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    Dix Pour Cent : comment la série s'est emparée de l'homoparentalité en prime-time
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 12 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    Avec les adieux de la série Dix Pour Cent, dont les derniers épisodes de la saison 4 seront diffusés mercredi prochain, c'est aussi la fin d'une série qui avait mis en lumière la question de l'homoparentalité avec une modernité reconnue par beaucoup.

    Christophe BRACHET - MONVOISIN PRODUCTIONS / MOTHER PRODUCTIONS /FTV

    Le temps des adieux approche pour la bande de Dix Pour Cent. L'issue de la saison 4, présentée comme la dernière, sera diffusée sur France 2 mercredi prochain et signe aussi la fin d'un programme de prime-time, fédérant large public, qui a su mettre au premier plan l'homoparentalité, un sujet fort et toujours d'actualité, en raison des tensions autour de la loi bioéthique, encadrant la PMA et la GPA. 

    S'il existe bien entendu d'autres séries françaises ayant su s'emparer du sujet, à l'instar de la quotidienne Un Si Grand Soleil sur France 2, ou Parents Mode d'emploi sur France 3 -sans compter les séries américaines, comme la bien nommée Modern Family-, force est de constater que Dix Pour Cent l'a intégré avec modernité, engagement et une forte résonance, en particulier dans sa saison 3.

    Le Nouveau Parents Mode d'emploi : rencontre avec le premier couple homoparental [EXCLU]

    Attention, la suite de l'article contient des spoilers.

    Petit rappel des faits : l'un des principaux coups de théâtre de la fin de la saison 2 avait en effet été la relation sexuelle totalement inattendue entre Hicham (Assad Bouab) et Andréa Martel (Camille Cottin), lesbienne assumée. Ce "coup d'un soir" avait permis à la jeune femme de tomber enceinte.

    Ce rebondissement fort avait d'ailleurs beaucoup fait réagir sur les réseaux sociaux, et la showrunneuse de la série Fanny Herrero s'en était expliquée dans nos colonnes : "je n'avais pas réalisé à quel point c'était important d'avoir une héroïne lesbienne qui devenait emblématique au sein d'une communauté qui avait si peu l'habitude d'être représentée dans la fiction, nous avait-elle confié pour la diffusion de la saison 3. Je ne mesurais pas ça, alors que j'étais très fière de ce personnage.

    Ca m'a déstabilisée, j'ai ressenti comme une forme d'injustice aussi parce ce qu'on voulait raconter avec l'équipe sur Andréa c'était son côté trangressif, impulsif, même à l'égard de son propre camp. Elle n'est jamais là où on l'attend. Mais il n'a jamais été question pour moi de la faire tomber amoureuse d'un homme. Au contraire même, c'était une façon de la faire revenir vers Colette. On savait ce que l'on voulait raconter avec Camille Cottin."

    C’est très facile de fabriquer un enfant et tellement difficile de l’élever

    L'issue de la saison 3 avait ensuite donné lieu à une séquence très forte, qui avait été énormément relayée sur les réseaux sociaux, résumée notamment par cette phrase prononcée par le personnage d'Hicham : "C’est très facile de fabriquer un enfant et tellement difficile de l’élever."

    Sans détour, dans cette scène, la série témoignait en faveur de l'ouverture de la PMA à toutes les femmes. Ophélia Kolb, interprète de Colette, avait commenté l'importance de cette séquence et de son personnage, en couple avec Andréa. A notre micro, elle avait fait part de la fierté d’avoir pu participer à mettre en avant en prime-time à la télévision ce couple homoparental :

    "J'en suis vraiment très, très fière. Quand j'ai lu les scénarios et que j'ai vu que Fanny Herrero et son équipe d'auteurs avaient écrit ces scènes-là et développé ce sujet-là, j'étais ravie. Le fait que ce couple homoparental ait eu un enfant, l'histoire de l'adoption, du parent qui n'a pas porté l'enfant et est donc non biologique, c'est tellement compliqué et tellement d'actualité.

    Beaucoup de gens m'ont écrit pour me dire que ce sont des combats qu'ils mènent et qu'ils sont heureux que cela soit reconnu à travers la série

    Beaucoup de gens m'ont écrit pour me dire que ce sont des combats qu'ils mènent et qu'ils sont heureux que cela soit reconnu à travers la série. Ils me remercient même, alors qu'au fond je n'y suis pas pour grand chose, je n'ai fait que jouer (rires). C'est plutôt les auteurs qu'il faudrait remercier. Mais bon je prends les remerciements avec grand plaisir. Et je suis très fière d'avoir pu jouer ces scènes-là, qui ont beaucoup été relayées sur les réseaux sociaux je crois.

    Ça me tient à coeur car même si des tabous sont en train d'être levés peu à peu, c'est un combat qui est extrêmement dur pour les parents qui sont confrontés à ça. C'est dur d'en parler à sa famille ou dans le milieu du travail. Alors le fait de traiter de ce sujet à une heure de grande audience dans une série extrêmement vue, si ça peut ouvrir les esprits et pousser les gens à penser différemment et à en discuter, tant mieux. C'est scandaleux qu'il y ait encore des gens qui pensent qu'une famille c'est forcément un papa et une maman, alors qu'il y a tellement de possibilités. Ce qui compte pour élever un enfant c'est l'amour qu'on lui donne."

    Christophe BRACHET - MONVOISIN PRODUCTIONS / MOTHER PRODUCTIONS /FTV

    Cette séquence de Dix pour cent avait même valu un article de Têtu portant ce titre qui en dit long : "la minute qui fait mieux sur l’homoparentalité que tous les débats actuels".

    C'est justement dans le média LGBT Têtu que Camille Cottin est revenue plus récemment sur l'importance de son personnage en terme de représentation : "Déjà aujourd'hui, quand on incarne une femme, on a une petite responsabilité. Il y a des questions qu'on doit se poser sur ce que ça raconte, sur les messages que ça peut véhiculer. Alors effectivement, on a traversé des moments de questionnement, notamment après qu'Andréa a couché avec Hicham. Il y a eu des inquiétudes par rapport à ça. Du coup, en saison 3, Fanny Herrero a intégré cette maladresse et a beaucoup discuté avec les gens afin de rectifier le tir pour, au final, ne pas trahir ce qui était sincère en première saison."

    La télé au sens large a besoin de continuer à incarner ces modèles de modernité et dont on a besoin en termes d'identification

    Interogée précisément sur la représentation de l'homoparentalité, et le retard avec lequel le sujet est abordé en France, la comédienne abonde : " Je ne sais pas comment ça se passe dans les télés ailleurs, mais clairement oui, on a un train de retard sur beaucoup de choses. Je ne sais pas si la télé française a plus de retard que les autres, mais en tout cas la télé au sens large a besoin de continuer à incarner ces modèles qui sont des modèles de modernité et dont on a besoin en termes d'identification."

    > La saison 4 de Dix Pour Cent se poursuit sur France 2 mercredi prochain et est disponible en replay sur Salto et le site France.tv

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