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    My Son : James McAvoy raconte le tournage où il a tout improvisé !
    Marine de Guilhermier
    Passionnée par le grand et le petit écran et fascinée par les acteurs, elle a des goûts très éclectiques. Elle a néanmoins une préférence pour les productions américaines et dévore tout ce qui lui passe devant les yeux, de l'immense blockbuster au plus petit film indépendant.

    Le remake de Mon Garçon, My Son, arrive en salles aujourd’hui, toujours réalisé par Christian Carion qui a cette fois recruté James McAvoy pour donner vie à la nouvelle version de cette histoire tournée de façon très particulière. Rencontre.

    Sorti en 2017, Mon Garçon mettait en scène Guillaume Canet dans la peau d’un père absent dont le fils se faisait kidnapper. Un film tourné de façon inédite puisque l’acteur n’avait pas reçu de scénario et avait improvisé toutes ses actions. 

    Pour la version en anglais du film, My Son, une nouvelle fois réalisée par Christian CarionJames McAvoy s’est plié au même exercice. Une expérience qu’il nous raconte dans la vidéo ci-dessus tandis que le réalisateur nous parle de ce projet pas comme les autres ci-dessous :

    AlloCiné : qu’est-ce qui vous a donné envie de faire un remake de Mon Garçon ?

    Christian Carion : J’avais envie de le refaire à cause du procédé qui est que l’acteur n’a pas le scénario. Il est comme le personnage, il découvre tout devant la caméra, je me suis dit si on change l’acteur, ça sera forcément un autre vécu. Ma hantise c’était de tomber dans un pur et bête remake plan par plan, ça c’est sûr que ça n’aurait pas fait beaucoup avancer la chose.

    Je voulais revisiter cette histoire avec d’autres acteurs, dans un autre endroit et une autre langue aussi, parce que dans le cinéma anglo-saxon c’est un genre qui est fort le thriller, le polar, comme chez nous d’ailleurs. Et je me suis dit si je le fais en langue anglaise, je vais toucher un public que je n’avais pas pu toucher avec le film français et donc j’en ai profité pour refaire le film mais un peu autrement, en changeant quelques ingrédients.

    My Son
    My Son
    Sortie : 3 novembre 2021 | 1h 36min
    De Christian Carion
    Avec James McAvoy, Claire Foy, Tom Cullen (III)
    Presse
    2,9
    Spectateurs
    2,5
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    Aviez-vous dès le départ James McAvoy en tête pour le rôle principal ?

    J’avais une shortlist de plusieurs acteurs et lui il était vraiment dedans. Encore plus quand je l’ai eu vraiment en Facetime parce qu’on était en plein dans le premier confinement (...) et le Facetime était fort, il m'a dit "Whaou moi jamais on me propose de ne rien savoir donc je veux le faire, je veux vivre ça une fois dans ma vie". Et comme je pense que c’est un des acteurs les plus talentueux de sa génération, je me suis dis si lui il va à fond, ça peut être excitant.

    James, quand on vous a proposé ce rôle, connaissiez-vous le film français sur lequel il est basé ?

    James McAvoy : Je ne le connaissais pas. L’offre est arrivée par mon agent qui m’a dit "c’est le remake d’un film français, le réalisateur fait son propre remake". J’étais un peu [dubitatif] mais quand elle m’a décrit comment on allait faire le film, j’ai compris rapidement que si j’allais le faire, je ne devais pas voir [le film français] ou sa bande-annonce. À cause du procédé, Christian était emballé par l’idée de préserver l’authenticité de mes réactions et de mes actions. Donc c’était mieux que je ne sache pas ce qui se passait.

    Maintenant que My Son est sorti, comptez-vous voir Mon Garçon ?

    Oui, je suis impatient de le voir. Mais trouver le temps de voir mes propres films est difficile alors trouver du temps pour ceux des autres est presque impossible mais j’ai envie de le voir, je suis intrigué.

    C’est un acteur qui est très très instinctif.

    Christian, James McAvoy et Guillaume Canet ont-ils eu la même approche sur le tournage ?

    Christian Carion : Ils ont fait la même chose, et de toute façon il n’y a pas le choix : ils se sont abandonnés. Ils se sont retrouvés dans des situations et à partir de là, nous, on a capté leurs réactions. Mais ils sont différents et c’est ça qui m’intéressait, je me suis dit c’est un autre acteur, c’est un autre personnage, ce n’est pas le même ADN. Et effectivement il y a des choses où ils ont les mêmes réactions et d’autres ou c’est vécu autrement, c’est ça qui me plaisait.

    James McAvoy a-t-il fait des choix qui vous ont surpris pendant le tournage, que vous n’auriez pas imaginés ?

    Quand vraiment ça allait dans une direction qui n’était pas compatible avec le film, j’arretais. Je lui disais “Stop James, tu ne peux pas faire ça” et je lui expliquais pourquoi mais je ne lui disais pas ce que j’espérais de lui. Je le ramenais au point de départ et il réinventait autre chose, la plupart du temps ça suffisait pour continuer à faire le film.

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    Il m’a surpris car il a un rapport avec la violence qui est particulier. Il connaissait très bien Claire Foy, ils ont fait du théâtre ensemble pendant longtemps, donc il y avait une intimité, une complicité, une alchimie entre les deux qui m’a nourri de beaucoup de choses. C’est un acteur qui est très très instinctif, parfois même un peu animal et ça, ça m’a plu parce qu’il y a de ça dans le personnage. Il s’en est emparé : je lui ai donné les clés du film et quelque part il est parti là-dedans avec une énorme gourmandise.

    Il y a des scènes très similaires entre Mon Garçon et My son, notamment celle de torture au chalumeau, cela veut-il dire que vous donniez à James McAvoy des indications sur les objets dont il devait se servir ?

    C’est un peu comme au patinage artistique, il y a des figures : le double salto arrière [par exemple]. Dans ce film, il y a une figure, entre autres, c’est le chalumeau. Donc je l’ai mis dans une situation où il doit torturer cet homme pour avoir des informations. Il est d’abord parti sur l’idée d’un marteau, donc je me suis dis "Tiens, qu’est ce qu’il va faire avec ce marteau ?" et il a commencé à lui faire peur avec le marteau. Ça n’a pas marché. J’ai donc dit à James "Il y a un chalumeau" et là j’ai vu dans son visage [qu’il était excité]. On a pris une minute pour lui expliquer comment ça marchait et ensuite on l’a laissé faire.

    Le mot d’ordre c’est ne jamais le lâcher.

    Quel est le dispositif de tournage pour pouvoir suivre un acteur en constante improvisation ?

    Le dispositif est relativement simple : d’abord quand il est face à un autre acteur, on est à plusieurs caméras, on ne va pas faire un champ contre champ car sinon on recommence et ce n’est pas l’esprit du film. (...) Quand il est en mouvement, on est la plupart du temps en stead et parfois en caméra à l’épaule (...).

    Le mot d’ordre c’est ne jamais le lâcher donc s’il sort par une pluie battante, on fait avec la pluie battante et ça donne des choses plus importantes, plus intéressantes, plus fortes que si on avait attendu qu’il fasse beau. La pluie est un personnage du film pour moi. Il pleut tout le temps : on a choisi le mois de novembre en Écosse pour ça et on n’a pas été déçu.

    Vous donniez des directives spécifiques aux comédiens qui entouraient James McAvoy pour qu’ils le poussent à aller vers ce que le scénario demandait ?

    Absolument. Les autres acteurs, eux, ont le scénario, donc ils savent où on doit aller. Je leur ai dit : vous devez évidemment respecter les intentions de vos personnages mais vous devez m’aider à manipuler McAvoy pour l’emmener dans la bonne direction qui est celle du film. Vous êtes mes complices, j’ai besoin de vous. (...) Ils ont été des bons soldats, c’est à dire qu’ils m’ont vraiment emmené McAvoy là où je voulais qu’il aille. C’est une manipulation collective.

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    James, comment se sont passées les retrouvailles avec Claire Foy ?

    James McAvoy : C’était génial, je connais Claire depuisdes années, c’est une actrice incroyable. Quand tu ne sais pas ce que tu dois faire - je ne savais littéralement pas ce qui allait se passer - c’est assez intimidant. Mais d’arriver pour l’une de mes premières scènes et de voir Claire là, la Claire que je connais, aime et en laquelle j’ai confiance, en tant qu’artiste et en tant que personne, c’était assez utile.

    Christian, Claire Foy a un rôle plus actif dans le dénouement de l’intrigue que Mélanie Laurent dans Mon Garçon, qu’est-ce qui vous a poussé à changer cet aspect du scénario ?

    Christian Carion : Quand j’ai fait le film français, j’ai été frustré de ne pas plus travailler avec Mélanie. Son personnage était comme ça dans l’écriture donc elle a peu de scènes. Je me suis dit c’est dommage car c’est une immense actrice.

    Là, je savais que j’allais avoir Claire Foy donc je me suis dit je ne vais pas en rester à ce qu’on a fait. Aussi le fait qu’il y avait plus de complicité entre ces deux acteurs qui se connaissaient bien, j’avais envie de pousser le bouchon plus loin pour qu’elle l’accompagne d’une certaine manière jusqu’au bout, je trouvais ça plus intéressant.

    La bande-annonce de My Son :

     Propos recueillis par Marine de Guilhermier à Paris le 14 octobre 2021

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