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    Aya et la sorcière sur Netflix : Miyazaki défend l'utilisation de la 3D pour son film d'animation Ghibli
    Vincent Formica
    Vincent Formica
    -Journaliste cinéma
    Comme de nombreux enfants des années 80, il découvre l'animation japonaise grâce au Club Dorothée. Nicky Larson, Dragon Ball Z... autant de séries qui l'initient à la japanimation. Après l'arrêt du célèbre programme, il continuera à se passionner pour les animes jusqu'à aujourd'hui.

    Après une sortie en salles décalée plusieurs fois, Aya et la sorcière a fini par atterrir sur Netflix le 18 novembre. Pour l'occasion, nous sommes allés à la rencontre du réalisateur Goro Miyazaki.

    Aya et la sorcière suit une fillette ayant grandi dans un orphelinat douillet depuis qu’elle est bébé. Elle ne sait pas que sa mère avait des pouvoirs magiques. Aimée et choyée, la petite de 10 ans n’a jamais voulu quitter son cocon et son cher ami Custard. Espiègle, rusée, elle mène son petit monde par le bout du nez !

    Lorsqu’un couple étrange vient l’adopter, Aya se rebelle et suit sa nouvelle famille à reculons… Mais que peuvent bien cacher ce mystérieux Mandrake et cette inquiétante Bella Yaga ? Au rythme des enchantements, une aventure extraordinaire attend l’adorable effrontée… car ses prétendus parents ne sont autres que des sorciers ! 

    À l'occasion de la diffusion du film d'animation sur Netflix, AlloCiné a rencontré son réalisateur, Goro Miyazaki, fils du légendaire Hayao.

    Aya et la sorcière
    Aya et la sorcière
    Sortie : 21 juin 2022 | 1h 22min
    De Goro Miyazaki
    Avec Sylvia Bergé, Shinobu Terajima, Thierry Hancisse, Etsushi Toyokawa, Micha Lescot
    Presse
    2,2
    Spectateurs
    2,2
    Voir sur Netflix

    Aya et la sorcière est le premier film à être réalisé en 3D, pourquoi Ghibli a-t-il été aussi réticent à s'emparer de cette technologie ?

    Jusqu'à présent, le studio ne voyait pas la nécessité de s'attaquer à ce type de défi. Tous nos projets étaient dessinés à la main. Le studio a forgé son excellence dans ce langage formel. Il n'y avait donc aucune raison de se lancer dans la 3D.

    Dans la situation d'aujourd'hui, aller dans cette direction correspondait à l'ouverture d'une autre possibilité à explorer à côté de l'animation traditionnelle. Ghibli ne va pas toutefois pas cesser de produire ce genre de films.

    Mais quand on regarde le paysage de l'animation mondiale, la 3D prend une place prépondérante. Cela avait donc un sens de relever le défi de ce nouvel outil pour ouvrir une possibilité en plus pour l'avenir du studio.

    Dans la situation d'aujourd'hui, faire un film en 3D correspondait à l'ouverture d'une autre possibilité à explorer à côté de l'animation traditionnelle.

    Aya est l'adaptation d'un roman occidental de Diana Wynne Jones, est-ce que vos goûts personnels vous attirent plus vers ce genre d'ouvrages que les mangas japonais ? En effet, votre film précédent, Ronya, fille de brigand, était aussi adapté d'une histoire occidentale écrite par Astrid Lindgren.

    Si on réfléchit au genre littéraire qui est celui de la littérature jeunesse, on s'aperçoit que c'est en Angleterre ou d'autres pays européens qu'il a donné de grands chefs-d'oeuvres. En tout cas, depuis que je suis enfant, et même avant, il y a toute une tradition de traduction d'oeuvres occidentales dédiées à la jeunesse.

    C'est évidemment aussi le cas pour la littérature pour adultes mais un grand nombre d'ouvrages pour enfants a trouvé un public japonais très important. L'Angleterre est notamment un des grands pays producteur de littérature jeunesse. Même si ce sont des oeuvres étrangères, elles nous sont très familières.

    La figure de la sorcière est très présente dans de nombreuses cultures, on en voit pas mal d'ailleurs dans les films estampillés Ghibli. Pourquoi la sorcière est-elle aussi fascinante dans la culture populaire ?

    Depuis plus de 50 ans, le Japon produit des dessins animés avec pour personnages principaux des magiciennes ou des sorcières, des fillettes avec des pouvoirs magiques. C'est une chose qui remonte à très loin dans le passé, bien avant Kiki la petite sorcière, qui n'est pas du tout le premier projet mettant en scène une sorcière. 

    Il y a toute une lignée de productions animées avec ce type de personnages. Pour moi, une manière de l'expliquer serait de dire que lorsque l'on veut prendre comme protagoniste une jeune fille, on aime lui conférer des pouvoirs de magicienne ou de sorcière. Cela lui donne de l'épaisseur car elle a une capacité spécifique que les autres n'ont pas.

    Cela lui confère une identité particulière. En Occident, le terme de sorcière peut avoir une connotation négative si on pense à celle de Blanche-Neige par exemple, avec ses doigts crochus. Au Japon, on a plus l'image de la petite sorcière venue de ces séries pour les filles dont je vous parlais précédemment. Elles ont donc une image très positive grâce à leurs qualités particulières.

    Au Japon, les sorcières ont une image très positive grâce à leurs qualités particulières.

    Aya est une petite sorcière intelligente, déterminée et insolente ; en ce sens, elle se place parfaitement dans la lignée des héroïnes Ghibli. Est-ce que vous aviez à coeur de porter un message féministe avec ce film ?

    Je n'ai pas vraiment eu cette conscience-là. Je voulais plutôt créer un antagonisme entre les enfants et les adultes. Les gens de ma génération, qui ont la cinquantaine aujourd'hui, ont autour d'eux énormément de gens de la même génération. Etant jeunes, on avait beaucoup de compagnons, de gens avec qui nous partagions les mêmes valeurs. On pouvait joindre nos forces pour faire entendre un message, faire valoir nos priorités. On avait ce pouvoir en commun.

    Aujourd'hui, par contraste, le Japon fait face à un problème de natalité très important. Les enfants sont très minoritaires dans notre pays. Par conséquent, c'est une génération qui a beaucoup moins de chance d'être entendue. Elle doit faire face à une pression qui la rend fragile et délicate. Même si c'est plus difficile pour eux de changer la donne, la vraie question réside ici : comment parvenir à se frayer un chemin dans ce contexte-là ?

    Est-ce que les nouvelles générations doivent prendre sur eux et suivre les directives des générations précédentes ? Je ne crois pas. Un personnage comme Aya, qui trouve les moyens de manipuler les adultes autour d'elle, peut donner des pistes aux enfants, leur suggérer qu'ils peuvent avoir la force d'entraîner les autres dans une direction donnée, de faire entendre leur voix. Ça m'a semblé faire sens de proposer aux enfants ce type de personnage.

    Demon Slayer Le Train de l'Infini a battu le record historique du Voyage de Chihiro au box-office japonais, quel regard portez-vous sur ce succès ?

    Du point de vue du studio Ghibli, le fait que ce record soit désormais détenu par une autre production est une bonne chose. On tenait ce record au box-office depuis très longtemps ; maintenant qu'il est battu, on va pouvoir être beaucoup plus détendu. Le contexte de crise sanitaire a empêché de nombreux longs-métrages japonais ou étrangers de sortir en salles.

    Demon Slayer - Kimetsu no Yaiba - Le film : Le train de l'infini
    Demon Slayer - Kimetsu no Yaiba - Le film : Le train de l'infini
    Sortie : 19 mai 2021 | 1h 57min
    De Haruo Sotozaki
    Avec Enzo Ratsito, Natsuki Hanae, Akari Kito, Christophe Lemoine, Yoshitsugu Matsuoka
    Presse
    3,8
    Spectateurs
    4,0

    Même si Demon Slayer a bénéficié de l'absence de films rivaux, le fait qu'un dessin animé parvienne à prendre la première place du box-office historique au Japon est une chose absolument remarquable. Le Japon est effectivement un drôle de pays. Il y a une force, une vraie vitalité dans l'animation, qui se manifeste par un public enthousiaste qui se rue dans les salles.

    Avez-vous des nouvelles concernant Comment vivez-vous, le prochain film de votre père, Hayao Miyazaki ?

    La première chose que je peux vous dire, c'est qu'on ignore quand le film sera terminé. Ça reste le grand mystère. Mon père a 80 ans et il travaille sans se hâter, à son rythme. Il évite de se mettre des pressions inutiles. 

    Le Garçon et le Héron
    Le Garçon et le Héron
    Sortie : 1 novembre 2023 | 2h 03min
    De Hayao Miyazaki
    Avec Gavril Dartevelle, Soma Santoki, Padrig Vion, Masaki Suda, Juliette Allain
    Presse
    4,2
    Spectateurs
    3,8
    Séances (19)

    Ce que je peux vous dire, du peu que j'ai vu des images du film, c'est que je suis très frappé de voir à quel point, même à cet âge-là, il conserve une imagination et une richesse flamboyante. Son énergie créative reste toujours aussi impressionnante.

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