Mon compte
    Redoutée par Kubrick, vénérée par Tarantino... La plus acerbe des critiques au cœur d'un documentaire passionnant
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 12 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    La plus redoutée des critiques de cinéma au coeur d'un documentaire captivant à voir en salles : Qui a peur de Pauline Kael, réalisé par Rob Garver.

    De quoi ça parle ?

    Pauline Kael, longtemps critique de films au New Yorker, s'est battue toute sa carrière pour imposer son empreinte. Une personnalité toute en éclat(s), riche d'une confiance en soi inébranlable, d'un passé complexe, mais surtout d'un amour profond pour l'Art et le cinéma.

    Qui a peur de Pauline Kael ?
    Qui a peur de Pauline Kael ?
    Sortie : 16 novembre 2022 | 1h 35min
    De Rob Garver
    Avec Alec Baldwin, Francis Ford Coppola, Woody Allen
    Presse
    3,3
    Spectateurs
    2,8

    Les documentaires consacrés à des critiques de cinéma sont rares, et encore plus rares lorsqu'il s'agit de femmes critiques de cinéma. Celui-ci, consacré à Pauline Kael, est donc une pépite, à ne pas manquer !

    Son nom ne vous dit peut être rien, et pourtant, elle est l'une des plumes les plus connues, mais surtout les plus redoutées aux Etats-Unis. Le documentaire Qui a peur de Pauline Kael, en salles ce mercredi, permet de revenir en longueur sur la passionnante trajectoire de cette signature, principalement du New Yorker, qui a débuté dans les années 50, et est décédée en 2001. Le film réalisé par Rob Garver revient sur quelques faits d'arme de cette femme, qui était à la fois redoutée, et admirée !

    Pauline Kael bousculait votre ressenti

    Parmi ses fervents adeptes, il y a un certain Quentin Tarantino. A son sujet, il a dit ceci : "Les critiques de Pauline Kael ont été ma seule école de cinéma". Pourquoi cette déclaration ? Simplement parce que cette critique avait un sens de l'observation et une mémoire assez inouïe, et pouvait, de ce fait, vous faire voir tout autrement un film.

    "Dans mon film, Quentin Tarantino dit qu'elle pointait régulièrement un défaut que vous n'aviez pas vu. Et vous deviez convenir qu'elle avait raison. Elle bousculait votre ressenti. C'est ce qui en faisait une écrivain hors pair", détaille Rob Garver dans un entretien accordé autour de la sortie de ce film.

    Et d'ajouter : "Je vous cite un exemple : 2001, l'Odyssée de l'espace. Je pense sincèrement que sa critique était injuste. Malgré ses imperfections, il s'agit d'un film révolutionnaire. Je la rejoins sur le fait que le discours, surtout à la fin, est confus, mais elle n'a jamais accordé à Kubrick le crédit qu'il méritait. Elle n'en était pas fan. Dr Folamour est l'un de mes films préférés, pourtant elle a affirmé qu'il arborait des penchants trop libéraux. Je ne suis pas d'accord avec elle." Ses fans portaient d'ailleurs le surnom des "Paulettes" !

    D.R.
    La redoutable critique de cinéma Pauline Kael

    Pauline Kael reste célèbre, aussi, pour avoir étrillé des réalisateurs très appréciés. Ce qui lui a d'ailleurs valu des courriers assassins ou de sévères rancœurs ! Parmi les plus connus, il y a Clint Eastwood, et comme cela est détaillé dans le film, il y a Stanley Kubrick et David Lean, réalisateur de Lawrence d'Arabie. Notons également qu'elle a également "sauvé" des films, témoignant de son influence à l'époque. C'est elle qui a rendu possible le vif succès de Bonnie and Clyde, qui initialement aurait pu rester un échec au box-office. Sa critique a eu le pouvoir de remettre en lumière ce film.

    Elle était moins pressée que tous ces critiques qui écrivaient à la seconde

    Qui a peur de Pauline Kael a l’intérêt aussi d'inciter à la réflexion sur l'exercice de la critique et son évolution. A l'ère où tout va toujours plus vite, ce doc parle d'elle comme étant quelqu'un prenant le temps de la réflexion et du recul : "elle était moins pressée que tous ces critiques qui écrivaient à la seconde où ils sortaient de la salle de projection, tels que Roger Ebert ou Gene Siskel. (...) C'est grâce à ce temps long, et à son écriture d'une autorité naturelle qu'elle a construit son pouvoir et sa notoriété. Mais je crois que ni la célébrité ni la publicité ne l'intéressaient. Elle voulait bien écrire, faire entendre sa propre voix. C'est ce qui la rend si vivante. Ses phrases sont vivantes, son esprit et son cœur sont vivants, tout le temps, partout. Et lorsque les films n'étaient pas très bons, ses articles étaient souvent bien meilleurs."

    Qui a peur de Pauline Kael propose de nombreuses archives et des témoignages inédits, comme Quentin Tarantino, Paul Schrader, John Boorman, David O. Russell (réalisateur d'Amsterdam, actuellement à l'affiche), ou la fille de Pauline Kael qui a beaucoup travaillé avec elle.

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Sur le même sujet
    Commentaires
    Back to Top