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    La Guerre des Mondes sur Canal+ : la saison 2 est-elle à la hauteur de la première ?
    Julia Fernandez
    Julia Fernandez
    -Journaliste Séries TV
    Elevée à « La Trilogie du samedi », accro aux séries HBO, aux sitcoms et aux dramas britanniques, elle suit avec curiosité et enthousiasme l’évolution des séries françaises. Peu importe le genre et le format, tant que les fictions sortent des sentiers battus et aident la société à se raconter.

    Le deuxième chapitre du thriller SF créé par le britannique Oward Hoverman ("Misfits") démarre ce lundi 17 mai à 21h05 sur Canal+. Une nouvelle saison qui continue d'explorer des thématiques actuelles à travers le prisme de l'invasion alien.

    Un an et demi après la diffusion de la saison 1, La Guerre des Mondes, créée par le showrunner britannique Howard Overman et librement adaptée du célèbre roman éponyme de H.G. Wells, est de retour sur Canal+ pour un second volet, intitulé "L'Affrontement".

    Quatre mois après l’attaque extraterrestre qui a pratiquement éradiqué la vie sur Terre, les survivants s’organisent et ripostent pour reprendre le contrôle de la planète. Côté anglais, le neuroscientifique Bill Ward (Gabriel Byrne) progresse dans ses recherches : il découvre que les extraterrestres présentent d’étranges similitudes avec les humains et met au point un virus susceptible de les vaincre définitivement. Il s'interroge alors sur la proximité d’Emily (Daisy-Edgar Jones) avec les aliens, celle-ci possédant un étrange tatouage sur le bras.

    La Guerre des Mondes (Canal+)
    La Guerre des Mondes (Canal+)
    Sortie : 2019-10-28 | 52 min
    Série : La Guerre des Mondes (Canal+)
    Avec Gabriel Byrne, Léa Drucker, Bayo Gbadamosi
    Presse
    3,2
    Spectateurs
    3,1
    Voir via MyCanal

    Côté français, alors que la menace extraterrestre s’intensifie, l'astrophysicienne Catherine Durand (Léa Drucker) recueille Micah, un alien pacifique d’apparence humaine qui lui révèle que le cours des choses peut changer si elle trouve le professeur Bill Ward. Il lui confie son carnet de travail avant de mourir.

    Enfin, du côté des aliens, certains mettent en cause la radicalité de l’attaque menée par leur leadeuse, Adina (Ania Sowinski). Un affrontement sans merci se profile pour les deux camps, mettant à mal les certitudes de chacun...

    Un survival impitoyable

    Après une première saison choc, marquée par l'impressionnante attaque des vaissaux aliens et de leurs chiens-robots meurtriers (dont le son terrible mettra longtemps à vous sortir de la tête), on retrouve les différents personnages toujours scindés en deux groupes entre la France et le Royaume-Uni, alors que tous poursuivent un objectif commun qui pourrait au mieux assurer leur survie, et au minimum leur redonner un peu d'espoir.

    Crise migratoire, virus mortel, paranoïa, polarisation de deux camps adverses : cette deuxième mouture de la libre adaptation du classique de la littérature SF par le papa de Misfits est on ne peut plus actuelle dans les thématiques de fond qu'elle aborde. Sans jamais ménager le spectateur, la série continue de nous questionner : dans un monde devenu impitoyable, jusqu'où irait-on pour protéger les siens ? 

    Que ce soit Bill Ward et sa quête désespérée pour tenter de mettre au point un virus qui éradiquerait les aliens, Catherine Durand et sa course pour retrouver Bill afin qu'il l'aide à déchiffrer les notes laissées par Micah tout en tentant de protéger sa jeune soeur qu'elle vient de retrouver, ou encore Emily et sa lutte morale pour essayer de comprendre qui elle est, chacun fait face à l'inconnu, et risque sa vie à chaque instant. 

    Un thriller sous haute tension, au risque de parfois devenir irrespirable tant le combat des personnages semble infime face à la destruction massive de l'espèce humaine qui s'y déroule. Post-crise sanitaire, le visionnage des scènes de foules décimées en plein quotidien et de lieux publics vidés de leur population prend une saveur particulièrement amère.

    Une saison 2 très austère... voire trop

    Hélas, à trop vouloir jouer la carte de l'ultra-réalisme froid et sombre, ces nouveaux épisodes peinent à nous tenir en haleine sur la longueur. Sans rien dévoiler de l'intrigue, et ce malgré la lutte acharnée des héros pour survivre et fonctionner en tant que micro-société, ces derniers ne sont pas plus épargnés qu'avant et tombent comme des mouches, au moment où l'on s'y attend le moins.

    En termes de sensations fortes, cela pourrait fonctionner si l'on avait un peu de répit pour prendre le temps de s'attacher aux différents survivants. Quelques scènes de calme bienvenues entre deux attaques de robot dogs et de combattants armés ne permettent cependant pas de créer assez d'empathie pour les nombreux personnages qui parcourent la série.

    Certains d'entre eux, pourtant de premier plan dans la première saison, trouvent ici un destin funeste et vite expédié, alors qu'on a à peine le temps de remettre un nom sur leurs visages. Survival oblige, personne n'est à l'abri, y compris les individus les plus vulnérables... On est bien loin de tout sentimentalisme dans cette coproduction majoritairement européenne.

    Si la première saison posait un univers dans lequel tout basculait en quelques jours et nous faisait retenir notre souffle devant le spectacle saisissant d'une humanité quasi-éradiquée dans un monde délabré, cette deuxième salve d'épisodes, entre deux scènes de violence, contient de nombreux temps morts, où les dialogues même entre les personnages paraissent froids et désincarnés. 

    L'introduction des aliens à forme humaine, quant à elle, soulève plus de questions qu'elle n'apporte de réponses. On ne sait rien d'eux, si ce n'est qu'ils se battent avec des armes et comptent bien décimer les humains rescapés de la première grande attaque jusqu'au dernier... Tout en enlevant leur progéniture pour les embrigader. 

    Un brin déceptive, cette apparence humaine, bien plus proche de la réalité de la crise climatique qui nous attend en tant que civilisation, donne cependant une toute autre perspective à l'issue de la série.

    En restant un divertissement d'envergure et une proposition de science-fiction qui se donne les moyens de ses ambitions, la saison 2 de La Guerre des Mondes oublie parfois l'essentiel en cours de route : ses personnages et leur humanité, et la nécessité d'introduire parfois une dose d'humour et de légèreté pour mieux jouer avec les émotions du spectateur.

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