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    Hors Normes sur TF1 : comment de véritables autistes ont pu jouer dans le film d'Eric Toledano et Olivier Nakache
    Mégane Choquet
    Mégane Choquet
    -Journaliste
    Journaliste spécialisée dans l'offre ciné et séries sur les plateformes quel que soit le genre. Ce qui ne l'empêche pas de rester fidèle à la petite lucarne et au grand écran.

    Dans "Hors Normes", diffusé ce soir sur TF1, Eric Toledano & Olivier Nakache ont dirigé de véritables autistes. Un exercice difficile, de patience, comme nous l'expliquait les réalisateurs et le formidable duo à l'écran, Vincent Cassel et Reda Kateb.

    Dans Hors normes d'Eric Toledano et Olivier Nakache, Bruno (Vincent Cassel) et Malik (Reda Kateb) vivent depuis vingt ans dans un monde à part, celui des enfants et adolescents autistes. Au sein de leurs deux associations respectives, ils forment des jeunes issus des quartiers difficiles pour encadrer ces cas qualifiés "d'hyper complexes".

    Hors Normes
    Hors Normes
    Sortie : 23 octobre 2019 | 1h 55min
    De Eric Toledano, Olivier Nakache
    Avec Vincent Cassel, Reda Kateb, Hélène Vincent
    Presse
    3,9
    Spectateurs
    4,2
    Voir sur Netflix

    Hors normes est le fruit d’un engagement de vingt ans. En 1994, Eric Toledano et Olivier Nakache étaient moniteurs de colonies de vacances et ont dû passer un diplôme pour devenir directeur (BAFD). C’est là qu'ils ont rencontré Stéphane Benhamou, le créateur de l’association Le Silence des Justes, spécialisée dans l’accueil et l’insertion des enfants et adolescents autistes.

    "Nous nous sommes ensuite perdus de vue. Mais il a pris sous son aile un membre de ma famille qui souffrait de cette pathologie. Un jour avec Olivier, nous avons décidé d’aller faire un tour dans la colonie de vacances qu’il dirigeait alors à la montagne. Nous avons été profondément impactés par l’énergie et l’humanité que Stéphane et son équipe dégageaient. L’alchimie entre jeunes référents et jeunes en situation de handicap nous a complètement bouleversés", se rappellent-t-ils.

    La question du temps

    "On s'est demandé comment on pouvait raconter au mieux cette histoire" se souvient Eric Toledano. "Très vite on a demandé aux médecins, aux gens qui entouraient les associations : 'Est-ce que vous pensez qu'ils peuvent tourner ?' Ils nous ont expliqué que c'était une question de temps : le temps qu'on les habitue aux décors, à nous, aux comédiens.

    Bien en amont, quand on était en montage du Sens de la fête, on a commencé à aller dans des associations, notamment une qui s'appelle Turbulences et qui fait des spectacles avec des enfants autistes et où on a proposé un atelier de théâtre. On a commencé à écrire des scènes et à voir comment ils arrivaient à les jouer."

    "Après, il y a aussi un problème d'éthique qui se pose : est-ce qu'ils ont envie de jouer ? Ça, il y a des moyens de le décrypter. Par exemple, il y avait des rendez-vous pour cet atelier de théâtre. S'ils revenaient, c'est que ça les intéressait, sinon ils ne revenaient pas. Il a fallu beaucoup de temps et on a utilisé le petit crédit qui était le nôtre pour pouvoir demander aux producteurs du temps pour pouvoir mettre tout cela en place."

    De vrais éducateurs

    "La grande question, c'était de savoir où la réalité rencontrait la fiction" commente Eric Toledano. "On travaillait avec des enfants autistes, mais que les comédiens ne pouvaient pas gérer, donc notre seule solution, c'était de faire appel à des référents de ces associations. Les deux associations ont une centaine de référents.

    Au début, on s'est dit qu'on allait prendre des comédiens et les envoyer dans l'association et voir comment ça se passait, mais ça prenait trop de temps. Et quand on débarque, la violence elle n'est pas théorique, elle est concrète. Il y a un espace de préhension et si on le passe quand le jeune ne nous connaît pas, on peut se prendre un coup."

    "On a dit aux comédiens dès le départ que ce serait un travail de longue haleine, qu'il faudrait être dans le contact, être proche de ces enfants. Les deux chefs d'association [Stéphane Benhamou et Daoud Tatou, qui ont inspiré les personnages de Bruno et Malik] ont accepté, puisqu'on faisait le film sur eux, de mettre l'association à contribution.

    On a demandé à tous les parents, en faisant des réunions pédagogiques, et en expliquant qu'à aucun moment il y aurait un côté voyeuriste, qu'on essaierait au maximum de défendre ce que faisaient Stéphane et Daoud depuis des années."

    Pari réussi en tout cas. Hors normes a été un beau succès en salle, avec plus de 2,1 millions d'entrées.

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