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    Mohammad Rasoulof en prison : une pétition en Iran pour soutenir le réalisateur, Ours d'or 2020
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 12 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    Le cinéaste iranien Mohammad Rasoulof a été arrêté et mis en prison, avec son confrère Mostafa Al-Ahmad. Une pétition de soutien a été lancée en Iran, signée par plus de 300 personnes dont Jafar Panahi, qui a depuis, lui-même, été arrêté à son tour.

    Appel à la mobilisation internationale. A la suite de l'arrestation des cinéastes Mohammad Rasoulof et Mostafa Al-Ahmad, une pétition de soutien a été lancée en Iran et déjà signée par plusieurs centaines de personnes.

    Le Festival de Cannes vient également de lancer un appel officiel de soutien et demande une libération immédiate (que nous relayons ci-dessous).

    Ces deux cinéastes ont été arrêtés brutalement ce vendredi 9 juillet. La raison ? Leur "activisme déstabilisateur", comme l'indiquent nos confrères de Libération. Mais ajoutent-ils, le véritable motif serait autre, en l'occurrence d'avoir été tous deux "signataires en mai d’un appel à ce que la police cesse d’user de ses armes sur la foule protestant contre la corruption et la gabegie réglementaire ayant conduit à l’effondrement d’une tour à Abadan dans le sud-ouest du pays".

    Le texte de la pétition est à lire ci-dessous, que nous relayons via Libération :

    "En début de soirée, le vendredi 8 juillet, Mohammad Rasoulof et Mostafa Al-Ahmad, deux cinéastes critiques et engagés, ont été arrêtés à leur domicile à Téhéran dans un raid programmé, avant d’être transférés vers des lieux inconnus.

    Tout en condamnant la pression et la répression constantes exercées sur les cinéastes libres-penseurs et indépendants ainsi que le non-respect des droits individuels et sociaux fondamentaux par les institutions et organisations concernées, nous demandons, instamment, la libération immédiate et sans condition de nos confrères.

    Nous demandons également le soutien de tous les artistes, cinéastes et militants à travers le monde pour obtenir la libération des artistes [et de tous ceux qui critiquent la situation actuelle du pays."

    Jafar Panahi arrêté à son tour

    Suite au lancement de la pétition signée notamment par Asghar Farhadi, Fatemah Motamed-Aria, Jafar Panahi, Taraneh Allidousti…, un autre cinéaste iranien a été arrêté. Jafar Panahi a été interpellé ce lundi matin 11 juillet, lors d'une manifestation appelant justement à la libération de Mohammad Rasoulof et Mostafa Al-Ahmad.

    Pour mémoire, le réalisateur Mohammad Rasoulof s'était vu décerner l'Ours d'or du Festival de Berlin en 2020, pour un film dont la sortie avait été ensuite repoussée en raison de la pandémie, et finalement arrivé sur les grands écrans français en mars 2022. Pour ce long-métrage intitulé Le Diable n'existe pas (voir bande-annonce ci-dessus), le cinéaste avait dû jouer des coudes pour éviter les coups de ciseau de la censure. Le Diable n'existe pas nous emmène en Iran, de nos jours. Heshmat est un mari et un père exemplaire mais nul ne sait où il va tous les matins. Pouya, jeune conscrit, ne peut se résoudre à tuer un homme comme on lui ordonne de le faire.

    Pour parvenir à mettre en boîte le long-métrage, l'équipe de Mohammad Rasoulof avait bravé les interdits, tournant souvent dans la clandestinité. Pour mémoire, le cinéaste avait été condamné dans le passé pour rassemblement et connivence contre la sécurité nationale et pour propagande contre le régime. Il a été condamné en juillet 2019 à un an de prison ferme, suivi de deux ans d’interdiction de sortie du territoire et de l’interdiction de se livrer à la moindre activité sociale et politique. 

    Lire le communiqué complet du Festival de Cannes :

    "Vendredi 8 juillet 2022, les cinéastes iraniens Mohammad Rasoulof et Mostafa Aleahmad ont été arrêtés et emprisonnés dans un lieu inconnu, pour avoir protesté contre la violence exercée envers les civils en Iran. Mohammad Rasoulof avait déjà été privé de sa liberté de circuler et de travailler depuis 2017, suite à la présentation de son film Un homme intègre, qui avait remporté le Prix Un Certain Regard lors de la 70e édition du Festival de Cannes. Ses films Les manuscrits ne brûlent pas, Prix Fipresci en 2013 et Au Revoir, Prix de la mise en scène Un Certain Regard en 2011, y avaient également été projetés. Il avait, par la suite, remporté l’Ours d’or à la Berlinale en 2020 avec Le diable n’existe pas.

    Ce lundi 11 juillet, le cinéaste iranien Jafar Panahi a également été interpellé à Téhéran. Le réalisateur iranien a présenté de nombreuses œuvres à Cannes, et notamment les films Trois visages, sélectionné en Compétition en 2018 et récompensé du Prix du scénario ainsi que Sang et or, Prix du Jury Un Certain Regard en 2003. Jafar Panahi a également remporté l’Ours d’or à la Berlinale en 2015 pour son film Taxi Téhéran.

    Le Festival de Cannes condamne fermement ces arrestations ainsi que la vague de répression visiblement en cours en Iran contre ses artistes, et demande la libération immédiate de Mohammad Rasoulof, Mostafa Aleahmad et Jafar Panahi.

    Le Festival de Cannes souhaite d’autre part réaffirmer son soutien à toutes celles et tous ceux qui, à travers le monde, subissent violences et représailles. Le Festival reste et restera toujours le refuge des artistes du monde entier et se mettra sans relâche à leur service afin de porter haut et fort leurs voix, pour la défense des libertés de création et d’expression."

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