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    Perte de 60 kilos, tournage d'un an... : Benoît Magimel raconte l'intensité derrière De son vivant
    Thomas Desroches
    Thomas Desroches
    -Journaliste
    Les yeux rivés sur l’écran et la tête dans les magazines, Thomas Desroches se nourrit de films en tout genre dès son plus jeune âge. Il aime le cinéma engagé, extrême, horrifique, les documentaires et partage sa passion sur le podcast d'AlloCiné.

    Emmanuelle Bercot réunit une nouvelle fois Catherine Deneuve et Benoît Magimal dans "De son vivant", un mélodrame dont la puissance passe avant tout par le talent et le travail de ses interprètes. Rencontre avec l'acteur et la réalisatrice.

    C’est sa troisième collaboration avec Catherine Deneuve et Benoît Magimel. Pour De son vivantEmmanuelle Bercot réunit une nouvelle fois ses deux interprètes fétiches. La réalisatrice leur taille un mélodrame sur mesure et raconte l’histoire d’une mère qui accompagne son fils de 39 ans durant les derniers mois de sa vie. Présenté hors compétition au 74e Festival de Cannes, le film a été reçu sous les applaudissements d’un public ému aux larmes, mais pour la cinéaste, le message est clair : De son vivant est une célébration de la vie.

    De son vivant
    De son vivant
    Sortie : 24 novembre 2021 | 2h 02min
    De Emmanuelle Bercot
    Avec Catherine Deneuve, Benoît Magimel, Gabriel Sara
    Presse
    3,4
    Spectateurs
    3,9
    louer ou acheter

    J’ai toujours su que je voulais faire un film lumineux et joyeux sur la mort, fait savoir Emmanuelle Bercot, rencontrée dans un hôtel parisien. Je voulais montrer comment, même dans la souffrance, on peut trouver de la joie et de la paix.” Pour camper le héros de la manière la plus organique possible, elle se repose sur le talent de Benoît Magimel. L’acteur livre une performance saisissante qui ne sombre jamais dans le pathétique. “L’émotion, ça galvanise, lance-t-il. Quand on a été sujet à des émotions fortes, il y a une envie de vivre encore plus intense.”

    Le tournage du film a été divisé en deux parties et s’est écoulé sur un an - en novembre 2019, Catherine Deneuve a été victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) sur le plateau. Cette longue période, plutôt inhabituelle pour ce type de projet, a été l’occasion pour Benoît Magimel de plonger dans son rôle. “C’est pas moi qui suis venu à lui, c’est Benjamin [le prénom de son personnage, NDLR] qui est venu à moi, précise-t-il. Pendant tout ce temps-là, j’ai vécu avec lui. Il m’est arrivé pendant des tournages de maîtriser un personnage que des mois après avoir tourné. On se fatigue à intégrer des gestes sur le moment, alors qu’on ne maîtrise ça que 3 mois après. C’est ce temps-là qui est nécessaire. On a besoin d’incarner et pour incarner il faut l’intégrer à son ADN.

    Laurent CHAMPOUSSIN/LES FILMS DU KIOSQUE

    Bien que réduit dans l’espace - le personnage de Benjamin est souvent allongé sur un lit d’hôpital -, le rôle n’en est pas moins physique. Benoît Magimel explique à AlloCiné avoir perdu une soixantaine de kilos. “Cumulés sur un an bien sûr”, ajoute Emmanuelle Bercot en plaisantant. L’acteur compare sa préparation à celle d’un sportif de haut niveau, avec “une pression de dingue” et la peur de “ne pas être pris au sérieux”. “C’était l’angoisse. J’ai une quarantaine d’années, donc c’est plus difficile de perdre du poids. J’ai dû faire 3 régimes et du matin au soir, vous ne vivez que là-dedans.

    Pour réussir, la relation de confiance entre le metteur en scène et l’interprète est primordiale. “On ne peut pas faire les choses en claquant des doigts, il faut quelqu’un qui vous regarde et qui sait, souligne-t-il. Emmanuelle ne voulait pas filmer une déchéance physique, elle voulait rendre ça beau, c’est un vrai parti pris.

    Je n’aime pas les choses tièdes et j’aime les pousser à l’excès.

    Benoît Magimel et Emmanuelle Bercot sont coutumiers des rôles extrêmes. Le premier en signe un beau avec De son vivant et la seconde s’est souvent illustrée dans des exercices périlleux, comme dans Mon Roi de Maïwenn, film pour lequel elle a reçu le Prix d’interprétation féminine à Cannes en 2015. Cet intérêt, l’actrice et réalisatrice le justifie par “des questions de nature” : “Je ne suis pas une personne mesurée, je n’aime pas les choses tièdes et j’aime les pousser à l’excès.”

    Le défi des rôles difficiles

    Dans les films, je raconte toujours des choses impossibles, mais comme acteur encore plus, poursuit-elle. C’est galvanisant et j’aime l’idée de la performance, d‘essayer de se dépasser. Quand on s'attaque à des rôles comme ceux-là, on ne sait pas si on va y arriver. C’est beaucoup de tension émotionnelle tout au long d’un tournage, donc c’est sportif et aussi ludique. Qu’est-ce qu’on va sortir de soi et qu'on ne supposait pas de nous-même ?” Un état d’esprit que partage Benoît Magimel : “Parfois quand je lis le scénario, je me demande : ‘Comment je vais porter un rôle comme ça ?’

    Après 33 ans de carrière, l’acteur admet avoir changé sa façon d’aborder ses rôles. “Dans mes premiers films, pendant 15 ans, j’aimais créer et composer des personnages. J'aimais dès que ça s'éloignait de moi. Le temps passe et on a une matière en soi, acquise avec l’expérience, qu’on a envie de partager.” Comme exemple, il cite son rôle d’éducateur dans La Tête haute, toujours réalisé par Emmanuelle Bercot. “L’expérience de vie, ça n’a pas de prix et ça nous permet d’être juste, d’être honnête.

    De son vivant d'Emmanuelle Bercot, au cinéma le 24 novembre.

    Propos recueillis par Thomas Desroches, à Paris, le 17 novembre 2021.

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