Monstre sacré hollywoodien à la célèbre voix imposante et profonde, James Earl Jones vient de tirer son ultime révérence à l'âge vénérable de 93 ans. Dans une carrière au très long cours, s'étalant sur plus de soixante ans, il aura incarné près de 190 rôles sur petit comme grand écran. Et si une telle carrière fut fatalement parfois en dent de scie, elle reste émaillée de nombreux rôles inoubliables, comme celui, culte, dans Conan le barbare.
Voici cinq anecdotes que vous ignoriez peut-être sur ce grand acteur.
Il est devenu acteur pour surmonter un terrible bégaiement
Bien des années avant que sa voix ne soit si reconnaissable sous les feux de la rampe hollywoodienne, James Earl Jones souffrait d'un terrible bégaiement. Tout jeune élève, il était souvent mutique, et refusait même régulièrement de parler, par crainte de se mettre à bégayer au mauvais moment et pour éviter de cruelles moqueries.
Une première révélation pour lui fut la lecture -qu'on imagine douloureuse vu son handicap- d'un poème qu'il avait écrit, en classe, à la demande de son professeur. Un texte qu'il avait intitulé "Ode to a Grapefruit", soit "Ode à un pamplemousse". Jones se rendit alors compte qu'il arrivait à délivrer une diction tout à fait intelligible grâce à sa mémoire.
Un praticien lui conseilla alors de prendre des cours de théâtre : ce qui devait n'être au départ qu'une thérapie deviendra bientôt une passion dévorante, et une véritable planche de salut. Si son problème de bégaiement a largement été corrigé depuis, l'acteur a cependant expliqué toujours lutter contre, devant penser en amont à ce qu'il devait dire.
Il est devenu célèbre avec sa voix
La voix d'Orson Welles était une des plus célèbres du cinéma et bien entendu de la radio. Une voix de stentor, profonde et grave. Il fut ainsi le premier choix du studio Warner pour faire la voix de OOM dans THX 1138, mais George Lucas insista pour prendre quelqu'un de moins connu, James Wheaton.
Plus tard, Lucas songea aussi à Orson Welles pour faire la voix de Dark Vador, avant de se raviser, pensant que la voix de Welles était - à juste titre- beaucoup trop reconnaissable. Ce fut finalement celle de James Earl Jones. Très humble, ce dernier refusa d'être crédité au générique des épisodes Un Nouvel espoir et L'Empire contre-attaque, estimant que sa contribution aux films n'était pas assez significative. Il sera finalement crédité sur Le Retour du Jedi.
"Irvin Kershner m'avait donné une K7 avec la voix de David Prowse faisant celle de Dark Vador. C'était absolument effrayant. Lorsque George est venu me conseiller, il m'a dit : "je ne sais pas si nous avons bien fait, on verra ce que ca donne" racontait Jones. Moi je voulais naturellement faire quelque chose d'intéressant, plus subtil, avec des variations et tout ça. Mais George m'a dit : "non non ! Il faut que tu gardes ta voix sur un même timbre, parce qu'il n'est pas humain". Le reste appartient désormais à l'Histoire.
Il fut un soldat d'élite
Des acteurs appelés sous les drapeaux, volontairement ou non, n'est évidemment pas franchement une découverte; en témoigne l'engagement de nombreux talents hollywoodiens lors de la Seconde guerre mondiale par exemple.
James Earl Jones lui, a servi dans les forces armées durant sa jeunesse. Mais pas n'importe lesquelles. Il fit partie du 75e régiment des Rangers; autrement dit une des forces spéciales de l'US Army. Seule unité de rangers existant actuellement dans les Forces armées des États-Unis, ce régiment constitue une unité d'infanterie légère d'élite dédiée aux opérations spéciales qui est flexible, très entraînée et rapidement déployable.
Dans le making-of du film Conan le barbare, intitulé Conan Unchained, Jones explique d'ailleurs que son entraînement à la survie en milieu désertique / hostile lui a été très utile lors du tournage du film, et notamment lors des séquences où il manipule des serpents, que vénère son personnage démoniaque Thulsa Doom.
Il fut un EGOT
James Earl Jones fut l'une des très rares personnalités à peine à être estampillé EGOT. Cet acronyme un brin barbare désigne en fait les personnes récipiendaires d'un Emmy Award, d'un Grammy Award, d'un Oscar et d'un Tony Award. Ce sont les quatre récompenses majeures remises aux États-Unis dans le domaine du divertissement culturel, respectivement pour la télévision, la musique, le cinéma et le théâtre.
A ce jour, seules 16 personnes ont su faire ce grand chelem, comme John Gielgud, Alan Menken, Audrey Hepburn, Rita Moreno, Mel Brooks ou Mike Nichols. James Earl Jones a pu rejoindre ce club ultra fermé en 2011, après 42 ans de carrière, grâce à son Oscar d'honneur décerné pour l'ensemble de sa carrière. Il avait remporté deux Emmy Award en 1991 (pour le drama Gabriel's Fire et Emeutes en Californie); son Grammy Award en 1977 pour avoir posé sa voix sur un documentaire; et ses deux Tony Award en 1969.
Il fut la toute première célébrité à être invitée dans Sesame Street
Très célèbre série télévisée éducative américaine pour enfants, dont le concept a d'ailleurs été décliné dans de nombreux pays à travers le monde, Sésame Street fut diffusé pour la première fois en novembre 1969 et reste à ce jour toujours active, après 55 saisons et près de 1900 épisodes. C'est dire si elle est devenue une véritable institution. En France d'ailleurs, elle fut adaptée sous le nom de 1, rue Sésame, diffusée de 1978 à 1982 sur TF1.
Depuis sa création, d'inombrables guests sont venu, d'horizons très différents; que ce soit du monde du sport, de la politique, et, bien entendu, du monde de l'Entertainment. C'est même d'ailleurs devenu un quasi rite de passage obligé pour les talents hollywoodiens.
Des Backstreet Boys à Mark Ruffalo en passant par Jessica Alba, Ryan Reynolds, Sarah Jessica Parker, Adam Sandler, Steve Carell, Jim Carrey, et tant d'autres, tous ou presque sont venu défiler dans ce mythique programme jeunesse.
James Earl Jones, lui, a eu l'insigne honneur d'être le tout premier talent hollywoodien à être invité dans le Show ! On vous laisse d'ailleurs le soin de voir cet extrait ci-dessous; une séquence éducative dans laquelle il récite patiemment et lentement l'alphabet.
So long l'artiste...