels", diffusé sur Canal+. Rencontre avec un showrunner passionné et passionnant.

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    AlloCiné : Que pouvez-vous nous dire de ce spin-off de Penny Dreaful, baptisé "City of Angels" ?

    John Logan (showrunner) : Après avoir gardé tant de secrets, je peux en parler librement. Je suis fier de cette série car elle sort totalement de l’ordinaire. Elle a trouvé sa propre identité et elle est totalement différente de tout ce que l’on peut trouver en télévision ou sur les plateformes. Cette saison porte toujours la

    marque Penny Dreadful mais elle se différencie vraiment de la saison précédente : l’action se situe à Los Angeles en 1938, où l'on suit les enquêtes de l'inspecteur Tiago Vega pendant l’âge d’or d’Hollywood. C’était intéressant de montrer l’histoire riche de Los Angeles à cette époque et comment il y avait déjà des conflits entre les populations d’origines mexicaines et européennes. Quand les spectateurs pensent à Los Angeles dans les années 30, ils ont uniquement en tête une certaine image d’Hollywood et des polars noirs. En fait, Los Angeles regorge de cultures diverses, de conflits et d’influences multiples. Je suis vraiment tombé amoureux de L.A. et cette série est un hommage à cette ville qui m’enchante toujours aujourd’hui. Une ville qui n’est en aucun cas un "désert culturel" comme le prétendent certaines personnes.

    Ce qui explique que ce spin-off met en avant avant tout la culture mexicaine.

    Toute personne qui vit à Los Angeles sait que c’est une ville mexicaine ! Et 100 ans avant l’époque à laquelle se déroule notre série, Los Angeles faisait partie du Mexique. Toute la Californie était mexicaine. Les raciness "latinas" sont profondément ancrées dans la Cité des Anges, jusque dans le nom de la ville puisque Los Angeles signifie "les Anges" en espagnol. Que ce soit dans les années 30 ou aujourd’hui, vous pouvez constater l’influence mexicaine dans la culture, la musique, la langue, la nourriture de Los Angeles. Même dans les noms de certaines grandes rues et boulevards. Pour moi, il était donc important d’écrire l’histoire de la communauté d’origine mexicaine qui tente de remettre en avant ses valeurs et sa culture. D’où un personnage principal, Tiago Vega, dont la famille est latina.

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    Parlez-nous de l’univers de ce spin-off et de la manière dont il se différencie de la série originale ?

    Penny Dreadful, la série d’origine s’est focalisée sur les "monstres sacrés" d’Hollywood et sur notre culture occiendentale en général. En raison de ce ton sombre, c’était une série gothique et viscérale. Cette fois-ci , nous vous plongeons dans un monde totalement différent. Un monde plein de lumière, plein de couleurs, en technicolor. C’est une atmosphère totalement différente du premier univers de Penny Dreadful mais tout autant fascinante, dangereuse et mystérieuse. Ceci dit, vous trouverez des similarités entre les deux séries, au niveau de leur structures narratives similaires et de leur environnements surréalistes.

    Qu'en est-il du casting ?

    Je voulais trouver de nouveaux visages pour cette série et cela m’a presque pris deux ans pour trouver les bons acteurs. Les seuls que j’avais en tête et pour lesquels j’avais écrit des rôles précis étaient Nathan Lane (Lewis Michener) et Rory Kinnear (Peter Craft) qui était dans le premier Penny Dreadful. J’avais donc travaillé avec eux auparavant. Pour tous les autres, j’ai conduit de nombreuses auditions car je suis un perfectioniste et je voulais trouver la parfaite "famille" autour de mon personnage principal de Tiago Vega. Et croyez-moi, ça n'a pas été facile de trouver un acteur pour ce rôle. Mais après un long processus et de longues conversations, Daniel Zovatto s’est imposé comme une évidence. Il a un énorme charisme, il sait être charmant et mystérieux. Un grand talent !

    Parlez-nous de la mythologie au coeur de la série : est-elle basée sur des faits réels ?

    Comme toute mythologie, il y a une base de vérité mais bien sûr nous devons laisser courir notre imagination pour rendre la série encore plus sulfureuse. Au départ, nous nous inspirons d’une figure mythique mexicaine, Santa Muerte, La Sainte Morte. Elle est surtout vénérée par les milieux mexicains des bas fonds, les narco-trafiquants et les gangsters. On la retrouve au temps des Aztèques et son histoire a survécu au fil des siècles. Pour moi la Santa Muerte est comme la fameuse Valkyrie des légendes nordiques. C’est elle qui choisit ceux qui vont mourir et ceux qui vont vivre dans un combat. Nous avons créé des personnages fantastiques comme celui joué par Natalie Dormer qui incarne Magda. C’est un démon qui peut prendre l’apparence de qui elle désire, et Tiago Vega, qui est le premier inspecteur mexicain de la Police de Los Angeles, va devoir l’affronter. Magda est vraiment le fruit de mon imagination et elle représente toutes les peurs que j’ai vraiment dans la vie ! Elle est ce démon qui vient vous chuchoter à l’oreille les deux choix que vous avez dans la vie : écouter l’ange du mal ou écouter l’ange du bien. Tous les jours, nous avons le choix de bien ou mal agir et nous sommes, dans une certaine mesure, libres de faire le choix…. A moins que quelqu’un, comme Magda, vous pousse à faire le mauvais choix.

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    Les thèmes abordés, comme celui des minorités, sont très contemporains. Etait-ce une volonté de départ ? 

    Non, pas vraiment. C’est en faisant des recherches sur l’historique de Los Angeles que je me suis rendu compte de l’importance émergente, déjà dans les années 30, des Mexicains à Los Angeles. Cela m’intéressait donc de me focaliser sur les défis d’une famille "minoritaire" au sein d’une société essentiellement blanche. Je me suis rendu compte, également, qu’à cette époque, vue l’augmentation du nombre de ces minorités, la population dirigeante blanche avait décidé de construire un système d'autoroutes, qui allaient découper la ville de Los Angeles en plusieurs secteurs. Ce qui permettait de mettre en "quarantaine" les communautés minoritaires les plus pauvres... Quelque part, on voit bien comment on re-bascule dans un état d’esprit proche de nous avec tous ces thèmes. Un autre fait que je voulais explorer était l’émergence du 3e Reich nazi à Los Angeles à la fin des années trente. Encore une fois, on peut faire des parallèles avec l’émergence des courants extrémistes, aujourd’hui, un peu partout dans le Monde. C’est effrayant de voir comment l’Histoire se répète… Finalement, le monde de Penny Dreadful, c’est notre monde puisque nous ne savons vraiment plus où nous en sommes, dans quel chaos nous sommes tombés ni comment et quand nous allons nous en sortir. Ce qui est horrible, c’est de voir qu’en 1938 les gens savaient que quelque chose d’horrible allait arriver, notamment en raison de la montée du nazisme et d’Hitler. Et aujourd’hui, on sent bien que quelque chose également d’horrible risque de nous tomber dessus… Donc, forcément, cela fait réfléchir. Et justement, j’espère qu’au delà de son côté divertissant, la série permettra au public de se poser de vraies questions sur la situation actuelle et d’entamer de nouvelles

    discussions sur les points essentiels de la vie comme la famille, les relations humaines, … En un sens, Penny Dreadful est un récit édifiant sur le futur qui se dessine à l’horizon.

    En parlant de futur, peut-on envisager un autre spin-off de Penny Dreadful dans un avenir proche ?

    C’est quasi prévisible et je travaille déjà sur plusieurs idées pour d’autres "incarnations" de Penny Dreadful. Vous allez vous régaler !

     

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